(Montréal) À ce jour, les cafés, comme les restaurants, ne sont pas visés par l’ordonnance de fermeture et peuvent continuer leurs opérations en redoublant de précautions. Malgré tout, plusieurs prennent la décision de cesser temporairement leurs activités, alors que les caféinomanes se ruent sur les sites web de leurs cafés favoris pour faire des réserves.

« Si on compare aux bonnes journées de vente en ligne durant le temps des Fêtes, mercredi, on a fait cinq fois plus de vente ! », remarque Jean-François Leduc, propriétaire des cafés Saint-Henri.

Si sa boutique en ligne fonctionne donc très bien pour l’instant, l’entrepreneur a annoncé aujourd'hui, jeudi, la fermeture de tous les cafés Saint-Henri (incluant le MAESMI, sur Masson) demain, vendredi. La plupart seront ouverts jusqu’à 18 h, question de permettre à ceux qui le désirent de prendre un dernier latté (pour emporter) ou de s’acheter un sac de grains de café, même si M. Leduc conseille fortement de passer par le web si possible.

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Jean-François Leduc, propriétaire des cafés Saint-Henri.

« C’est vraiment une mesure de santé publique. On a étiré la sauce un peu en tentant de respecter les directives gouvernementales pour la restauration — 50 % de la capacité, distance d’un mètre — mais c’est impossible à opérer de ce point de vue-là. Et c’est surtout pour mes employés que c’est rendu insupportable autant physiquement que psychologiquement », remarque le père de quatre enfants, qui est désormais confiné à la maison.

Vague de soutien, réserves de caféine

Si certains cafés ont pris la décision de rester ouverts pour l’instant, la plupart des propriétaires déplorent la difficulté de prendre une décision éclairée dans le contexte actuel. « C’est difficile de prendre des décisions définitives. C’est vraiment au jour le jour. Présentement, on est en train de fermer notre café sur Saint-Laurent ; demain, ce sera peut-être celui sur Mont-Royal et il ne nous restera que notre quartier général, sur Bélanger... Cela fonctionne encore un peu, on perd beaucoup d’argent, mais on a aussi l’impression de rendre un service à la communauté », explique au bout du fil Simon-Louis Brosseau-Fournier, copropriétaire des cafés Paquebot.

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Les succursales du Plateau Mont-Royal et de Rosemont du café Paquebot restent ouvertes pour l’instant, mais les propriétaires évaluent la situation au jour le jour.

C’est fou le support et l’amour qu’on reçoit ! Les gens viennent acheter un sac par jour, ils font des réserves, mais ils le font aussi pour nous aider. — Simon-Louis Brosseau-Fournier, café Paquebot

Depuis ce matin, jeudi, ce dernier avait mis de l’avant des mesures encore plus draconiennes pour servir ses clients : cafés pour emporter seulement, pas plus que trois clients à la fois dans le café, mesures d’hygiène fortement accrues... Autant dans les cafés que sur le site web — l’entreprise est associée avec le torréfacteur Zab, et offre la livraison gratuite de ses produits —, il dit avoir remarqué une forte augmentation des ventes de café en grains. « En ligne, ça marche à fond, on a doublé les ventes cette semaine. »

Pista aussi torréfie son café et le vend sur sa boutique en ligne, ce qui lui assure un certain revenu durant cette crise, mais Maxime Richard, un des trois copropriétaires, a surtout passé les derniers jours à essayer de « sauver les meubles » alors que ses ventes de cafés ont diminué de 80 % dans ses établissements. Il a fermé sa succursale du centre-ville pour se concentrer sur celles de Beaubien et de Masson, qui vient tout juste d’ouvrir et où se fait désormais la torréfaction. Pour l’instant, il sert du café et de la nourriture pour emporter, et vend des sacs en grain et aussi en vrac (sur Masson seulement), en plus des ventes en ligne.

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La succursale de la rue Masson du café Pista est encore ouverte. On peut s’y ravitailler en café en sacs et en vrac.

« Côté web, c’est la folie furieuse. On a même réintroduit les gros formats, car les gens n’achètent pas juste des 300 grammes ! On veut vraiment miser sur le web, proposer différentes vidéos pour continuer à les éduquer, sur comment faire son extraction à la maison, par exemple », ajoute-t-il.

« Il faut fermer »

De jour en jour, la liste des cafés qui décident de cesser temporairement leurs activités s’allonge. Jeudi, le café Myriade a fermé ses trois adresses. « On est quand même un lieu de rencontre et de passage. Avec tout ce qui se passe présentement, on a préféré fermer par précaution pour notre santé, celle des employés et du public », explique Jean-Philippe Plourde, copropriétaire.

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Le bar à café Melk de Saint-Urbain est fermé depuis le début de la semaine, ainsi que celui de la rue Stanley. Suivra sans doute très bientôt celui de Monkland.

Le Melk, qui possède trois adresses à Montréal, n’opère plus que celle sur Monkland, mais Dominique Jacques, copropriétaire, croit qu’il devrait cesser ses activités d’ici samedi. « En ce moment, 70 % de notre chiffre d’affaires vient de la vente de cafés en sacs. On reste ouvert surtout pour se débarrasser de notre inventaire et éviter d’avoir trop de pertes : on vend nos pintes de lait bio en bas de notre « cost » et nos pâtes à scones congelées. On est tous là-dedans ensemble et on se parle beaucoup entre propriétaires de cafés. Chacun sa décision, mais je pense qu’il faut fermer, même si le gouvernement ne nous y oblige pas. Il devrait y avoir des directives claires. »

> Consultez le site du Café Saint-Henri : https://sainthenri.ca/

> Consultez le site du Café Pista : https://www.cafepista.com/

> Consultez le site du Café Paquebot : https://www.paquebot.ca/

> Consultez le site du Myriade : http://www.cafemyriade.com/wp/

> Consultez le site du Melk : https://melk.cafe/