Nostalgique des boissons colorées et des liqueurs parfumées longtemps servies au réveillon ? Les producteurs d’alcool du Québec revisitent ces alcools vintage pour le plus grand bonheur de nos papilles. La preuve par quatre.

Crème de menthe : je me souviens

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La crème de menthe GentleMint

Créée au XIXe siècle pour favoriser la digestion, la crème de menthe est vite passée de la pharmacie au bar. Avec ses puissants parfums de menthe et son goût riche, la boisson était servie seule à la fin du repas. « Nos grands-parents avaient toujours deux crèmes de menthe à la maison : une blanche et une verte », se souvient Philippe Desmarais. C’est pourquoi sa distillerie de la Rivière, à Cowansville, en a créé deux. La première est incolore et mentholée. La deuxième rappelle les années 1970 avec sa teinte vert feuille et ses parfums d’eucalyptus et de chocolat. Cette dernière plaira à coup sûr aux amateurs du classique chocolat After Eight.

La crème de menthe verte se déguste en dessert dans une jolie coupe de verre taillé, avec ou sans glaçon. Et pour initier les amateurs de cocktail à cette boisson d’une autre époque, on la sert en cocktail. Par exemple, le Grasshopper est facile à préparer. Il suffit de réunir de la crème de cacao incolore, de la crème 35 % et de la crème de menthe verte dans le shaker rempli de glace et de remuer. Ce cocktail inventé il y a 100 ans est une bonne manière d’utiliser sa bouteille jusqu’à la dernière goutte.

Gentlemint Eucalyptus et Chocolat Noir, 33,75 $

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Vermouth : de retour en force

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Le vermouth Val Caudalies

Plus amer et plus fort en alcool que le vin, le vermouth est depuis des siècles servi à l’apéritif. Les Italiens en revendiquent la paternité, pourtant son nom découle de l’allemand « wermut », qui signifie absinthe. Car cette boisson est en fait un vin (blanc ou rouge) dans lequel on ajoute de l’alcool et des aromates. Au cours des dernières décennies, sa production a été industrialisée, standardisée et sa popularité a diminué. Or, les vignerons de partout dans le monde s’intéressent de nouveau à cet alcool. D’abord parce qu’il est essentiel à la création de cocktails tendance comme le negroni. Ensuite, parce qu’il permet aux vignerons de valoriser à la fois les raisins et les aromates du terroir.

Au Québec, le vignoble Val Caudalies a été le précurseur de cette tendance. En collaboration avec le bar à cocktails Le Lab à Montréal, il produit un vermouth à base du cépage frontenac blanc. Ce vermouth existe en version sèche ou douce. « Le vermouth à l’apéro n’est pas complètement dans les mœurs des Québécois, mais ça change », note le vigneron Guillaume Leroux, qui commercialisera au printemps un vermouth rouge, très tendance en Espagne, inspiré d’un voyage à Barcelone. Le vermouth doux est une belle introduction à cet univers. Des parfums de camomille remplissent le verre avant d’être bonifiés par des notes d’épices poivrées. L’amertume en bouche est subtile.

Val Caudalies Lab Doux, 25,95 $

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Pineau des Charentes : mistelle d’ici

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Mistelle de Lorraine

Les plus grandes inventions naissent souvent par erreur. Voilà comment le pineau des Charentes serait né au XVIe siècle dans la région de Charentes, en France. Un vigneron aurait versé par mégarde son moût de raisin dans un fût contenant du cognac. Le pineau est né. Il a cependant fallu attendre près de 400 ans avant que la boisson ne soit commercialisée pour la première fois, au XXe siècle, pendant les Années folles. Avec son goût sucré, le pineau est souvent servi à l’apéritif dans une petite coupe. Il existe également des pineaux plus complexes et vieillis qui se dégustent très bien avec le dessert.

Sur la Rive-Sud de Montréal, le vigneron Louis Thomas ne peut utiliser le terme pineau des Charentes, puisqu’il s’agit d’une appellation protégée. Il élabore une mistelle, soit un mélange de moût de raisin et d’alcool, qui vaut le détour. Son secret ? Il utilise du brandy pour fortifier son moût de vandal-cliche. La boisson est ainsi plus soyeuse en bouche. « On n’en fait pas chaque année, dit-il. Mais c’est un produit que les gens adorent ! » La cuvée 2016 s’ouvre sur des notes d’agrumes qui rappellent le kumquat. Aux arômes de fruits s’ajoutent de subtiles notes d’épices en bouche. C’est long et pas trop sucré.

Mistelle de Lorraine 2016, Vignoble Domaine du Fleuve, 20 $ 

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Liqueur d’orange : traverser les époques

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Liqueur d’orange Quartier Lafrance

Dans un petit ballon, un verre court sur pied, ses parfums d’écorce d’orange et d’épices sont envoûtants. Dès la première gorgée, la liqueur tapisse le palais d’une texture sirupeuse et onctueuse. Né d’un assemblage de liqueur d’orange et de cognac, le Grand Marnier a traversé les époques. Créée par la famille Lapostolle-Marnier en 1880, la boisson a eu un succès immédiat à Paris. Le digestif a suscité un tel intérêt que ses créateurs ont fait breveter la bouteille dont la couleur brune, le ruban rouge et la forme allongée sont emblématiques.

Dans la couronne nord de Montréal, le domaine Lafrance s’est inspiré de ce digestif français pour élaborer une version québécoise. Il a assemblé de la liqueur d’orange avec son brandy de pommes. Le résultat est fabuleux. Il est plus frais en bouche, et les nuances de clémentine et de mandarine rappelleront de bons souvenirs.

Quartier Lafrance, 49,75 $

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