Les enfants de votre entourage sauraient-ils décrire un plant de pommes de terre ? Et vous ? Vous hésitez ? Vous n’êtes pas seul, affirme Anna Demay, éditrice de Miam, premier magazine jeunesse québécois consacré à l’alimentation. Lorsqu’elle s’amuse à questionner les gens sur la provenance de la patate, elle voit apparaître des points d’interrogation dans leurs yeux (et l’autrice de ces lignes ne fait pas exception).
Pourtant, la pomme de terre fait partie des légumes les plus consommés par les Québécois, selon un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec paru en 2019.
En cette ère où il est possible de manger ce qu’on veut à n’importe quelle période de l’année, on se nourrit d’aliments sans vraiment s’intéresser à leur origine, constate Anna Demay. « On est déconnecté de la nature. Et ça, ça me fait peur », avoue celle qui possède une maîtrise en histoire de l’alimentation et qui travaille dans le milieu vinicole.
Selon elle, adultes et enfants gagneraient à acquérir une plus grande littératie alimentaire. Reconnaître les aliments sains, savoir comment cultiver des fruits et des légumes, comprendre le réseau d’approvisionnement des épiceries, apprendre à cuisiner et connaître des façons d’éviter le gaspillage alimentaire sont quelques exemples d’éléments qu’englobe cette notion très chère à Anna Demay.
Un constat qui fait d’ailleurs écho à un document publié il y a quelques semaines par l’équipe du Lab-école dans lequel Ricardo Larrivée, Pierre Lavoie et Pierre Thibault insistent eux aussi sur l’importance de la littératie alimentaire.
Consultez le document Cultiver, cuisiner et manger ensemble à l’école« Une partie de la solution »
« Mais comment est-ce que, collectivement, on s’assure de transmettre toutes ces connaissances à nos jeunes ? », s’est demandé la mère de deux enfants, âgés de 9 et 2 ans. Sa réflexion l’a menée à créer Miam, nouveau magazine jeunesse voué à l’alimentation, dont le premier numéro est paru en avril.
Je pense que Miam, c’est le début d’une partie de la solution. Il faut prendre le temps d’apprendre ces notions-là aux enfants.
Anna Demay, éditrice de Miam
Si la visée du magazine est l’éducation, Anna Demay insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un cahier d’exercices scolaire. Par l’entremise de jeux, d’histoires, de bandes dessinées, de fiches descriptives et de recettes, son équipe de collaborateurs et elle souhaitent montrer aux jeunes du primaire que l’alimentation, « c’est trippant et que ça peut être aussi fascinant que les Pokémon ».
Dans le numéro du printemps consacré à la rhubarbe, on apprend notamment qu’il s’agit d’une plante vivace, qu’elle est originaire d’Asie et qu’elle a des vertus médicinales. Mais au fil des pages, on découvre également une histoire de fiction, écrite par Fanny Britt et illustrée par François Simard, dont le thème principal est l’amitié et non la tarte fraise-rhubarbe cuisinée par les deux héroïnes. « La nourriture est parfois en filigrane dans le magazine. Elle existe comme ça dans nos vies, et c’est correct d’en parler comme ça aussi », explique Anna Demay.
Éveil aux aliments
Publié quatre fois par année, Miam explorera à chaque numéro un aliment précis. « On a un seul paramètre : l’aliment. C’est malade, ce qui en sort. Le processus créatif est tellement excitant », raconte avec beaucoup d’enthousiasme celle qui, pour ce projet, s’est entourée de différents artistes, dont Thom, Cathon et Benoît Tardif.
Avec ce magazine, Anna Demay espère piquer la curiosité des enfants et leur donner envie de s’intéresser à ce qu’ils mangent. « On les éveille à plein de choses : le sport, le théâtre, la musique… Pour moi, l’alimentation, c’est aussi important que tout ça. »
Consultez le site de MiamUne limonade au goût d’ici