(Tadoussac et Gatineau) Paul St-Pierre Plamondon a exclu vendredi Pierre Vanier et Catherine Provost de son équipe de candidats parce qu’ils ont écrit et partagé des propos antimusulmans. Ils ne retireront toutefois pas leurs candidatures et resteront associés au Parti québécois (PQ) sur les bulletins de vote pour des raisons légales. Aux yeux de Gabriel Nadeau-Dubois, le chef péquiste n’a donc pas pris une « vraie décision ».

« Je vais le plus loin que je peux dans les pouvoirs que j’ai et dans ce que la loi dit. […] C’est une décision qui leur appartient. […] C’est pas la décision du chef. Ça me semble assez clair que dans l’éventualité d’une élection, ils seront députés indépendants », a déclaré vendredi le chef du PQ lors d’une mêlée de presse à Tadoussac.

Le Journal de Montréal a révélé que M. Vanier, qui a notamment occupé les fonctions d’attaché politique de Nicolas Marceau, ancien député péquiste de Rousseau, a tenu de nombreux propos controversés. « Pourquoi les femmes occidentales choisissent de se draper dans ces accoutrements ? Comme le disait une de mes collègues : elles manquent un 15 minutes de pas cuit dans la caboche », a-t-il écrit en 2016.

« Donnez un marteau à un souverainiste, il se bâtira un pays. Donnez un marteau à un musulman, il tuera la démocratie. Donnez un marteau à un idiot utile, il le donnera au musulman », a écrit M. Vanier dans un message publié en 2015. Il a également affirmé, en 2016, que « l’islam, c’est l’islam partout. C’est la même religion, les mêmes lois, et les mêmes buts. Dominer et écraser les infidèles ».

Sa conjointe, Catherine Provost, est également candidate dans la circonscription de L’Assomption. Lors d’une vérification au cours de la journée de vendredi, l’équipe de Paul St-Pierre Plamondon a découvert qu’elle avait partagé le même type de contenu.

Médias sociaux

S’il les a exclus du PQ, le chef a accepté leur décision de continuer leur campagne et ne leur a pas demandé de se retirer, comme ça avait été le cas par exemple pour la candidate de Québec solidaire dans Camille-Laurin, Marie-Eve Rancourt.

« C’est au peuple de choisir. Eux font valoir – il faut entendre cet argument – qu’on ne peut pas juger une personne, et ils s’excusent, on ne peut pas juger un individu et sa campagne entièrement sur un évènement, une publication de 2015 », a dit le chef péquiste. Notons toutefois qu’il s’agit de plusieurs publications, faites en 2015 et 2016.

M. St-Pierre Plamondon a ajouté « qu’on ne peut pas changer le bulletin, et [qu’il n’a] pas le pouvoir comme chef de retirer une candidature », et que « c’est au candidat de prendre la décision ».

Son équipe s’engage à redonner les sommes versées par le Directeur général des élections pour les votes obtenus dans ces deux circonscriptions.

Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, réfute ces explications. Selon lui, son adversaire péquiste refuse de prendre une « vraie décision ». « Soit M. Plamondon les garde dans son équipe, […] soit il décide de les retirer de son équipe et dans ce cas, qu’il ne ramasse pas leurs votes », a-t-il dit.

M. Nadeau-Dubois a également rappelé que les votes donnés à un parti sont pris en compte lorsque vient le temps de déterminer l’ordre des partis de l’opposition au Parlement, lorsque deux formations politiques ont le même nombre de députés.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

« M. Plamondon dit aujourd’hui : “Je les exclus”, mais dans les faits, les votes que les gens vont enregistrer vont compter comme des votes du Parti québécois. Sur le plan du financement politique, mais également s’il faut départager le rang des partis à l’Assemblée nationale. C’est pour ça que je dis que ce n’est pas une vraie décision », a dit le chef parlementaire sortant de QS.

Message antimusulman

S’il reconnaît que son parti devrait faire un « post-mortem » sur son processus de sélection de candidats, M. St-Pierre Plamondon a paru irrité de ce nouvel embarras lié à des propos passés de ses candidats sur les médias sociaux.

« Les médias sociaux appauvrissent notre campagne électorale. On n’est pas en train de parler d’orientation et de choix de société, on est en train de parler de tweets, de likes et de publications Facebook qu’on déterre de je sais pas quelle année et ça prend tout l’espace, et pendant ce temps, on ne débat pas des choses fondamentales », a-t-il déploré.

« Ce sont des propos qui s’attaquent clairement à certains Québécois à cause de leur religion. C’est clairement des propos islamophobes, c’est une évidence. Ce sont des propos antimusulmans », a pour sa part affirmé M. Nadeau-Dubois.