(Washington) La semaine s’annonce agitée chez les républicains du Congrès américain : un meneur de la droite dure a affirmé dimanche vouloir destituer le président de la Chambre des représentants, issu de son propre parti, qui est parvenu à repousser la menace immédiate d’un « shutdown » avec l’appui des démocrates.

« J’ai bien l’intention de déposer une motion pour destituer le président [Kevin] McCarthy cette semaine », a dit sur CNN l’élu de Floride Matt Gaetz.

« Allez-y », a aussitôt répliqué M. McCarthy sur CBS.

« Je survivrai » à cette initiative fratricide, a assuré celui qui, élu au prix de nombreuses tractations avec les trumpistes, avait dit la veille être conscient qu’il risquait son siège.

Dans une tentative ultime d’éviter la paralysie de l’administration américaine, une résolution proposée par M. McCarthy a été adoptée samedi soir par le Congrès à trois heures seulement du « shutdown », avec le soutien des démocrates.

Avec d’autres élus trumpistes, Matt Gaetz milite pour des réductions draconiennes des dépenses de l’État. Il a accusé dimanche M. McCarthy d’avoir « menti aux conservateurs de la Chambre ».

« Le but de Kevin McCarthy était de faire plusieurs promesses contradictoires pour tout retarder […] et, au bout du compte, faire sauter les garde-fous en matière de dépenses », a-t-il affirmé.

« Je crois que nous devons aller de l’avant, avec un nouveau chef à qui on puisse faire confiance », a-t-il dit.

PHOTO ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Matt Gaetz, représentant républicain de Floride

La seule chose que tout le monde ait en commun, c’est que personne ne fait confiance à Kevin McCarthy.

Matt Gaetz, représentant républicain de Floride

M. McCarthy a de son côté accusé l’élu de Floride d’être « davantage intéressé par les interviews télévisées que par l’action ».

« S’il est en colère parce qu’il a tenté de nous forcer à un shutdown, et que j’ai fait en sorte que l’administration ne soit pas paralysée, alors ayons cette dispute », a-t-il lâché.

« Tenir parole »

Kevin McCarthy a été élu président de la Chambre au 15tour en janvier, lorsque les trumpistes ont enfin accepté de le soutenir en échange d’énormes concessions, dont un retour à la possibilité pour les législateurs individuels de convoquer un vote pour destituer le président de la Chambre.

Une concession qui revient donc le hanter aujourd’hui.

Des républicains ont volé au secours de leur chef de file à la Chambre. Un élu de New York, Mike Lawler, a ainsi jugé que tenter de destituer M. McCarthy ne ferait que perturber les travaux du Congrès au moment où il doit tenter d’empêcher un « shutdown » à la mi-novembre.

Et le groupe de trumpistes est « la raison pour laquelle nous avons dû travailler avec les démocrates de la Chambre. Ce n’est pas la faute de Kevin McCarthy, c’est la faute de Matt Gaetz », un homme « fourbe », a-t-il affirmé.

M. Gaetz a reconnu que l’issue de son initiative n’était pas scellée. Si Kevin McCarthy est toujours président de la Chambre d’ici la fin de la semaine prochaine, a-t-il affirmé, cela voudra dire qu’il aura été soutenu par les démocrates.

Chez ces derniers, rien n’est joué. L’élue progressiste Alexandria Ocasio-Cortez a affirmé qu’elle voterait pour destituer M. McCarthy, le jugeant « très faible » à son poste.

Ce n’est pas aux démocrates de sauver les républicains, surtout d’eux-mêmes.

Alexandria Ocasio-Cortez, représentante démocrate de l’État de New York

La pression est aussi venue du président Joe Biden, bien qu’il n’ait pas voulu se prononcer sur le soutien à apporter à M. McCarthy par les démocrates – « je laisse cela aux dirigeants [démocrates] de la Chambre et du Sénat ».

« Nous n’aurions jamais dû en arriver là », a-t-il dit au sujet du mélodrame autour du « shutdown ».

« Il y a quelques mois, après une longue négociation entre le président républicain de la Chambre et moi, nous sommes arrivés à un accord sur le budget dans le but précis d’éviter la crise montée de toutes pièces à laquelle nous avons assisté », a-t-il ajouté.

Mais l’aile trumpiste a tout fait pour s’éloigner de cet accord, a-t-il déploré.

« Quand on donne sa parole, on s’y tient […]. Je m’attends à ce que le président républicain [de la Chambre] et les républicains au Congrès honorent leur promesse », a-t-il dit.

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