(Washington) La Chambre des représentants est en territoire inconnu après qu’une tentative de l’extrême droite de destituer le républicain Kevin McCarthy de son poste de président de la Chambre des représentants ait réussi grâce au soutien des démocrates.

Une résolution ― intitulée « motion d’annulation » ― présentée par le représentant Matt Gaetz (un républicain de la Floride) a été adoptée mardi avec le soutien de huit républicains et de tous les démocrates présents et votants. Ce vote fait de M. McCarthy le premier président de la Chambre de l’histoire à être destitué de ses fonctions, une humiliation amère qui survient après moins de neuf mois de travail.

Le républicain de la Californie a déclaré peu après qu’il ne se représenterait pas à ce poste. Ce résultat stupéfiant à la Chambre des représentants a choqué les législateurs des deux partis et les a laissés dans l’expectative quant à l’avenir.

Le républicain Patrick McHenry, qui assure désormais la présidence par intérim, a suspendu les travaux de la Chambre jusqu’à ce que les deux partis décident de la voie à suivre. Il n’y a pas de successeur évident à la tête de la majorité républicaine de la Chambre, maintenant que M. McCarthy a choisi de ne pas se représenter.

Voici un aperçu de ce qui pourrait se passer.

QUI DIRIGE LA CHAMBRE MAINTENANT ?

Immédiatement après le vote, M. McHenry, un proche allié de M. McCarthy, a été nommé président temporaire de la Chambre ou président pro tempore. Le républicain de la Caroline du Nord a été choisi sur une liste que le président de la Chambre est tenu de conserver et qui contient les noms des membres susceptibles d’occuper ce poste en cas de vacance de la présidence.

M. McCarthy a remis cette liste privée au greffier de la Chambre en janvier, lorsqu’il a été élu président pour la première fois. Bien que M. McHenry puisse occuper ce poste temporaire indéfiniment, il ne dispose pas des pleins pouvoirs d’un président dûment élu, mais seulement de ceux qui sont jugés « nécessaires et appropriés » dans le but d’élire quelqu’un à ce poste, selon les règles qui régissent la Chambre.

M. McHenry ne sera pas en mesure de présenter ou de retirer des projets de loi. Il n’a pas non plus le pouvoir de délivrer des citations à comparaître ou d’approuver d’autres affaires officielles de la Chambre qui nécessiteraient l’approbation du président de la Chambre.

QUE SE PASSE-T-IL MAINTENANT ?

La première tâche de M. McHenry sera d’élire un nouveau président.

À l’heure actuelle, on ne sait pas encore qui les républicains de la Chambre vont proposer à la présidence. Certains députés ont quitté l’hémicycle mardi, déterminés à renommer M. McCarthy et à voter pour lui en tant que président jusqu’à ce qu’il soit élu. Mais maintenant qu’il n’est plus en lice, la voie est libre pour n’importe quel républicain.

Certains membres, dont M. Gaetz, ont évoqué des candidats de consensus potentiels comme le chef de la majorité Steve Scalise ou le whip Tom Emmer, qu’ils considèrent comme des rassembleurs. Parmi les autres noms en discussion figurent le député Kevin Hern, le président du comité d’étude républicain, et le représentant Jim Jordan, le président de la commission judiciaire de la Chambre et un favori de l’aile droite du parti.

Une fois que les républicains auront choisi leur candidat à la présidence, la Chambre devra voter autant de fois qu’il le faudra pour qu’un candidat obtienne la majorité des présents et des votants pour la présidence. L’exercice peut rapidement devenir ardu, comme ce fut le cas en janvier lorsque M. McCarthy a dû se soumettre à 15 tours de scrutin, du jamais vu, pour remporter le poste.

UN AUTRE PRÉSIDENT ?

Lorsqu’un candidat à la présidence a obtenu la majorité des voix, le greffier annonce les résultats de l’élection.

Lors d’une élection normale, qui a lieu au début de chaque Congrès, une commission bipartite, généralement composée de membres de l’État d’origine du candidat choisi, escorte alors le président désigné jusqu’à la chaise de l’estrade où il prête serment. Ce serment est identique à celui que les nouveaux membres prêteront une fois que le président aura été choisi.

Il n’est pas certain que ce soit la même procédure qui sera suivie dans le cas présent. La coutume veut que le chef de la minorité rejoigne son successeur au fauteuil du président, où ils se passent le marteau en signe de reconnaissance de la future relation de travail potentielle entre un chef de parti et un autre.