Un quinquagénaire blessé à la tête jeudi à Athènes dans de violents incidents lors d'une manifestation anti-austérité est décédé à l'hôpital où il avait été transféré, ont affirmé les médias grecs.

Les médias ont invoqué le témoignage de sa femme, en larmes devant l'hôpital, sans pouvoir préciser dans l'immédiat les causes du décès. L'homme, un maçon, avait été blessé à la tête en marge de violents affrontements entre manifestants communistes et un groupe de fauteurs de troubles qui ont perturbé un rassemblement de quelque 50 000 manifestants devant le Parlement.

De violents affrontements ont marqué jeudi les nouvelles manifestations anti-austérité massives en Grèce, parallèlement aux difficiles pourparlers entre dirigeants européens pour résoudre la crise de la dette en zone euro avant leur sommet de dimanche.

Au deuxième jour d'une grève générale de 48 heures décrétée par les syndicats du public et du privé en Grèce, plus de 50 000 personnes ont défilé dans le centre d'Athènes. «N'écoutez pas la ploutocratie, tous ensemble pour gagner», scandaient les manifestants.

Quelques heures plus tard, une bataille rangée a opposé des manifestants communistes et une masse de jeunes vêtus de noir devant le luxueux hôtel de Grande-Bretagne en contrebas du parlement.

Quelque 16 personnes ont été blessées, selon le ministère de la Santé, dont plusieurs à la tête après avoir reçu des projectiles, pierres ou cocktails Molotov.

Des combats au corps à corps et à coups de barres de bois et de fer ont opposé les deux camps. Les forces de l'ordre, d'ordinaire très présentes, s'étaient retirées dans les rues adjacentes, envoyant seulement quelques grenades assourdissantes ou des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule.

Plusieurs centaines de manifestants communistes ont finalement pris le contrôle de la place Syntagma, devant le parlement, après avoir repoussé les jeunes fauteurs de troubles qui avaient transformé mercredi Athènes en champ de bataille.

Selon la télévision grecque Skaï, qui couvre ces escarmouches en direct, un manifestant qui est tombé d'un mur a été blessé à la tête.

Une première manifestation avait réuni la veille quelque 70 000 personnes à Athènes, alors que la Grèce est paralysée depuis mercredi par une grève générale de 48 heures.

Les incidents ont commencé après une rixe entre un groupe de jeunes cagoulés et le service d'ordre du front syndical communiste Pame, qui se trouvait près de la barrière de fer dressée par les policiers devant l'entrée du parlement.

Les jeunes ont jeté des pierres et des cocktails Molotov avant que les policiers répondent avec des tirs de gaz lacrymogènes.

C'est au même endroit, traditionnellement le lieu de départ des affrontements en marge des manifestations grecques, qu'avaient également commencé mercredi des incidents similaires, qui ont ensuite duré plusieurs heures émaillées de vandalismes, transformant le centre-ville en champ de bataille et blessant 70 personnes dont 50 policiers.

Au centre de la contestation, un nouveau tour de vis budgétaire qui doit être voté jeudi soir au Parlement, à la demande des créanciers UE et FMI, afin de diminuer le déficit abyssal de la Grèce et lui éviter la faillite.

Ce projet de loi a fait l'objet mercredi d'un premier vote «sur le principe» au cours duquel seule la majorité socialiste a voté oui. Il prévoit le gel des conventions collectives et risque d'entraîner une baisse brutale du niveau de vie des Grecs, surtout des fonctionnaires.

Vanguélis Bouldadakis, médecin dans un hôpital public, protestait ainsi contre «la destruction des conventions collectives» qui «réduisent nos salaires» et «prennent nos droits».

Le gouvernement dirigé par le socialiste Georges Papandréou apparaît toutefois fragilisé, à quelques jours d'un rendez-vous «crucial» à Bruxelles pour le pays et l'avenir de la zone euro.

Malgré l'unité affichée par le parti socialiste au pouvoir, le Pasok, lors du premier vote, certains députés pourraient s'opposer à certaines dispositions du projet de loi, comme le gel des conventions collectives, selon la presse.

Des négociations fiévreuses se poursuivaient entre les capitales européennes qui peinent à dégager un accord pour stopper la propagation de la crise de la dette, avant le sommet européen de dimanche.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé les Européens au «compromis» pour aboutir à des décisions «résolues» et «immédiates» dimanche.

Les pays de l'Union européenne restent divisés sur les modalités permettant de renforcer les moyens d'intervention du Fonds de soutien aux pays de la zone euro en difficulté (FESF), sans mettre à nouveau à contribution les budgets des États.

Sur ce point, «il n'y a pas de proposition commune» européenne pour le moment, a reconnu jeudi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, tout en précisant qu'il y avait «un accord total» entre la France et l'Allemagne sur les mesures à prendre pour résoudre la crise de la dette. Il a laissé entendre que des différends subsistaient avec d'autres pays européens.

Le président français Nicolas Sarkozy avait fait mercredi un déplacement en urgence à Francfort pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. Aucune déclaration n'a été faite à l'issue de cette rencontre.

Signe de l'ampleur des différends entre les États membres de l'Union européenne, deux journaux allemands ont indiqué que Berlin n'excluait pas un report du sommet européen à Bruxelles, pourtant crucial pour l'avenir de la zone euro.

Selon le quotidien économique Financial Times Deutschland, la chancelière aurait évoqué un report du sommet avec le président français lors de cette rencontre. La chancellerie allemande a indiqué à l'AFP ne pas être en mesure immédiatement de commenter cette information.

Les capacités de prêt du FESF sont actuellement limitées à 440 milliards d'euros (615 milliards de dollars), et les nouveaux montants en discussions s'inscriraient entre 1000 et 2000 milliards d'euros (1371 et 2742 milliards de dollars).

Un élargissement de la force de frappe de ce fonds est jugé indispensable pour empêcher la contagion de la crise à l'Espagne et à l'Italie, dont les notes des dettes souveraines ont été récemment abaissées par les agences de notation.