Dominique Strauss-Kahn, dont la carrière politique a été anéantie cet été par une accusation de viol aux États-Unis, a demandé dimanche à être entendu dans le cadre d'une enquête sur une affaire de proxénétisme en France, afin de mettre fin à des «insinuations malveillantes».

Cinq personnes, dont un avocat réputé, un chef d'entreprise et les dirigeants d'un hôtel de luxe, le Carlton, ont été mis en examen cette semaine dans une affaire de proxénétisme à Lille (nord de la France), dans laquelle le nom de M. Strauss-Kahn a été mentionné par plusieurs médias comme étant un client de prostituées.

M. Strauss-Kahn, dont «le nom est mentionné au détour d'une affaire instruite depuis plusieurs mois à Lille», a demandé à «être entendu le plus rapidement possible» par les juges, a-t-il écrit dans une déclaration à l'AFP.

Il espère ainsi qu'il «soit mis un terme aux insinuations et extrapolations hasardeuses et encore une fois malveillantes» le concernant.

Si l'audition de M. Strauss-Kahn en tant que témoin dans cette affaire était envisagée, «comme des tas d'autres personnes», une éventuelle convocation n'était pas prévue «dans un proche avenir», a affirmé à l'AFP une source proche du dossier.

En l'état actuel des investigations menées par deux juges, l'ex-patron du Fonds monétaire international (FMI) apparaît de manière «largement secondaire»: «on est loin du coeur du dossier», selon cette source. Les principaux mis en cause dans cette affaire ont déjà été mis en examen, assure la même source.

Selon le Journal du dimanche, l'enquête en cours porte aussi sur des déplacements à New York de prostituées membres du réseau lillois. «Les enquêteurs soupçonnent Dominique Strauss-Kahn, alors patron du FMI, déjà cité par au moins deux prostituées comme un client de ce réseau, d'avoir été le bénéficiaire de ces déplacements», d'après l'hebdomadaire.

Vendredi, trois hôtels lillois, dont le Carlton, ont fait l'objet d'une fermeture administrative de trois mois décidée par les juges responsables du dossier, dans lequel ces établissements seraient impliqués.

Des liens avec des personnes gérant plusieurs établissements de prostitution et bars en Belgique ont également été mis en évidence dans le cadre de cette enquête. Plusieurs policiers français pourraient aussi être mis en examen dans les prochains jours.

Cette nouvelle affaire survient alors que la justice française a classé jeudi sans suite une plainte pour «tentative de viol» de la romancière Tristane Banon contre DSK.

Une décision mitigée pour DSK, car le parquet a précisé que des faits qualifiés d'agression sexuelle étaient «reconnus» mais prescrits.

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, était en passe de devenir le principal challenger à gauche de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012, lorsque les accusations de viol portées par une femme de chambre d'un hôtel de Manhattan ont bouleversé sa vie et conduit à son arrestation à New York le 14 mai.

Il a été contraint de démissionner dans la foulée de son poste de patron du Fonds monétaire international.

Les poursuites pénales ont été abandonnées fin août par la justice américaine, qui a jugé la plaignante, Nafissatou Diallo insuffisamment crédible, mais DSK reste l'objet d'une procédure au civil aux États-Unis.

L'affaire de New York avait mis en lumière une facette obscure de la personnalité de Dominique Strauss-Kahn: son rapport aux femmes, à la limite du «harcèlement» selon un journaliste, sur lequel des rumeurs couraient depuis des années, mais qui n'avait jamais été vraiment mis sur la place publique.