À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : Ăn Chơi Plaza, qui tente d’allier deux univers, celui de la cuisine vietnamienne et de la buvette de vins nature.

Pourquoi en parler ?

Dès l’annonce de ce nouveau projet sur la Plaza, le concept m’avait intriguée : un restaurant de cuisine vietnamienne d’inspiration « bouffe de rue » qui rencontre la buvette de vins nature. Des buvettes, il y en a beaucoup à Montréal ; du vin nature aussi ! Quant à la cuisine vietnamienne, elle est bien représentée, qu’on pense à tous ces petits bouis-bouis où on peut déguster une fumante soupe phở, aux comptoirs où on peut mordre à pleines dents dans un délicieux bánh mì (j’avoue être accro à ceux du Sue) et à tous les autres qui mettent de l’avant ses parfums dans un cadre plus actuel, parfois éclaté – Le Red Tiger, Cafeden, La Belle Tonki, Tran Cantine, Le Petit Sao… Les adresses ne manquent pas, mais je suis toujours curieuse de découvrir des nouveautés, quand on me promet une belle carte de vins nature en plus !

Qui sont-ils ?

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Vien Man Cao-Tran et Michelle Vo

Derrière l’Ăn Chơi Plaza, il y a Michelle Vo, l’idéatrice de ce projet, connue pour son compte Instagram @pasthyme, où elle présente son amour pour la cuisine de rue vietnamienne. C’est sa première incursion en restauration. Ses partenaires, par contre, ont de l’expérience en la matière : Douglas Tan (La Bêtise) et Vien Man Cao-Tran (Bar Otto, Otto Ramen). Ce dernier signe la carte en collaboration avec le cuisinier Galaxy Duong. La carte des vins est l’affaire de Daphné Blondin et les cocktails, du mixologue Thomas Gauthier.

Notre expérience

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Au premier plan, Bò tái chanh, une salade de bœuf style carpaccio

Je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps : mon expérience à l’Ăn Chơi a été mitigée, pour ne pas dire décevante.

Je m’attendais à des plats parfumés, goûteux, rendant hommage à la richesse de la cuisine vietnamienne. Ce que j’y ai goûté était généralement correct ; rien de transcendant. J’ai noté un général manque de profondeur dans les saveurs et une certaine lacune dans l’exécution.

C’était un mardi soir tranquille et frisquet d’octobre, le genre qui ne donne pas trop le goût de mettre le nez dehors. Le restaurant était donc particulièrement vide. Nos deux serveuses semblaient s’ennuyer ferme, mais elles étaient bien gentilles avec nous, les seuls clients assis au bar.

Je reviendrai plus loin sur la carte liquide, qui a de très belles qualités. Côté bouffe, le court menu d’une dizaine d’articles est composé de petites et plus grandes assiettes, et évite certains sentiers battus : pas de plat de nouilles vermicelles, de soupe phở ou de bánh mì, bref !

Le meilleur plat de la soirée était le Bò tái chanh, une salade de bœuf style carpaccio, tout en fraîcheur et bien relevée, grâce à une généreuse quantité d’herbes et ses fines rondelles de piments oiseaux. Les échalotes frites et les arachides grillées apportaient une touche de croquant, tout comme les croustilles de crevettes. Les saveurs étaient somme toute simples, rien de bien complexe.

Cette impression s’est poursuivie pour le reste des plats. La salade Goi Xoài – mangue, calmars, poivrons rouges – était d’une simplicité désarmante, peu assaisonnée, surmontée de beaucoup trop d’échalotes grises et assez chiche sur le calmar. On cherche l’umami.

En plat principal, le Cơm cua, un riz frit, a été la déception de la soirée. Surmonté d’un nuage de jaune d’œuf salé et râpé, l’ensemble était sec, sans grande tenue, fade ; le crabe à carapace molle, présenté entier et frit, était plutôt sans intérêt. On n’a pas terminé l’assiette. Quant au Rau xào, un plat de pleurotes et brocoli chinois, ils étaient correctement apprêtés, mais nullement mémorables.

Le local de l’Ăn Chơi Plaza est accueillant, avec ses plantes vertes et décos en tout genre. L’idée d’une buvette vietnamienne avec des plats simples et des bons vins, pour une expérience décontractée, est bonne. Mais simplicité peut rimer avec plats bien exécutés et saveurs travaillées. Peut-être avons-nous été malchanceux et que d’autres plats, comme les os à la moelle et aux bourgots ou encore la soupe au bouillon clair avec boulettes de chair de crabe, nous auraient charmés. Une autre visite me convaincra peut-être, mais pour l’instant, il y a place à l’amélioration.

Dans notre verre

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Un aperçu de la carte à boire

Il y a quand même eu du positif dans cette soirée, surtout du côté de la carte à boire. L’endroit propose des cocktails classiques avec une « twist » ; comprendre intégration d’ingrédients asiatiques comme le lait de noix de coco, les feuilles de pandan ou le basilic thaï, qui parfume merveilleusement bien mon cocktail Basic Basilic, à base de vodka québécoise Aupale et de St-Germain. L’amoureux, lui, est agréablement surpris par sa bière Nekokaburi, une ale sauvage qui a reposé sur des marcs de blaufränkisch de la Maison Agricole Joy, par la très intéressante microbrasserie Ippon, dont la bière la plus connue (aussi offerte à l’Ăn Chơi) est aromatisée au gingembre et poivre japonais. L’endroit tient aussi les bières d’Avant-Garde, les cidres Fleuris et propose les très bonnes boissons sans alcool de Fin Soda.

Côté vin, la carte offre une belle variété, à des prix assez gentils – plusieurs options à 50 $ et 60 $, ce qui devient de plus en plus rare. Vous y trouverez notamment les vins de Grape Republic, une maison japonaise. J’y ai dégusté un vin étonnamment bon du… Manitoba (une première, je crois), le blanc Rise par Low Life Barell House, offrant une belle acidité avec des notes pétrolées, grâce à son mélange de raisins riesling, geisenheim et vida.

Prix

Les entrées varient de 8 $ à 19 $ ; les plats principaux, plus costauds, approchent les 30 $. Les cocktails tournent autour de 15 $ et les bières sont un peu plus de 10 $.

Bon à savoir

Outre les légumes d’accompagnement, il n’y a pas de plats végétariens au menu. Les pescétariens y trouveront largement leur compte. Ouvert du mardi au samedi en soirée, l’endroit est accessible aux personnes à mobilité réduite.

6553, rue Saint-Hubert, Montréal

Consultez le site de l’Ăn Chơi Plaza