Pourquoi en parler ?
Voilà un moment que l’endroit m’intriguait. Au cœur du secteur le plus touristique du Vieux-Montréal – que j’évite généralement, peu attirée par les boutiques de souvenirs et les tables folkloriques – a poussé une mignonne adresse, cachée dans une cave du Marché Bonsecours. La bien nommée Cave à manger, à la fois boulangerie, caviste, café et comptoir, semblait receler des délices tout à fait appétissants. Par un beau jour d’automne, alors que le soleil brillait rue Saint-Paul, je m’y suis rendue afin de voir de quoi il en retourne… et qui était la personne derrière tout ça.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Le propriétaire et boulanger Raphaël Creton
Qui sont-ils ?
Il est pour plusieurs un lieu de passage, de sortie, de travail. Pour Raphaël Creton, le Vieux-Montréal, c’est d’abord sa maison. Son père, le restaurateur Yvon Creton (qui a ouvert Chez Alexandre avec son frère Alain dans les années 1980), y a exploité pendant 30 ans le restaurant À L’Aventure, sur la place Jacques-Cartier. Et la famille habitait à l’étage, à l’époque où le quartier commençait à peine à se développer sur le plan de la restauration.
Bref, la restauration, Raphaël est tombé dedans quand il était petit. « J’ai fait tous les métiers : barman, serveur, cuisinier, j’ai fait des cartes des vins… » Il revenait toujours à la boulangerie. Il a commencé une formation à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), mais a plutôt appris « sur le tas », notamment auprès de Christian Faure et de James McGuire (Passe-Partout). Il a même travaillé dans une boulangerie de Los Angeles quelques mois. Durant la pandémie, il était serveur au pub Brewsky, au Marché Bonsecours. Ce petit local juste à côté, sous terre, servait de cuisine de préparation. Il y a vu un potentiel et y a ouvert en 2021 sa première boulangerie, appuyé par les propriétaires du Brewsky, qui lui ont donné carte blanche pour mener sa vision à terme.
Notre expérience
Avec sa jolie terrasse en bois aux parasols jaune serin et sa volée d’escaliers menant dans l’antre de la boulangerie, l’endroit intrigue. Une fois à l’intérieur, un petit local se dévoile. Une étagère remplie de belles bouteilles divise l’espace. Tout au fond, on arrive devant le comptoir de viennoiseries : croissant (nature, aux amandes, jambon-fromage), chocolatine, « cinna grizzle » (brioche feuilletée à la cannelle avec un glaçage à la vanille de Madagascar). Ces délices sont faits de façon artisanale. Les croissants, sans additif alimentaire, sont faits avec de la farine des Moulins De Soulanges et du beurre de Nouvelle-Zélande, le meilleur qui soit, selon le boulanger, qui affirme qu’ils prennent trois jours à faire !
PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA CAVE À MANGER
L’intérieur d’un roll
Mais les vedettes incontestées de l’endroit sont les rolls, enfants décadents du croissant et du beigne fourré. Tout mignons et tout ronds, nappés de glaçage, ils se présentent sous différents parfums, qui varient : baies & vanille, choco & caramel, pistache, citron… Une fois tranchés, ils dévoilent leur crémeuse garniture à l’intérieur. Très, très facile de devenir accro : pas étonnant que cette création ait contribué à faire connaître La Cave à manger sur les réseaux sociaux.
Sinon, on mange quoi, dans cette cave ? Le menu est minimaliste : pizza au levain, vendue à la pointe (que je me promets de goûter une prochaine fois), assiette de charcuteries, bruschetta, banh mi. Le sandwich jambon beurre est très satisfaisant, avec sa généreuse beurrée de beurre (de Nouvelle-Zélande, encore), son jambon blanc tranché assez épais, son cheddar vieilli de l’Isle-aux-Grues et ses petits cornichons compactés dans une baguette croustillante.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Des pizzas au levain, vendues à la pointe, sont au menu.
Il y a évidemment les pains, tous au levain : pain de campagne, baguette, fougasse aux olives ou au cheddar. J’ai bien aimé tout ce que j’ai mangé – j’aurais aimé que la focaccia aux olives soit plus moelleuse sous la dent. La philosophie de Raphaël est de proposer un produit bien fait : la qualité avant le luxe. Pas d’esbroufe ou de déclinaisons à l’infini. Bref, de confectionner une seule sorte de pain et de baguette, mais bien maîtrisée. Pari relevé !
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Vins d’importation privée, belle sélection de vins québécois : le côté caviste est certainement une très bonne raison de faire un détour par La Cave à manger.
Dans notre verre
Avis aux amateurs de vins nature et québécois, de petites perles et de raretés, la sélection de La Cave à manger a de quoi faire tourner l’œil – à des prix plus que compétitifs, d’ailleurs. Grâce à ses contacts au sein de plusieurs agences d’importation privée, Raphaël est capable de mettre la main sur de petits lots convoités. Cidres et bières sont aussi à l’honneur, ainsi que quelques cocktails – pastis, spritz, mimosa. Une courte sélection de vins au verre et de bières en fût est proposée. Côté non alcoolisé, un jus d’orange frais permet de combattre le spleen d’automne, et on peut évidemment y prendre sa dose quotidienne de caféine (torréfacteur montréalais Toi Moi & Café).
Prix
Les viennoiseries commencent à 3,25 $ (pour le croissant) et vont jusqu’à 9,75 $ pour le fameux roll. Côté pain, la baguette est à 5 $ et le pain campagnard, à 9 $. La pointe de pizza est à 6,75 $, le jambon beurre, à 12,50 $, la bruschetta et le banh mi – en quantités limitées, toujours – se détaillent à 15 $. Les vins au verre débutent à 5 $.
Bon à savoir
La Cave à manger est ouverte tous les jours, de 7 h à 20 h. On commande au comptoir pour emporter ou s’installer sur la terrasse ; il n’y a pas de service aux tables. Avec ses escaliers, l’endroit n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite, mais la terrasse l’est.
386, rue Saint-Paul Est, Montréal
Consultez le site de La Cave à manger