90 députés, mais seulement 41 % du vote. La réélection de la Coalition avenir Québec (CAQ) a vite relancé lundi les débats sur le mode de scrutin dans la province, vu la « distorsion » entre le nombre de sièges des partis et la volonté de la population générale.

« Rarement dans notre histoire nous aurons une telle distorsion entre les sièges et la volonté de la population. […] Rien n’empêche la CAQ de revenir à son engagement initial pour qu’ensemble nous réussissions ce défi de la démocratie », a expliqué le chef péquiste élu dans Camille-Laurin, Paul St-Pierre Plamondon, dans son discours lundi soir.

Plus tôt, le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, avait lui aussi déclaré que la démocratie est « malade », et qu’il faut relancer le débat sur le mode de scrutin au Québec. « GND » avait d’ailleurs accusé M. Legault dans les derniers jours de « profiter du système » pour se faire élire.

Cette élection aurait dû être la première élection où chaque vote compte. Mais un calcul a été fait, une promesse a été rompue. Il faut relancer la réforme du mode de scrutin, il faut que François Legault reconnaisse le problème et s’engage à le régler.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, sur Twitter

Avec 90 députés, le gouvernement Legault représente en effet 72 % des sièges à l’Assemblée nationale, alors qu’il n’a récolté que 41 % des voix, selon les données préliminaires qui étaient disponibles lundi soir. Le Parti libéral du Québec (PLQ), lui, récoltera 21 sièges avec 14 % des voix. À l’inverse, avec 13 % des votes, le Parti conservateur du Québec (PCQ) n’en a aucun. Les péquistes ont 15 % des votes, soit plus que les libéraux, et seulement trois députés. Enfin, Québec solidaire a obtenu 15 % des voix, pour 11 sièges.

« Quelques intellectuels »

En campagne, le premier ministre Legault avait laissé entendre que la réforme du mode de scrutin n’intéresse « personne » mis à part « quelques intellectuels », afin de justifier le fait d’avoir renié sa promesse. Quelques années auparavant, dans l’opposition, il s’était en effet engagé en ce sens s’il était porté au pouvoir. Dans son discours lundi soir, M. Legault n’a pas abordé la question. Idem pour Dominique Anglade.

Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, a quant à lui ouvertement critiqué le mode de scrutin lundi.

M. Duhaime a déploré que son parti soit victime d’une « distorsion démocratique », alors qu’il récoltait presque le même pourcentage des voix que le Parti libéral du Québec (PLQ) qui avait obtenu 20 sièges jusque-là, au moment où il a pris la parole. « Au moment où je vous parle, on a exactement le même pourcentage du vote que le Parti libéral du Québec, mais il manque 20 députés, l’un comparé à l’autre », a-t-il martelé.

« On est pris avec une distorsion démocratique dont il va falloir parler un peu plus tard », a encore avancé M. Duhaime. Son homologue péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, avait lui aussi cité l’exemple des conservateurs durant la campagne électorale, jugeant que le parti devrait avoir des députés à l’Assemblée nationale. Il l’a d’ailleurs redit lors de son discours, lundi soir.

« Il ne faut pas être trop pessimistes ce soir », a néanmoins insisté M. Duhaime, en mettant de l’avant « beaucoup de choses [que son parti] a réussi à mettre au cœur des enjeux politiques du Québec », dont la place du privé dans le système de santé et la pertinence du projet de troisième lien entre Québec et Lévis.