Loin en tête dans la course à l’investiture républicaine aux primaires en vue de la campagne présidentielle américaine de 2024, Donald Trump amasse plus d’argent que quiconque pour le financement de ses activités partisanes. Mais il dépense pratiquement autant d’argent en raison de ses frais judiciaires. Et les accusations portées contre lui pour avoir tenté de faire invalider le résultat de l’élection présidentielle de 2020 feront sans doute gonfler la facture.

Selon Politico, les comités de financement appuyant M. Trump auraient amassé 53,8 millions US du 1er janvier au 30 juin 2023. Mais durant la même période, quelque 57 millions auraient été dépensés.

C’est l’analyse que ce quotidien spécialisé fait d’après les rapports des principaux candidats pour les six premiers mois de l’année déposés à la Commission électorale fédérale (FEC), organisme voyant à la bonne marche du financement des campagnes.

D’autres grands médias, dont le Washington Post, ont des chiffres légèrement différents, mais tous en arrivent à la même conclusion : les démêlés judiciaires du 45e président des États-Unis lui coûtent très cher.

Selon le New York Times, le comité d’action politique (PAC) Save America fondé par Trump avait 105 millions dans ses coffres au début de 2022 et n’aurait plus que 4 millions.

Les campagnes politiques aux États-Unis coûtent beaucoup d’argent. Les candidats, spécialement pour la présidence, ouvrent des bureaux dans les grandes villes et États, ont plusieurs employés et achètent beaucoup de publicité. Et les frais juridiques sont aussi très chers.

Graham G. Dodds, professeur au département de science politique de l’Université Concordia

Or, Donald Trump a actuellement plusieurs causes devant la justice. Il fait face à des accusations de fraude financière pour acheter le silence de la star du porno Stormy Daniels, d’entrave et rétention délibérée de documents confidentiels dans l’affaire des dossiers de Mar-al-Lago et d’avoir tenté de faire invalider les résultats de l’élection de 2020, ce qui qui a conduit aux événements du 6 janvier 2021 au Capitole.

D’ici peu, l’ancien président pourrait aussi faire face à de nouvelles accusations en Géorgie, où il aurait tenté d’influencer un haut fonctionnaire dans l’espoir de lui « trouver » des votes lui permettant de remporter cet État à l’élection de novembre 2020.

PHOTO ELIJAH NOUVELAGE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des barrières ont été érigées devant le tribunal Lewis R. Slaton, lundi à Atlanta, en Géorgie, où Donald Trump pourrait bientôt faire face à la justice.

Mouvements d’argent illégaux ?

L’analyse des récents documents déposés à la FEC soulève aussi des questions quant aux mouvements de sommes d’argent entre les différents PAC et super PAC associés à la réélection de Trump. Selon la loi, certains comités sont indépendants des candidats même s’ils leur sont sympathiques.

C’est là que les choses se compliquent. Des alliés de M. Trump ont créé le super PAC Make America Great Again (MAGA inc.) impliqué dans des échanges d’argent avec le PAC Save America. Une affaire qui a fait sourciller Adav Noti, ancien avocat de la FEC.

Le fait que les deux comités s’envoient des dizaines de millions de dollars en fonction de qui a le plus besoin d’argent suggère fortement une coordination financière illégale.

Adav Noti, ancien avocat de la FEC, dans une déclaration au New York Times

Du côté de l’organisation de M. Trump, on affirme que tout a été fait dans les règles.

Selon le professeur Graham G. Dodds, cette question de la gestion des fonds pour les campagnes électorales aux États-Unis est très complexe. « Il y a tellement d’argent qui vient de plusieurs sources (individus, partis, organismes) et tellement de règles qui changent qu’il est difficile de se faire une tête avec ça, dit-il. Je l’enseigne à mes étudiants et les choses changent chaque année. »

Autres candidats

Loin derrière Donald Trump dans les sondages, les autres candidats pour les primaires républicaines ont beaucoup moins d’enjeux avec la justice et… plus d’argent dans leur compte en banque.

C’est le cas du super PAC Never Back Down du gouverneur de la Floride Ron DeSantis, qui a un trésor de guerre de 97 millions. Par contre, la campagne de ce dernier tourne à vide, comme La Presse l’a évoqué mardi.

Lisez l’article « Primaires républicaines : DeSantis derrière Trump… même en Floride »

Le sénateur Tim Scott a levé 19,3 millions depuis le début de l’année et a encore 15 millions disponibles. Loin derrière, l’ancien vice-président républicain Mike Pence possède une maigre somme de 1,8 million à sa disposition.

Les rivaux républicains de Trump devraient-ils profiter de ses déboires financiers pour attaquer sa crédibilité ? « Peu d’opposants républicains parlent de lui de façon négative, répond Graham G. Dodds. Mais certains pourraient dire aux donateurs : “Regardez ! Il se sert de votre argent pour payer ses avocats alors que moi, je m’en sers pour parler de mes idées politiques.” On verra si certains le feront, mais j’en doute. »

Qu’est-ce que la FEC ?

La Commission électorale fédérale (FEC) est l’organisme de réglementation indépendant chargé d’appliquer la loi fédérale sur le financement des campagnes électorales. La FEC a compétence sur le financement des campagnes pour la Chambre, le Sénat, la présidence et la vice-présidence des États-Unis.

Source : site web de la FEC

Consultez le site web de la Commission électorale fédérale (FEC) américaine (en anglais)