(Chibougamau) François Legault se défend de mener une mauvaise campagne et accuse même « quelques analystes », qu’il refuse de nommer, d’assimiler à du « racisme » sa défense de la langue française et des valeurs québécoises. S’il est réélu, il compte mobiliser les Québécois afin de rapatrier d’Ottawa des pouvoirs en immigration, restant flou sur les moyens, mais laissant planer la possibilité d’un référendum sectoriel.

Le chef caquiste a profité d’un déjeuner en compagnie d’élus et d’entrepreneurs de Chibougamau samedi pour dresser un bilan de sa campagne.

Alors que « depuis le début de la campagne il se dit toutes sortes de choses » sur sa performance, il estime avoir mené « la meilleure campagne pour répondre aux préoccupations des Québécois ». Il ajoute que « la majorité des Québécois pensent » la même chose, même si un récent sondage Léger a montré qu’à peine 11 % des répondants croyaient que le chef caquiste faisait la meilleure campagne (contre 24 % pour le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon).

Il s’attribue le titre du chef qui a « le plus parlé d’éducation » et a « le meilleur programme » pour aider les Québécois à traverser la crise de l’inflation.

« Et malgré ce que certains disent, ce n’est pas parce qu’on pense qu’il y a un besoin pour un troisième lien entre Québec et Lévis qu’on est contre l’environnement. Il y en a qui font des raccourcis [en disant que] la preuve que la CAQ ne tient pas à l’environnement, c’est qu’ils font un troisième lien. On [en] a besoin, mais il y a des gens qui n’aiment pas ça, qu’est-ce que vous voulez ! », a-t-il plaidé devant des habitants du Nord-du-Québec.

Puis il s’est dit injustement traité par des observateurs. « L’autre sujet que certains n’aiment pas, c’est la langue et nos valeurs. Certains disent : “Legault a fait ci, il a dit ci, il a dit ça.” Moi, je pense que la majorité des Québécois veulent qu’on protège notre langue et nos valeurs. On est là où sont les Québécois, pas quelques analystes qui disent le contraire et qui associent ça à du racisme. Ce qu’on veut, c’est protéger notre langue et nos valeurs. »

En conférence de presse, François Legault n’a pas voulu nommer les « analystes » en question. « Ceux à qui le chapeau fait, qu’ils le portent », a-t-il répondu. Il n’a pas voulu répéter que certains l’accusent de racisme, se contentant de dire que certains faisaient des « amalgames avec le fait qu’[il veut] défendre les valeurs québécoises et la langue française ». « Il y en a qui n’aiment pas ça », a dit le chef caquiste, qui affirmait il y a quelques jours que ce serait « un peu suicidaire » pour la nation québécoise d’accueillir plus de 50 000 immigrants.

Il soutient avoir eu « le courage de dire ouvertement » qu’il faut défendre le français et les valeurs québécoises, même si le sujet est « délicat ».

Le chef caquiste n’a pas voulu donner de définition des valeurs québécoises qu’il veut protéger. « Je n’embarquerai pas là-dedans, vous savez ce que ça a donné quand j’ai essayé de le faire », a-t-il lâché. Il avait associé immigration et violence, puis avait dû présenter des excuses.

Un référendum ?

François Legault demande « un appui fort des Québécois » pour lui permettre de relancer sa demande à Ottawa d’obtenir plus de pouvoirs en immigration, pour la sélection des travailleurs étrangers temporaires et des nouveaux arrivants issus du programme de réunification familiale. Il voudrait, par exemple, que le conjoint ou tout autre membre de la famille d’un immigrant installé au Québec connaisse ou apprenne le français avant de le rejoindre ici.

S’il est reporté au pouvoir, il entend « rassembler les Québécois autour de cette idée d’avoir plus de pouvoirs au Québec pour choisir les nouveaux arrivants ». « Il en va de l’avenir du français », selon lui.

Il demeure toutefois flou sur les moyens d’atteindre son objectif. Lors du dernier congrès de son parti en mai, il avait évoqué la tenue d’états généraux ou d’une commission de style Bélanger-Campeau afin de mobiliser la population autour de l’enjeu. Il disait que la tenue d’un référendum sur le sujet n’était « pas dans les plans ».

Aujourd’hui, il laisse planer la possibilité d’un référendum. « Ce n’est pas dans les plans, mais je suis ouvert. Donc il n’y a pas de plan pour faire ça dans six mois. Être ouvert, ça veut dire que ce n’est pas exclu. Mais il n’y a pas de plan, de séquence de prévus », a-t-il affirmé.

Quant à la mise sur pied d’une commission, « il n’y a rien pour l’instant de défini, mais on n’est pas fermés aux différentes possibilités ».

François Legault s’est engagé de nouveau à terminer son mandat s’il est reporté au pouvoir. Il se dit prêt à en solliciter un troisième si sa santé le lui permet.