Toutes les distilleries du Québec élaborent du gin. Elles ont maintenant soif de se démarquer. Plusieurs le font avec de nouveaux alcools, parfois plus complexes à produire. Voici quelques spiritueux dignes d’intérêt en 2022.

L’alambic chauffe à plein régime dans la distillerie BluePearl, rue Hochelaga, à Montréal. Pendant que le gin coloré se prépare à être embouteillé, du whisky repose dans l’entrepôt. Comme de nombreux autres distillateurs de la province, le cofondateur Francis Bluteau attend impatiemment que le précieux alcool ait terminé son vieillissement minimal de trois ans avant de le commercialiser. « Les alcools vieillis, c’est coûteux à faire, dit-il. Je veux prendre mon temps pour que le produit soit à la hauteur. »

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Jonathan Benoit-Perlstein et Francis Bluteau, cofondateurs de la distillerie BluePearl. Ils devraient se rendre à Paris à la mi-février pour participer au salon Be Spirits de Vinexpo, à l’instar d’une vingtaine d’autres distillateurs d’ici.

D’autres distilleries ont pris de l’avance. C’est le cas entre autres des distilleries Cirka et du St-Laurent, qui commercialisent déjà du whisky québécois.

Contrairement au gin, dont la provenance de l’alcool de base a soulevé des débats, les producteurs de whisky du Québec utilisent surtout des céréales d’ici afin de mettre en valeur les caractéristiques du terroir.

Avec le gin, c’est le côté légèrement floral, boisé et le goût citronné de nos agrumes que je veux que les gens remarquent. Pas le grain. Mais avec le whisky, c’est autre chose.

Francis Bluteau, cofondateur de la distillerie BluePearl

Toutefois, s’il y a bien un produit synonyme du Québec, c’est l’érable. Et cet ingrédient est nécessaire pour la production de l’acérum. Ce spiritueux est encore peu connu, mais son potentiel est grand, estime Francis Bluteau. Car les producteurs d’ici sont parmi les rares à pouvoir en produire.

L’acérum risque d’ailleurs d’être un atout pour les distillateurs désireux d’exporter.

L’avenir est dans l’exportation

Avec plus de 160 différents gins locaux commercialisés à la Société des alcools (SAQ), les Québécois ont l’embarras du choix. Peut-être un peu trop, reconnaissent les experts de l’industrie. « Elles se cannibalisent entre elles, convient Geneviève Laforest, agente de développement à l’Union québécoise des microdistilleries. Le gin du Québec s’étouffe dans son propre marché. »

Sébastien Clermont croit que l’avenir des spiritueux du Québec réside dans l’exportation. Propriétaire de l’agence Tanium Wines, il représente plusieurs distilleries du Québec. Au cours d’un voyage en France, il a fait déguster le gin du Québec au directeur général de Vinexpo, Rodolphe Lameyse, qui a été charmé. Si bien que son organisation compte tenir un salon au Québec l’an prochain.

Le légendaire salon bordelais Vinexpo a récemment changé de formule. Il se décline désormais en plusieurs évènements qui se tiennent à différents endroits dans le monde. C’est ainsi que le prochain salon Vinexpo Explorer devrait avoir lieu au Québec au printemps 2023 avec comme objectif de faire connaître les spiritueux d’ici à plus d’une cinquantaine d’acheteurs de partout dans le monde.

C’est une opportunité en or pour les distilleries du Québec.

Geneviève Laforest, agente de développement à l’Union québécoise des microdistilleries, à propos de la tenue de Vinexpo au Québec en 2023

Durant les quatre jours du salon, les acheteurs iront au Saguenay, à la distillerie du Fjord, ainsi qu’à Rimouski, à la distillerie du St-Laurent, afin de découvrir les aromates qui parfument les alcools du Québec. « Les aromates, c’est ce qui caractérise notre terroir », ajoute Mme Laforest.

En attendant la venue des acheteurs internationaux, près d’une vingtaine de distillateurs québécois se rendront à Paris à la mi-février pour assister au salon Be Spirits de Vinexpo.

Trois alcools à essayer

Crème végane

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Les deux crèmes commercialisées par la distillerie BluePearl : l’une végane à base de soja et de noix de coco, l’autre à base du petit-lait de la fromagerie Chagnon.

Les ventes de liqueurs en crème ont explosé au cours de la dernière année. Sans surprise, une foule de crèmes québécoises ont fait leur apparition sur les tablettes de la SAQ. Avant Noël, la distillerie BluePearl en a commercialisé deux : une végane à base de soja et de noix de coco, et une autre à base du petit-lait de la fromagerie Chagnon. Nommés Aléa, les deux produits sont aromatisés avec le café de la brûlerie Pista à Montréal. Avec 17 % d’alcool, ces crèmes possèdent un goût moins sucré. Coup de cœur pour l’Aléa végane dont le goût de café crée un bel équilibre avec les parfums de coco.

Aléa végane Crème brûlée, 35 $ (14736828), 17 %

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Gourmandise liquide

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Chocolats Favoris Choco Crème

De la décadence en bouteille, voilà ce qui décrit le mieux cette nouvelle crème à saveur de dulce de leche créée par Chocolats Favoris. Hyper onctueuse, et avec seulement 13 % d’alcool, cette crème est un dessert liquide. Avec ses notes de caramel et de chocolat, son goût rappelle le biscuit. C’est cochon, mais c’est bon !

Chocolats Favoris Choco Crème, 39 $ (14905610), 13 %

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Temps froid, alcool chaud

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Distillerie des Appalaches Moins 40

Cet alcool est élaboré avec du sirop d’érable, mais contrairement aux crèmes, il n’est pas sucré. La cuvée Moins 40 est une eau-de-vie d'érable préparée par la distillerie des Appalaches à Lévis. Sa couleur ambrée provient de l’élevage en fûts de chêne américain et son goût légèrement vanillé est amplifié grâce à l’ajout de mélilot. Très fin et délicat en bouche, à découvrir !

Distillerie des Appalaches Moins 40, 53,25 $ (14379904), 40 %

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