(Fatima, Kuujjuaq) Dominique Anglade a défendu dimanche son choix de terminer sa campagne à Kuujjuaq, dans le Nord-du-Québec, pendant que des châteaux forts libéraux sont menacés dans le Grand Montréal. « Tout le monde compte », a plaidé la leader libérale à la veille du scrutin.

Ayant misé sur un leadership « rassembleur » et « inclusif » pendant toute la campagne, Dominique Anglade estime que la décision de terminer sa course dans Ungava est en ligne droite avec sa stratégie. « Quand on dit de rassembler tous les Québécois, c’est un message qu’on envoie d’être présent sur tout le territoire, et d’envoyer un message très fort à toutes les communautés, dont les communautés autochtones », a-t-elle dit.

Cette stratégie fait néanmoins en sorte que la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ) aura passé plus de temps dans l’avion dimanche plutôt que sur le terrain, la veille du scrutin. « Tout le monde compte », a défendu Mme Anglade dans une réponse en anglais.

La journée avait bien mal commencé pour la cheffe du PLQ alors qu’elle n’est pas parvenue, en 36 jours de campagne, à faire bouger l’aiguille des sondages en sa faveur. Selon le sondage Léger publié dans les médias de Québecor dimanche, sa formation politique récolterait 17 % des intentions de vote.

C’est exactement le pourcentage qu’elle obtenait au moment du déclenchement de la campagne, à la fin du mois d’août. En mêlée de presse aux Îles-de-la-Madeleine dimanche matin, la leader libérale a gardé sa bonne humeur, mais a esquivé les questions au sujet du sort de ses troupes le 3 octobre et des quatre années à venir. Mme Anglade a déjà affirmé son intention de demeurer cheffe du PLQ à l’issue du scrutin.

« J’ai très hâte aux résultats du 3 octobre », a-t-elle affirmé plus tard à Kuujjuaq. Quelles sont ses attentes ? « Beaucoup de sièges pour le Parti libéral du Québec », a-t-elle résumé, sans plus.

Dominique Anglade a lancé un appel aux électeurs indécis, dimanche. « La campagne se termine, c’est ça, la démocratie, je vois beaucoup de personnes qui sont encore des indécis, qui peuvent encore décider où ils veulent aller », a expliqué la cheffe du PLQ.

Ce que je peux vous dire, c’est que notre voix, la voix des Québécois, on veut la porter forte, et qu’il y a une autre manière, un autre style de leadership qu’on a besoin de voir à Québec.

Dominique Anglade, cheffe du PLQ

« Entendre la voix des Autochtones dans l’urne »

Le candidat libéral et ex-maire du village nordique, Tunu Napartuk, a fait valoir l’importance d’amener une voix forte pour les Premières Nations à Québec. « D’être ici à Kuujjuaq et de rester dans le Grand Nord, l’Assemblée nationale est loin, il n’y a pas de connexion », a-t-il expliqué.

D’avoir [la visite] d’une cheffe comme ça pendant la campagne électorale, ça ouvre la porte au dialogue.

Tunu Napartuk, candidat libéral dans Ungava

Selon lui, le gouvernement Legault « tient pour acquises les communautés autochtones de partout au Québec » en n’en faisant pas assez. Il dénonce l’adoption de la réforme de la loi 101, de laquelle les Premières Nations souhaitaient être exemptées. Les libéraux ont voté contre le projet de loi 96. Il ne croit pas non plus à la promesse de la CAQ de déposer un projet de loi pour protéger les langues autochtones.

Il suffit de citer la pénurie de logements sociaux, l’accès aux services de santé et même à l’eau potable pour comprendre qu’ici, les besoins sont énormes. « De mémoire, c’est la première fois qu’un chef de parti vient à Kuujjuaq en campagne électorale », a affirmé Mme Anglade. « Avoir quelqu’un comme Tunu qui pourrait porter la voix d’ici, ce serait vraiment une première, ce serait porteur d’espoir pour toute une génération. »

Mais les libéraux ne sont pas les seuls à avoir Ungava – la plus vaste circonscription du Québec – dans leur ligne de mire. Selon le site de projections Qc125, c’est le député sortant de la CAQ, Denis Lamothe, qui serait en avance avec 35 % des intentions de vote. Le Parti québécois, qui a sur les rangs l’ex-députée fédérale Christine Moore, et le PLQ seraient au coude-à-coude avec quelque 20 % des voix.

Québec solidaire a aussi Ungava sur son radar. La formation de gauche a présenté l’auteure et militante crie Maïtée Labrecque-Saganash. Dominique Anglade ne cache pas qu’elle mise sur le vote des Premières Nations et des Inuits pour l’emporter. « On a besoin d’entendre la voix des Autochtones dans l’urne », a-t-elle expliqué. Mais le taux de participation des Autochtones est réputé pour être faible.

M. Napartuk croit que ce sera plus élevé cette année grâce à sa présence et à celle de Mme Labrecque-Saganash. Ungava, qui comprend la ville de Chibougamau, a un fort passé péquiste, sauf de 2014 à 2018, où la circonscription a été colorée en rouge.