Le vendredi 9 décembre, au bar vinvinvin, il y avait une fête. Une fête un peu funeste, mais néanmoins lumineuse, pour célébrer un colosse barbu dont le rire sonore n’égaie malheureusement plus la grande SAQ de la rue Beaubien depuis quelques mois. C’était le lancement de la cuvée Le plan du week-end, du vignoble La Bauge, en hommage à Michel Beauchamp, conseiller aimé de tous qui reçoit actuellement des soins palliatifs.

Employé vedette de la société d’État pendant plus de 30 ans, le connaisseur qui a soufflé 50 bougies récemment en a éveillé, des passions pour le vin. Apprécié des clients, des vignerons, des agents qui les représentent et de ses collègues et patrons, Michel est un de ces rares humains qui font l’unanimité. Au lancement, nombreuses étaient les personnes qui portaient un Gaminet sans soufre, la marque de « pinard-à-porter » créée par Michel et son amoureuse Édith, qui ont tout récemment célébré leurs épousailles au lit.

Consultez notre article sur Gaminets sans soufre

PHOTO AUDREY-ÈVE BEAUCHAMP, TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @BARVINVINVIN

De nombreuses bouteilles du Plan du week-end se sont bues, le week-end dernier, au vinvinvin !

Au vignoble La Bauge, Simon Naud et Steve Beauséjour ont souhaité « embouteiller » un peu de ce cher Michel. À la naissance du projet, il y a plus d’un an, le gaillard n’avait pas encore reçu son diagnostic de cancer. En mars 2022, toujours insouciants, Michel et Édith s’étaient rendus au magnifique domaine de Brigham, à une heure de Montréal, pour choisir la cuvée qui porterait un des mots-clics signature du conseiller sur Instagram : #leplanduweekend.

Grand amateur du Beaujolais, Michel a naturellement porté son choix sur une cuve de cépage frontenac en macération carbonique. Cette technique de vinification perfectionnée dans la région vinicole favorite du bon vivant permet d’obtenir des vins souples et fruités. En juin, Simon et Steve se sont mis au travail pour assembler la cuve avec un autre vin, question de trouver l’équilibre parfait, mais au bout du compte, Michel revenait toujours à la pureté du frontenac. Et c’est ce qui a été embouteillé, tout simplement, avec une jolie étiquette dessinée par Édith. En y goûtant, vendredi, on était transporté au pays du gamay, avec un vin joyeux et fruité.

« Comme plein de gens, j’ai appris à connaître Michel d’abord comme un grand professionnel avec une connaissance très pointue et très vaste de son sujet », nous a confié par écrit Nadia Fournier, autrice du Guide du vin qui lançait justement son édition 2023 le même vendredi soir, à Sutton.

Mais c’est son cœur immense, sa gentillesse (et son rire contagieux, unique) qui en ont fait un ami. Michel est vraiment un humain d’exception.

Nadia Fournier, autrice du Guide du vin

Les Québécois amateurs de vins vivants peuvent remercier le conseiller qui a su convaincre son employeur de faire une plus grande place aux artisans sur ses tablettes. « Michel n’a pas de préjugés sur les vins, tant que c’est bon, c’est bon, même si on sait qu’il a une préférence pour l’artisanal, raconte Jean-Marie Robin, agent chez Bacchus76. C’est une personne qui a fait beaucoup d’efforts pour montrer aux grands patrons de la SAQ que les vins bios et naturels étaient intéressants. »

PHOTO FOURNIE PAR LA SAQ

Michel Beauchamp autour de 2013, avant la barbe !

Le vigneron champenois David Bourdaire se rappelle sa première rencontre avec le conseiller de la rue Beaubien. « Michel, c’est d’abord une montagne devant toi et tu te dis : “Oups, j’y vais ou j’y vais pas ?” Puis tu lui dis “S’il vous plaît ?” et là, son grand sourire vient illuminer sa barbe (c’est la première chose que tu vois), puis ses yeux s’écarquillent, pleins de bonheur et de joie à l’idée de pouvoir t’aider », nous a écrit le sensible viticulteur à partir de la France.

« Le colosse qui t’impressionnait de loin devient ton guide qui te tend la main, va prendre soin de toi. Tu finiras par lui demander de venir partager cette bouteille, cette soirée, et même par revenir, pour d’autres expériences “gastronomico-bacchiques”, parce que Michel, tu ne peux que l’aimer, l’écouter te parler du vin, du terroir, du vigneron ou de la vigneronne qui est dans la bouteille. »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE QUENTIN BOURSE

Michel Beauchamp et Édith Lapierre portent le « gaminet sans soufre » qu’ils ont réalisé en collaboration avec le vigneron français Quentin Bourse.

Le vigneron Quentin Bourse, du domaine Le sot de l’ange, en Loire, a pu voir son ami Michel lors de son récent passage au Québec, en octobre. « C’était chouette, il avait plein de questions sur les sujets qui me tourmentent en ce moment. C’était très bienveillant de sa part. Il était inquiet et curieux. Je l’ai senti s’allumer. On a passé un très bon moment. Michel, c’est le genre de personne qui t’enjaille ou te réconforte, d’une parole, assez juste, car toujours prudente. C’est un ami tendre et fiable. »

Nombreuses ont justement été les paroles bienveillantes que nous avons reçues au sujet du gentil colosse de la rue Beaubien, au cours des dernières semaines. Nous levons tous un verre de beaujolais (ou de frontenac) en son honneur !

Écoutez Michel Beauchamp parler de vin