(Washington) Le nombre de morts par surdose de drogue a baissé en 2023 aux États-Unis pour la première fois depuis 2018, mais le pays déplore encore plus de 100 000 décès par an, dont la majeure partie est liée au fentanyl.

Cette première baisse depuis cinq ans est une « nouvelle encourageante pour notre nation et montre que nous faisons des progrès », s’est félicitée Deb Houry, responsable médicale des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).

Mais « cela ne veut pas dire que nous avons accompli notre mission », a-t-elle ajouté. Cette tendance « doit nous encourager à intensifier nos efforts en sachant que nos stratégies marchent », a-t-elle ajouté.

Quelque 107 000 décès par surdose ont été enregistrés dans le pays l’année dernière, contre plus de 111 000 en 2022, soit une baisse de 3 %, selon les chiffres provisoires annoncés par les autorités sanitaires américaines.

Le principal responsable de la crise de surdoses frappant les États-Unis est actuellement le fentanyl, un opioïde de synthèse extrêmement puissant et addictif qui a commencé à inonder le marché des drogues il y a environ dix ans.  

Le nombre de décès liés au fentanyl est passé de plus de 76 000 en 2022 à un peu moins de 75 000 l’année dernière.

« De nombreux facteurs jouent probablement un rôle » dans cette baisse, a commenté pour l’AFP Joseph Friedman, chercheur spécialiste de ce sujet à l’université UCLA en Californie. Notamment « l’intensification des traitements contre la dépendance » et « l’accès accru à la naloxone », un antidote permettant de réanimer une victime de surdose d’opioïdes, a-t-il estimé.

Une autre explication peut être « la propagation du fentanyl » ayant désormais « épuisé tous les nouveaux endroits où s’implanter », a-t-il ajouté.  

Disparités

Selon les données des CDC, les décès par surdose impliquant la cocaïne ou des stimulants comme la méthamphétamine ont eux en revanche augmenté.  

De fortes disparités régionales sont également relevées : si une baisse des décès de 15 % ou plus a été observée dans les États du Nebraska, du Kansas et du Maine, une augmentation d’au moins 27 % a au contraire été enregistrée dans les États de Washington, d’Alaska et de l’Oregon, tous situés dans l’ouest du pays, relèvent les autorités.  

« Même si l’apparente stabilisation du nombre de décès par rapport aux augmentations passées est encourageante, rien n’indique que les facteurs structurels fondamentaux de cette crise aient considérablement changé », a alerté Joseph Friedman.  

« Des efforts continus sont nécessaires pour encourager les personnes exposées au fentanyl à se stabiliser à l’aide d’opioïdes plus sûrs, tels que la méthadone ou la buprénorphine », qui peuvent être obtenus sur ordonnance, a-t-il dit.  

Au printemps 2023, l’Agence américaine des médicaments (FDA) avait pour la première fois autorisé la vente sans ordonnance de naloxone, sous la forme d’un vaporisateur nasal connu sous son nom de marque Narcan.

La crise des opioïdes a commencé dans les années 1990 aux États-Unis avec la surprescription d’opiacés fournis à la population via le système de soin notamment pour traiter la douleur.

Lorsque les États-Unis ont commencé à drastiquement réguler leur accès, une partie de la population s’est reportée sur l’héroïne, menant à une augmentation rapide des décès liés à cette drogue à partir de 2010.  

La troisième vague a commencé en 2013, avec une augmentation en flèche des décès impliquant des opioïdes de synthèse, notamment le fentanyl.  

Aujourd’hui, le fentanyl est de plus en plus « mélangé avec des stimulants », selon Joseph Friedman, qui estime que cette tendance marque le début d’une quatrième vague.