Les Croates ont dit «oui» dimanche à l'adhésion de leur pays à l'Union européenne, mais la participation a été très faible au référendum jugé «crucial» par les autorités de cette jeune république, vingt ans après son indépendance de l'ex-Yougoslavie.

Le «oui» s'est imposé avec plus de 66% de voix, selon des résultats portant sur les bulletins dépouillés dans près de 99% des quelque 6750 bureaux de vote ayant été ouverts, a annoncé la Commission électorale.

Désormais, le traité d'adhésion que la Croatie a signé en décembre devra être ratifié par chacun des 27 États membres de l'UE pour entériner son intégration dans le bloc européen prévue le 1er juillet 2013.

Après la Slovénie en 2004, la Croatie sera la deuxième des six ex-républiques yougoslaves à adhérer à l'UE, une perspective offerte à l'ensemble des pays des Balkans occidentaux.

Le taux de participation a été de 43,58%, bien inférieur à celui enregistré à la même heure lors des élections législatives de décembre, selon la commission électorale.

Le Premier ministre social-démocrate Zoran Milanovic a déploré sur la chaîne Nova TV la faible participation au scrutin, estimant qu'il s'agissait en partie d'un «message» pour son gouvernement - installé il y à peine un mois - de la part de la population qui souffre en raison de la difficile situation économique du pays.

Ultérieurement, lors d'un réception accueillie par le parlement, il s'est réjoui du résultat du vote qu'il a qualifié de «décision historique», dans une brève déclaration à la presse.

Présent à ses côtés, le président Ivo Josipovic a salué un «grand jour pour la Croatie». «La Croatie a choisi l'Europe et de s'associer avec tous les pays démocratiques européens», s'est-il félicité.

Avant le scrutin, les responsables politiques croates, unanimement pro-européens, avaient fait valoir que le vote en faveur de l'intégration dans l'UE était la décision la plus importante pour ce pays depuis l'indépendance obtenue au prix d'une guerre (1991-95) avec les rebelles serbes (20 000 morts).

Dimanche, le plus grand quotidien local, Vecernji List, titrait: «Le jour de la décision: l'Europe ou les Balkans», en allusion à la réputation d'instabilité dont pâtit encore cette région, marquée par les sanglants conflits des années 1990 ayant suivi l'éclatement de l'ex-Yougoslavie.

L'enthousiasme pro-européen, qui avait grimpé à plus de 80% dans les sondages en 2003, s'est estompé au fil des négociations (2005-2011) en raison des durs critères fixés par Bruxelles, dont l'intransigeance était parfois perçue comme du chantage, mais surtout en raison de la crise économique qui secoue l'UE.

Les autorités s'étaient efforcées de dissocier la crise de la zone euro de la crise économique dont souffre la Croatie, allant jusqu'à assurer aux électeurs que l'adhésion leur apporterait «un environnement financier et macroéconomique stable (...), ce qui va relancer le développement de l'économie».

Pragmatique, Jasna Kozlovic, une retraitée ayant voté oui, a affirmé ne pas attendre de miracles de l'adhésion au bloc européen. «Nous avons besoin d'ordre et d'une vision d'avenir. Graduellement ça ira mieux» pour le pays, pense-t-elle toutefois.

Les eurosceptiques, eux, dénoncent la «perte de la souveraineté» de ce petit pays de 4,2 millions d'habitants.

Après l'annonce des résultats, Zeljko Sacic, président d'un petit parti ultranationaliste, a qualifié le résultat du référendum de «défaite pour la liberté et l'indépendance de la Croatie».