(Sherbrooke) Un gouvernement caquiste serait plus rassembleur en comptant davantage de femmes élues, laisse entendre François Legault, qui a mis de l’avant son équipe féminine au dernier jour de sa campagne.

Dimanche, au moment où un sondage Léger publié dans les médias de Québecor lui accorde 38 % des intentions de vote, à peu près le même pourcentage que celui obtenu aux élections de 2018, le chef caquiste a soutenu qu’il s’attendait à une course plus serrée. « Je pensais que ça se resserrerait plus que ce qu’on voit aujourd’hui », a-t-il affirmé. Il s’est empressé d’ajouter qu’il ne tient « rien pour acquis », appelant les électeurs à se rendre en masse aux urnes lundi.

La Coalition avenir Québec (CAQ) a réuni 44 de ses 69 candidates pour accueillir François Legault à Sherbrooke, l’une des trois escales du jour en Estrie.

Mon ambition, c’est qu’on marque l’histoire avec le plus grand nombre de femmes élues à l’Assemblée nationale.

François Legault, chef de la CAQ

En 2018, 53 femmes ont remporté un siège, ce qui représente 42,4 % des 125 députés de l’Assemblée nationale. Plus de femmes, « ça va changer le style à l’Assemblée nationale », selon M. Legault.

Le chef caquiste a surtout donné la parole à trois candidates, qui l’ont accompagné par la suite dans un point de presse : Caroline St-Hilaire (Sherbrooke), Martine Biron (Chutes-de-la-Chaudière) et Sonia LeBel (Champlain).

« Il faut qu’on soit nombreuses à l’Assemblée nationale, mais aussi, M. Legault, à la table de décision », a insisté Caroline St-Hilaire. François Legault a réitéré son engagement de former un Conseil des ministres composé entre 40 % et 60 % de femmes, « la fameuse zone paritaire ». Il y a 55 % de femmes parmi les 125 candidatures de la CAQ.

Le chef caquiste s’est avancé sur l’impact qu’aurait un plus grand nombre de femmes élues au sein de son gouvernement, s’il est reporté au pouvoir. En se basant sur son expérience personnelle et en se défendant de vouloir « généraliser », il a fait valoir que « souvent les femmes sont plus rassembleuses » et que son « défi » est justement de « rassembler tout le monde » au moment où l’immigration et la défense du français sont des sujets chauds.

« Je pense qu’on a besoin de rassembler au Québec. Je le répète, c’était mon objectif premier en fondant la CAQ : prendre les meilleurs libéraux, les meilleurs péquistes, les meilleurs souverainistes, les meilleurs fédéralistes et les mettre dans la même équipe. Là, on a parlé beaucoup d’immigration, de comment on fait pour protéger le français. Bien, on a un défi de rassembler tout le monde », a-t-il répondu quand on lui a demandé en quoi la présence de plus de femmes changerait l’image de son parti.

« J’ai dit ce que j’avais à dire »

Il n’a pas voulu revenir sur ses propos selon lesquels il serait « suicidaire » pour la nation québécoise d’accueillir plus de 50 000 immigrants par année. Ses adversaires l’ont accusé de semer la division.

« J’ai dit ce que j’avais à dire là-dessus, et ce n’est pas toujours facile de parler de comment on défend le français. Mais pour moi, c’est important », a-t-il dit.

Pour Caroline St-Hilaire, « il faut qu’on en parle positivement », de l’immigration, il s’agit « d’un défi collectif ». Est-ce ce qui a été fait pendant la campagne ? « Somme toute, oui. Des jours que oui, des jours que non. Mais moi-même, je ne suis pas à l’abri des fois d’en parler négativement », a lâché la candidate dans Sherbrooke, ajoutant par la suite que « négativement, ce n’est peut-être pas le bon terme ». Il faut se rappeler, selon elle, que l’on parle d’« individus », et non simplement de « chiffres », lorsque l’on fait le débat sur les seuils d’immigration. L’ex-mairesse de Longueuil et ancienne élue bloquiste, qui était panéliste à l’émission La joute de LCN il n’y a pas si longtemps, tente de déloger la députée sortante Christine Labrie, de Québec solidaire.

En matinée, la candidate caquiste dans Maurice-Richard à Montréal, Audrey Murray, a reconnu que des électeurs l’ont interpellée au sujet de la bourde de Jean Boulet concernant les immigrants. Mais elle estime que « le feeling sur le terrain est très positif » dans l’ensemble.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Audrey Murray, candidate caquiste dans Maurice-Richard

Les gens posent des questions sur l’immigration, et moi je suis capable, je connais bien M. Boulet, de mettre en contexte et de parler de ce qu’on a fait dans les dernières années, ayant été moi-même impliquée dans les politiques publiques d’immigration. M. Boulet a beaucoup fait pour l’immigration. Mon collègue s’est excusé. Les gens m’en parlent, mais à ce moment-ci, les gens écoutent et ont entendu qu’il s’est excusé.

Audrey Murray, candidate caquiste dans Maurice-Richard

Elle préside depuis quatre ans la Commission des partenaires du marché du travail – un organisme qui réunit des représentants des employeurs, des travailleurs et de ministères, entre autres. Elle tente de ravir Maurice-Richard aux libéraux, qui avaient eu une majorité de seulement 530 voix en 2018. Elle a affirmé que, selon les observateurs, son principal adversaire est Haroun Bouazzi de Québec solidaire, vice-président adjoint de la Banque de développement du Canada.

Virée en Estrie

François Legault s’est rendu dans Orford, où il s’est dit nullement inquiet du sort de son candidat, le député sortant Gilles Bélanger, qui affronte l’ex-mairesse de Magog, la libérale Vicki-May Hamm. M. Bélanger avait récolté une majorité de 4569 voix dans cette circonscription qui était un bastion libéral de longue date.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault, chef de la Coalition avenir Québec, au marché public de Magog, dimanche

Dans un bain de foule au marché public de Magog – rare exercice du genre de sa part au cours de la campagne –, François Legault a dit à des citoyens qu’il s’attend à des luttes « serrées » dans Laporte et Verdun, deux châteaux forts libéraux.

Il a fini sa campagne dans Saint-François, avec la visite d’un verger de Compton. Québec solidaire est à l’offensive dans cette circonscription où il présente la Dre Mélissa Généreux, ex-directrice de santé publique de l’Estrie et professeure à la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke. La députée sortante, la caquiste Geneviève Hébert, l’avait emporté avec une majorité confortable de 4450 voix en 2018.