La plus âgée des victimes de la tuerie de Chevaline, dans les Alpes françaises, a été battue pendant des années par son fils en Suède, selon des documents de justice obtenus jeudi par l'AFP.                

Une source proche de l'enquête en France a confirmé à l'AFP jeudi l'identité de cette victime, Suhaila Al-Allaf. Cette femme de nationalité suédoise de 74 ans est la mère d'Iqbal al-Hilli et la belle-mère de Saad al-Hilli. Tous trois ont été tués le 5 septembre sur une route des Alpes, de même qu'un cycliste français, apparemment victime collatérale.

D'après les documents de justice suédois, son fils Haydar Thaher, 46 ans, suédois, « a offensé, menacé et battu ses parents à plusieurs reprises pendant un temps très long ». La police est intervenue huit fois entre 2001 et 2007 à leur domicile dans la banlieue sud de Stockholm.

M. Thaher a toujours vécu chez ses parents en raison de problèmes psychologiques.

« Selon le père, le fils souffre de trouble obsessionnel compulsif et n'est pas en bonne santé », signale un procès-verbal de 2007. « Le fils rabaisse ses parents et ils n'ont pas le droit de faire ce qu'ils veulent chez eux ».

Lors d'une audition, les parents déclarent qu'ils pensent leur fils atteint de schizophrénie. L'ensemble des procès-verbaux donne l'image d'un homme irascible, qui distribue les coups dès qu'il se sent agressé.

En 2003, le tribunal de Södertorn prononce sa mise sous curatelle.

En 2004, il profère des menaces de mort envers son père, Abdul-Amir Al-Saffar, aujourd'hui décédé. « Personne ne peut rien faire avec moi, je veux te tuer », lui aurait-il dit, selon le témoignage de ce dernier.

En 2006, il est transféré dans une unité de soins psychiatriques après une intervention de la police.

Enfin, en 2007, Haydar Thaher est placé en détention quelques jours après avoir battu ses parents. Comme ils ne portent pas plainte, leur fils est libéré et échappe aux poursuites.

Les documents, dont le plus récent date d'octobre 2007, précisent que la famille ne parle pas suédois, mais anglais et arabe.

Un voisin de feue Mme Al-Allaf et de M. Thaher, interrogé par l'AFP jeudi, a indiqué qu'il n'avait pas vu ce dernier « depuis un certain temps ».

Il n'a pas fait parler de lui depuis le quadruple homicide. Personne n'a signalé sa disparition ni ne s'est plaint de lui, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police de Södertorn, Hesam Akbari.

Un porte-parole de la police nationale, Varg Gyllander, s'est refusé à tout commentaire sur la collaboration de la police suédoise à l'enquête française.

L'enquête sur ce quadruple meurtre se concentre pour l'instant sur la France et sur la région de Londres, où vivait la famille de Saad al-Hilli, un Britannique d'origine irakienne.