Au lendemain des élections, l’île de Montréal apparaît plus isolée que jamais, rouge, avec un cœur orange et deux touches de bleu, au milieu d’une mer bleu caquiste.

Le Parti libéral du Québec (PLC), qui s’est effondré presque partout ailleurs, a résisté à l’assaut caquiste dans l’île en conservant 17 des 19 sièges qu’il détenait le 3 octobre au matin. Au moment de publier, la seule circonscription qu’il avait perdue, Maurice-Richard, n’a toutefois pas été ravie par la Coalition avenir Québec (CAQ), mais bien par Québec solidaire (QS). Dans Verdun, QS détenait également une légère avance face à la porte-couleurs libérale.

Cela fait de Montréal un monde à part où se concentrent les bastions des deux formations politiques qui n’ont pas succombé à la vague caquiste. Peu après minuit et demi, 17 des 22 sièges du PLQ sont à Montréal, de même que 7 des 10 circonscriptions remportées par QS.

Contrairement aux rumeurs et aux projections, le PLQ a conservé Saint-Henri–Sainte-Anne, à Montréal, où sa cheffe, Dominique Anglade, s’est fait réélire avec une bonne avance.

Le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, a aussi eu la main heureuse dans Camille-Laurin (anciennement Bourget), où il a gagné malgré des sondages défavorables. Ce bastion péquiste avait été remporté par la CAQ en 2018. Le député sortant, Richard Campeau, l’avait emporté avec une majorité de seulement 500 voix contre le péquiste Maka Kotto.

Le retrait de la candidate solidaire, en fin de campagne, qui a été filmée en train de voler du matériel promotionnel du PQ dans une boîte aux lettres, lui a certainement donné un coup de pouce.

La CAQ perd un siège

Avec cet échec dans Camille-Laurin, la CAQ ne conserve qu’une seule circonscription dans l’île de Montréal, celle de Pointe-aux-Trembles, où la ministre Chantal Rouleau a été réélue.

Le PLQ a aussi perdu des plumes quant aux voix obtenues à Montréal. Ses appuis sont passés de 42,6 %, en 2018, à 36 %, en 2022. QS s’est maintenu avec 22 % des voix, contre 21,6 %, il y a quatre ans. Les appuis à la CAQ ont légèrement baissé, de 18,5 % à 18 %. Le PQ a aussi reculé, passant de 12 % à 10 %. Il va de soi que le Parti conservateur du Québec (PCQ) a fait des gains en récoltant 9 % des voix.

Les luttes ont été extrêmement serrées dans quatre circonscriptions, celles de Maurice-Richard, Camille-Laurin, Verdun et Anjou–Louis-Riel, qui ont changé de main tout au long de la soirée.

Dans Verdun, à 22 h 45, la solidaire Alejandra Zaga Mendez menait avec une avance très mince sur son adversaire, la députée sortante Isabelle Melançon, du PLQ : 6835 contre 6809 voix, avec 136 bureaux de scrutin dépouillés sur 162. Quarante-cinq minutes plus tard, Isabelle Melançon reprenait la tête avec 8056 voix, une avance de 286 voix, et vers minuit et demi, au moment d’écrire ces lignes, la solidaire reprenait la tête.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le solidaire Haroun Bouazzi a ravi Maurice-Richard au PLQ.

Dans Maurice-Richard, une circonscription auparavant détenue par le PLQ, la bataille s’est faite entre QS et la CAQ. C’est le solidaire Haroun Bouazzi qui l’a emporté avec 35,5 % contre 25,5 % pour son plus proche adversaire, la caquiste Audrey Murray.

Anjou–Louis-Riel, une autre circonscription chaude où le PLQ était menacé par la CAQ, a finalement été remportée en fin de soirée par les libéraux. La candidate Chantal Gagnon, qui succédait à la doyenne du caucus libéral Lise Thériault, a battu la caquiste Karine Boivin Roy.