Avant les Fêtes, quelques heureux élus ont vu Nicolas Archambault débarquer chez eux les bras remplis de belles bouteilles. Peu de gens le savent, mais le danseur, chorégraphe et ancien juge aux Dieux de la danse mène depuis quelques années une carrière parallèle dans le monde du vin. Nous l’avons rencontré autour d’un verre au café-buvette Super Condiments.

C’est un contrat à Paris, pour la production Saturday Night Fever, qui a déclenché chez l’interprète de Tony Manero l’amour profond du vin et de ses artisans. Nicolas Archambault devait passer six mois dans la Ville Lumière. Il a fini par s’y installer pendant trois ans.

« À dessein, je me suis fait des amis qui travaillaient en restauration et chez des cavistes. Je voulais profiter de mon séjour pour explorer l’univers de la gastronomie. Le verre volé [un des premiers bars à vin naturel parisiens, ouvert en 2000] était le caviste le plus près de chez moi. J’ai été en contact avec de super bons vins, mais sans trop en avoir conscience à l’époque. »

Carrière en danse et univers du vin font-ils bon ménage ? « Je n’ai pas une personnalité qui devient facilement dépendante, répond-il. J’ai plus eu tendance à être strict avec moi-même que l’inverse. De la danse, j’ai la discipline de vouloir me présenter dans le meilleur état possible. À Paris, pendant Saturday Night Fever, je ne mangeais pas d’hydrates de carbone les jours où je travaillais. Je me permettais un croissant et du vin le jour de mon congé. J’ai vraiment une bonne conscience de ce qui est bon et moins bon pour moi. Ça m’arrive des fois de ne pas boire pendant un mois. »

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Wynn Holmes (Stephanie Mangano) et Nico Archambault (Tony Manero) dans le spectacle Saturday Night Fever, au Théâtre St-Denis, en 2018

Les premiers pas

Lorsque Nico et sa conjointe, Wynn Holmes, ont ensuite déménagé à Brooklyn, la curiosité du vin l’a rattrapé, même s’il avait peu de contacts locaux dans le milieu. Le copain d’une amie, qui travaillait pour une agence d’importation, lui a conseillé un boulot chez un caviste, pour approfondir ses connaissances.

« J’étais pigiste en danse, avec un horaire irrégulier. Le propriétaire d’une boutique près de chez moi, Smith & Vine, était un chanteur d’opéra à la retraite. Il comprenait ma vie d’artiste. Il m’a laissé travailler un jour par semaine. »

Il y avait des dégustations le matin, avant l’ouverture. J’écoutais les conversations, je prenais des notes et, petit à petit, j’ai gagné en confiance et eu le courage de verbaliser ce que je pensais d’un vin.

Nicolas Archambault

« À terme, j’aimais tellement ma job qu’il fallait vraiment que le contrat de danse me tente pour que je le prenne ! », ajoute M. Archambault.

Smith & Vine existait depuis 17 ans lorsque Nico y a débarqué. Ce n’était pas un caviste « nature », mais il ne tenait que des vins de qualité, peu manipulés. « De fil en aiguille, j’ai commencé à faire goûter à mon boss des vins que je buvais. Il a aimé ça et m’a donné un petit budget pour commencer une section de vins naturels. Mais il ne fallait pas qu’il y ait de grosses déviances. Vends une mauvaise bouteille à un client une fois, il va peut-être revenir, mais pas deux fois. »

C’est ce lien avec la clientèle qui a vraiment plu à la bête de scène. « Quand la personne revient et dit que tu lui as conseillé exactement le vin qu’elle voulait boire, c’est tellement satisfaisant. Le feedback, la conversation qui évolue avec le temps. La maîtrise du langage pour parler de vin sans être pédant, snob, chiant, intimidant... J’aime communiquer. Je l’ai beaucoup fait en danse. Et ça me plaît moins de parler de moi que d’un produit qui me fait vibrer. »

Nico a fini par devenir gérant de Smith & Vine, sans nier la possibilité de partir de temps en temps pour des projets. Puis le propriétaire lui a confié l’achat de vin au complet pour la boutique. « Au total, j’ai travaillé là presque cinq ans, on and off, jusqu’en 2022. J’ai même fait les achats à distance pendant six mois. Maintenant, les stocks sont à 80 % composés de vin naturel et j’envoie encore des recommandations. »

Un apprentissage qui se poursuit

Depuis son retour au Québec, l’artiste cherche le meilleur moyen de continuer à cultiver son amour pour les vins d’auteurs. C’est pourquoi il s’est aventuré à organiser des dégustations en décembre, d’abord pour des amis, puis chez de parfaits inconnus.

« C’était vraiment du sur mesure. Quelqu’un a offert ça en cadeau à son copain qui ne s’y connaissait pas en vin, mais aimait beaucoup les blancs de macération. J’ai donc apporté des bouteilles de “vin orange” de Géorgie, du Frioul et d’Alsace. Il y avait un autre gars dont la chanson préférée est Fall in Love with Me, qui parle de boire du vin blanc à Berlin. On s’est concentrés sur les blancs allemands. »

Nicolas Archambault aime d’ailleurs faire des parallèles entre l’univers de la musique et celui du vin artisanal. « Comme le hip-hop, le vin naturel a ses propres pionniers, ses OG, ses rebelles. C’est une contreculture. C’est un peu anarchique et c’est ça qui me plaît. »

Les bouteilles qui ont converti Nico Archambault

La Souteronne d’Hervé Souhaut (Domaine Romaneaux-Destezet)

PHOTO TIRÉE DU SITE D’IZGOOD

La Souteronne d’Hervé Souhaut (Domaine Romaneaux-Destezet)

« Je n’avais jamais bu un gamay qui venait du Rhône. Le cépage se présentait avec une grande profondeur, mais aussi une énergie de fou », se rappelle Nico. En effet, La Souteronne est une cuvée qui contient le fruit de vieilles vignes (60-80 ans) ayant poussé sur un sol granitique. Au Québec, les vins de Hervé Souhaut sont représentés par l’agence Rézin.

Consultez le site de l’agence Rézin

Les vins d’Aurélie et Arnaud Geschickt en Alsace

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA SAQ

Les vins d’Aurélie et Arnaud Geschickt en Alsace

« Ce soir-là, on avait bu le Grand Cru Kaefferkopf, un assemblage aromatique de gewurztraminer, de riesling et de pinot gris, puis on avait enchaîné avec le Phénix, un pinot gris de macération à la couleur rosée cuivrée vraiment vibrante. Ça, quand tu le sors pour la bonne personne au bon moment, c’est comme un tour de magie ! »

Les vins des Geschickt sont représentés par Le vin dans les voiles. Certaines cuvées sont en commande privée. Le Grand Cru Kaefferkopf 2017 est présentement offert à la SAQ.

Consultez la fiche de la SAQ

Podfuck de Milan Nestarec

PHOTO TIRÉE DU SITE DE NESTAREC

Podfuck de Milan Nestarec

« C’était le Podfuck 2016 ou 2017 de Nestarec au Vivant, à Paris. Ma première rencontre avec un vin blanc de macération pelliculaire. Ça fait longtemps, mais je me souviens qu’il y avait de la fraîcheur et pas mal de mâche. Beaucoup de richesse aromatique : orange sanguine, pétales de rose. C’était profond, salin, tannique en finale. Et élégant ! J’analyse maintenant mes impressions de l’époque avec ce que j’ai appris depuis. Mais quand je l’ai goûté, ça ne ressemblait à rien de ce que je connaissais. »

Les vins de Milan Nestarec sont représentés par l’agence Ward et associés et sont pour la plupart vendus en commande privée. La cuvée Bel est toutefois offerte à la SAQ présentement.

Consultez la fiche de la SAQ de la cuvée Bel (en format 1 L)