(Cambridge) La police a démantelé tôt vendredi des campements de manifestants propalestiniens sur les campus du MIT et de l’Université de Pennsylvanie, deux des plus prestigieuses universités aux États-Unis, et a procédé à plusieurs arrestations, après des jours de tension.

« À ma demande, très tôt ce matin, le campement sur la pelouse Kresge a été démantelé. Les individus présents dans le campement à ce moment-là avaient reçu un avertissement à quatre reprises, en personne, qu’ils devaient partir ou se préparer à la possibilité d’une arrestation », écrit dans un communiqué Sally Kornbluth, présidente du Massachusetts Institute of Technology, près de Boston.

« Les 10 qui sont restés n’ont pas résisté lors de leur interpellation et ont été évacués calmement hors du campement par des agents de la police du MIT puis emmenés pour faire l’objet d’une procédure » par la police, a-t-elle ajouté, évoquant des « tensions insolubles » qui ont mené à cette solution « de dernier recours ».

L’association étudiante MIT Coalition Against Apartheid a dénoncé l’opération de police sur le campus.

PHOTO JOSH REYNOLDS, ASSOCIATED PRESS

Un policier en tenue antiémeute passe devant un camion chargé des restes du campement propalestinien du MIT, 10 mai à Cambridge, au Massachusetts.

« Le MIT a arrêté des étudiants […] dès 4 h ce matin. Ils ont balayé le campement entier », déclare-t-elle sur son compte Instagram.

Aux responsables du MIT, « nous disons : vous ne pouvez pas suspendre le mouvement. Nous reviendrons », ajoute cette association non affiliée à l’établissement.

Un campement similaire sur le campus de l’Université de Pennsylvanie, à Philadelphie a également été démantelé par la police avant l’aube vendredi, selon les médias locaux.

Chaîne de manifestants

Des dizaines de policiers en tenue antiémeute sont descendus sur le campement de « UPenn » et ont donné deux minutes aux personnes présentes pour partir, sans quoi elles seraient arrêtées, selon NBC10.

PHOTO JESSICA GRIFFIN, THE PHILADELPHIA INQUIRER VIA ASSOCIATED PRESS

Des policiers sur le campus de l’Université de Pennsylvanie, le 10 mai

Une chaîne d’une trentaine de manifestants, bras dessus-bras dessous autour d’une statue de Benjamin Franklin, a ensuite été disloquée par les policiers.

Les campus américains sont secoués depuis plusieurs semaines par des manifestations contre la guerre menée par Israël à Gaza. Le conflit a été déclenché en octobre par une attaque en Israël du Hamas palestinien.

À travers les États-Unis, les forces de l’ordre ont été appelées par les directions des universités pour démanteler des campements et déloger manu militari des manifestants.

Le président Joe Biden a affirmé la semaine dernière que « l’ordre devait prévaloir » sur les campus, tout en affirmant qu’il n’était pas question de « réduire les gens au silence ». Il s’est engagé mardi à combattre la progression « redoutable » de l’antisémitisme.

En décembre, les présidentes du MIT, de Harvard, et de UPenn avaient été clouées au pilori lors d’une audience au Congrès américain, aux côtés des présidentes de l’Université Harvard et de l’Université de Pennsylvanie (UPenn), toutes accusées de ne pas en faire assez contre l’antisémitisme sur leurs campus.

L’audition, qui avait fait grand bruit aux États-Unis, avait entraîné quelques jours plus tard la démission d’Elizabeth Magill, la présidente de UPenn.