Colonisée surtout par des Irlandais, des Écossais et des Anglais au début du XIXe siècle, la verte campagne qui se trouve au pied des Adirondacks, le long de la frontière américaine, a gardé ses paysages agricoles d’antan, entre vallons et forêts aux arbres immenses. Beaucoup moins populaires que leurs cousins de l’Est, ces « Cantons de l’Ouest » s’arpentent à merveille sur deux roues, à la rencontre de petits producteurs passionnés.

Les sangliers du Domaine Herdman

  • Les sangliers du Domaine Herdman sont nourris à l’herbe fraîche tout l’été.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Les sangliers du Domaine Herdman sont nourris à l’herbe fraîche tout l’été.

  • Éric Leboeuf, ancien analyste financier, a suivi un cours de boucherie pour mener à bien sa deuxième carrière.

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    Éric Leboeuf, ancien analyste financier, a suivi un cours de boucherie pour mener à bien sa deuxième carrière.

  • La petite boutique du Domaine Herdman vend des coupes de viande de sanglier congelée, dont des carrés.

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    La petite boutique du Domaine Herdman vend des coupes de viande de sanglier congelée, dont des carrés.

  • Le week-end, le camion de cuisine de rue du Domaine Herdman propose de nourrissants sandwichs d’effiloché de sanglier et des poutines garnies de bons morceaux de viande.

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    Le week-end, le camion de cuisine de rue du Domaine Herdman propose de nourrissants sandwichs d’effiloché de sanglier et des poutines garnies de bons morceaux de viande.

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« Yep, yep, yep ! » La harde de sangliers reproducteurs d’Éric Leboeuf se presse à sa rencontre. Près de la clôture, les bêtes grognent et couinent, puis s’arrachent les quelques brins d’herbe que l’éleveur leur tend pour les taquiner. L’ancien analyste financier, qui a fait un temps la navette entre Montréal et sa ferme de 43 acres à Hinchinbrooke, se consacre aujourd’hui à temps plein à l’élevage et à la transformation du sanglier. « C’est une viande rouge, maigre et riche en protéines », dit, tout sourire, celui qui a suivi une formation en boucherie pour mener à bien sa deuxième carrière. Il nourrit ses sangliers tout l’été à l’herbe fraîche fauchée sur sa terre et à la drêche fournie par des brasseries du coin. De nombreux cyclistes laissent leur voiture dans le stationnement de la ferme avant d’explorer les routes de la Covey Hill, le dernier (petit) sommet des Adirondacks. C’est en effet un endroit idéal pour amorcer une balade à vélo. Et la conclure, en avalant une ciabatta à l’effiloché de sanglier ou une poutine riche en morceaux de viande et de saucisses, servies au camion de cuisine de rue du domaine chaque week-end. La petite boutique (ouverte sur rendez-vous la semaine) propose des coupes de viande congelée, dont des carrés, des côtelettes, des steaks et des saucisses. On trouve aussi les produits du Domaine au marché fermier du comté de Huntingdon, les mercredis, de 15 h à 18 h, au parc Prince-Arthur, à Huntingdon.

1968, route 202, Hinchinbrooke

Consultez le site du Domaine Herdman

Empruntez la route 202 vers l’est, puis la montée de Rockburn qui traverse le hameau du même nom, et vous arriverez sans même vous chauffer les mollets à la ferme Black Creek.

Dans les vieux pommiers de la ferme Black Creek

  • Denis Rousseau fait pousser 53 variétés de pommes à la ferme Black Creek. Il cueille aussi des pommes sauvages dans un vieux verger pour assembler ses cidres artisanaux.

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    Denis Rousseau fait pousser 53 variétés de pommes à la ferme Black Creek. Il cueille aussi des pommes sauvages dans un vieux verger pour assembler ses cidres artisanaux.

  • Denis Rousseau a bien hâte d’utiliser les deux cuves en béton qu’il a récemment fait venir de France pour élaborer ses cidres.

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    Denis Rousseau a bien hâte d’utiliser les deux cuves en béton qu’il a récemment fait venir de France pour élaborer ses cidres.

  • Deux cidres de la ferme Black Creek et quelques bouteilles de Büldog, une boisson effervescente à base d’eau d’érable

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    Deux cidres de la ferme Black Creek et quelques bouteilles de Büldog, une boisson effervescente à base d’eau d’érable

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Dans le verger de 2000 arbres de la ferme Black Creek, Denis Rousseau fait pousser 53 variétés de pommes, souvent d’origine anglaise, pour assembler des cidres tanniques de très bonne tenue à table. La cidrerie est ouverte sur rendez-vous et les week-ends de l’été (on peut aussi se garer ici avant d’enfourcher un vélo). Le petit sentier qui traverse l’érablière mène à quelques tables de pique-nique posées au milieu d’un magnifique vieux verger, où certains pommiers ont 90 ans. Chimiste de formation, Denis Rousseau y cueille d’ailleurs quelques pommes sauvages, celles qui ont une belle acidité, pour ses cidres. « Je marque les arbres qui m’intéressent », signale-t-il tout près de l’un des derniers arbres en fleurs, à la fin de mai. « On travaille en permaculture, sans arrosage. Même un peu piquées, les pommes sont bonnes pour la transformation », précise-t-il. Arrivé dans la région en 2007, séduit par la maison de pierres de 1848 et l’immense terrain d’une centaine d’acres qui fait le bonheur de ses chiens, il s’est donné la mission de « ramasser tout ce [qu’il] trouve d’aromatique ici ». Avec de l’eau d’érable de ses 4000 entailles, il confectionne ainsi une boisson alcoolisée effervescente, la Büldog, dont une partie de la production est aromatisée avec les framboises sauvages cueillies dans le vieux verger…

2638, montée de Rockburn, Hinchinbrooke

Consultez le site de la ferme Black Creek

Après avoir repris en sens inverse la montée de Rockburn pendant 5 km, tournez sur le rang des Botreaux et vous arriverez, près de 4 km plus loin, à la Boutique fermière.

Les délices de la Boutique fermière

  • Les pâtisseries de Rebecca Amrein sont irrésistibles.

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    Les pâtisseries de Rebecca Amrein sont irrésistibles.

  • Originaire de Colombie-Britannique, où elle a grandi sur une ferme laitière, Rebecca Amrein est installée au Québec depuis bientôt 10 ans.

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    Originaire de Colombie-Britannique, où elle a grandi sur une ferme laitière, Rebecca Amrein est installée au Québec depuis bientôt 10 ans.

  • Les congélateurs de la Boutique fermière sont remplis de viandes élevées sur place, dont de l’agneau, du chevreau et du buffle d’eau.

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    Les congélateurs de la Boutique fermière sont remplis de viandes élevées sur place, dont de l’agneau, du chevreau et du buffle d’eau.

  • La Boutique fermière est un endroit idéal pour une pause-café.

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    La Boutique fermière est un endroit idéal pour une pause-café.

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La Boutique fermière est un endroit parfait pour une pause-café, avec en prime l’une des affriolantes pâtisseries de Rebecca Amrein. Macarons, tartelettes aux fruits, éclairs, barres Nanaimo : la sélection varie d’une journée à l’autre, mais il sera difficile d’y résister de toute façon. On trouve aussi à la boutique des petits plats préparés par Debra, mère de Rebecca, vendus dans des pots Mason, ainsi que des coupes de viande d’animaux élevés sur place, dont du buffle d’eau, de l’agneau ou du chevreau à fort bon prix, et une sélection de produits artisanaux. « J’ai grandi sur une ferme laitière dans la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, et j’ai suivi mon conjoint au Québec, il y a maintenant près de 10 ans, raconte Rebecca Amrein. Après leur retraite, mes parents sont venus s’installer avec nous. Je suis contente que mon cours de pâtisserie me serve aujourd’hui. » Et il sert à merveille. Assises à l’une des tables installées à l’ombre des grands arbres devant la boutique, deux clientes se régalent en observant les moutons dans leur pâturage d’été. Et une voisine venue remplir sa tasse de café ne peut s’empêcher de repartir aussi avec un muffin…

980, rang des Botreaux, Ormstown

Consultez la page Facebook de la Boutique fermière

En poursuivant votre route sur le rang des Botreaux, vous croiserez 1 km plus loin la coopérative les Jardins de la résistance.

Primeurs aux Jardins de la résistance

  • Olivier Lamoureux, cofondateur de la coopérative les Jardins de la résistance, avec quelques légumes récoltés en serre à la fin de mai.

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    Olivier Lamoureux, cofondateur de la coopérative les Jardins de la résistance, avec quelques légumes récoltés en serre à la fin de mai.

  • Les mercredis de l’été, de 16 h à 18 h 30, les passants sont invités à s’arrêter au kiosque des Jardins de la résistance pour faire le plein de légumes frais, de miel, d’œufs et de pain.

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    Les mercredis de l’été, de 16 h à 18 h 30, les passants sont invités à s’arrêter au kiosque des Jardins de la résistance pour faire le plein de légumes frais, de miel, d’œufs et de pain.

  • La coopérative les Jardins de la résistance fait pousser des primeurs en agriculture bio-intensive sur une dizaine d’acres et dans deux serres.

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    La coopérative les Jardins de la résistance fait pousser des primeurs en agriculture bio-intensive sur une dizaine d’acres et dans deux serres.

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La coopérative les Jardins de la résistance fait pousser des primeurs en agriculture bio-intensive sur une dizaine d’acres et dans deux serres, explique son cofondateur Olivier Lamoureux. À la fin de mai, les carottes étaient déjà bien longues, les betteraves, charnues, et les premières tomates cerises rougissaient. Une équipe s’affairait aussi à mettre en terre des plants de courges dans les champs. La coopérative a augmenté sa production ces dernières années et prend encore des abonnements pour des paniers hebdomadaires (plusieurs points de livraison). La ferme n’est en général pas ouverte aux visiteurs, mais tous les mercredis de l’été, de 16 h à 18 h 30, les passants sont invités à s’arrêter au kiosque pour faire le plein de légumes frais. Du miel, des œufs et du pain sont également en vente.

1150, rang des Botreaux, Ormstown

Consultez le site des Jardins de la résistance

Revenez sur vos pas sur quelque 300 m, puis empruntez la montée Guérin, qui vous ramènera 7 km plus loin sur la route 202. Prenez-la en direction est, et vous arriverez à La Ferme aux Mille Cailloux dans 4 km.

Abondance de petits fruits aux Mille Cailloux

  • Les frères Louis-Charles et John-William Faille

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Les frères Louis-Charles et John-William Faille

  • Dès la Saint-Jean, les visiteurs peuvent cueillir eux-mêmes leurs petits fruits à La Ferme aux Mille Cailloux, à Franklin.

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    Dès la Saint-Jean, les visiteurs peuvent cueillir eux-mêmes leurs petits fruits à La Ferme aux Mille Cailloux, à Franklin.

  • La ferme appartient à la famille Faille depuis 1915.

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    La ferme appartient à la famille Faille depuis 1915.

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Les frères Louis-Charles et John-William Faille forment la cinquième génération à cultiver la terre à La Ferme aux Mille Cailloux, de Franklin. « Je suis né entre deux pommiers », se plaît à dire John-William, le plus jeune des deux, qui a 30 ans. Leur arrière-arrière-grand-père, Joseph, a acheté la ferme en 1915. Il n’y a plus de vaches laitières, mais les deux frères n’ont pas le temps de s’ennuyer entre les saisons des sucres, des fraises, des framboises, des griottes, des bleuets, puis des pommes (la conversion bio du verger a été amorcée cette année). Sans oublier les moutons qui pâturent sur une partie des 450 acres de la ferme. Dès la Saint-Jean, les visiteurs peuvent cueillir eux-mêmes leurs petits fruits, dans des champs parfois situés sur la Covey Hill, d’où la vue sur la vallée du Saint-Laurent est incroyable (on voit même le centre-ville de Montréal par endroits). « C’est important pour nous que les gens cueillent en famille, pour comprendre d’où vient ce qu’ils mangent, explique John-William. Notre société est trop déconnectée de la terre. » Il y a de jolis endroits pour pique-niquer sur la ferme et, que les paresseux se rassurent, le kiosque vend aussi des fruits cueillis et de la viande d’agneau. Des restaurateurs de renom s’approvisionnent aux Mille Cailloux. La ferme est d’ailleurs finaliste dans la catégorie Producteur de l’année au gala des Lauriers de la gastronomie qui aura lieu le 20 juin. « Ça nous a beaucoup surpris, raconte Louis-Charles, 37 ans. On dirait que notre enfance à ramasser de la roche, ça a fini par rapporter ! »

2635, route 202, Franklin

Consultez le site de La Ferme aux Mille Cailloux

Pour le retour… ou un détour

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

S’il vous reste un peu d’énergie à la fin du parcours de près de 45 km, prenez le temps de grimper en haut de la Covey Hill, d’où la vue est imprenable. Vous y trouverez aussi la sympathique brasserie Livingstone.

Pour retrouver votre voiture, vous n’avez qu’à emprunter la route 202 vers l’ouest. Le Domaine Herdman se trouve à un peu moins de 17 km. Vous croiserez en chemin de nombreux vergers, de même que la boutique d’Entre Pierre et Terre, qui vend d’excellents poirés, entre autres. Si vous avez encore un peu de force dans les mollets, vous pouvez aussi faire un détour par la montée de Covey Hill. La pente est abrupte, mais la vue vaut l’effort. Et vous pourrez vous arrêter pour déguster une des bières de la brasserie Livingstone, qui les prépare avec des produits de la région.

Entre Pierre et Terre : 1260, route 202, Franklin

Consultez le site d’Entre Pierre et Terre

Brasserie Livingstone : 2150, chemin de Covey Hill, Franklin

Consultez le site de la brasserie Livingstone Consultez le site du Circuit du paysan
En savoir plus
  • 44,6 km
    Le circuit proposé fait près de 45 km, sur des routes assez peu fréquentées. Prévoyez une sacoche pour ramasser quelques délices en chemin. Bien sûr, rien ne vous oblige à parcourir ce circuit à vélo, surtout si vous rapportez de nombreux produits ; il se fait aussi très bien en voiture ou à moto.
    69
    Quelques-unes des adresses citées dans ce reportage font partie des 69 membres du Circuit du paysan, une route touristique qui sillonne la Montérégie Ouest. Si vous allez vous promener dans le coin, ça vaut la peine de jeter un coup d’œil sur la carte diffusée en ligne.
    Source : Circuit du paysan