L’ex-candidate de Québec solidaire Marie-Eve Rancourt, qui s’est retirée de la campagne pour avoir dérobé un dépliant du Parti québécois (PQ), pourrait devoir faire face à la justice. Si une plainte n’est pas requise, un dossier de preuves plus fouillé devrait toutefois être déposé. Gabriel Nadeau-Dubois, lui, n’entend pas suggérer à ses militants pour qui voter.

« Toute accusation commence soit par une plainte, soit par une enquête policière. S’il n’y a pas de plaintes, il faudrait donc que le SPVM décide par lui-même d’enquêter, en allant poser des questions aux voisins par exemple », explique à La Presse l’avocate en droit criminel MNada Boumeftah.

Elle soutient toutefois que dans bien des cas de vols de courrier, même des plaintes peuvent être insuffisantes. « Là, ça frappe l’imaginaire, parce qu’on touche le concept de démocratie et d’accès à l’information. Mais la police ne se base pas là-dessus pour agir ou pas. C’est d’abord une question de preuves requises. Ça suivrait le système de justice comme les autres dossiers », rappelle la juriste.

Lundi, la candidate solidaire dans Camille-Laurin, une circonscription de l’est de Montréal, a annoncé qu’elle se retirait de la course après qu’une vidéo d’elle eut été publiée la montrant voler un dépliant laissé par une bénévole du Parti québécois (PQ) dans une boîte aux lettres. Mme Rancourt s’est excusée pour son geste, avant de s’exclure de la course peu après.

Guy Misson, le citoyen qui avait publié la vidéo initiale, avait confirmé sur Facebook lundi qu’il ne porterait pas plainte. « J’avais quand même pris la décision d’aller porter plainte à la police demain matin, mais étant donné votre décision de vous retirer, je vais m’en abstenir. Les conséquences de votre geste sont largement suffisantes », a-t-il jugé.

Des nuances à apporter

« Ce n’est pas parce que c’est publié sur Facebook que la police va nécessairement se lancer là-dedans », nuance encore MBoumeftah. « Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) ne peut pas porter plainte sans que ça passe par la police », insiste-t-elle.

La porte-parole du DPCP, MPatricia Johnson, va aussi en ce sens. « Advenant qu’un dossier soit soumis à notre attention pour fins d’analyse par le corps policier, un examen rigoureux des éléments de preuve recueillis sera mené afin de déterminer si une poursuite criminelle peut et doit être intentée », indique-t-elle dans un courriel, avouant toutefois que son groupe « ne détient pas d’information publique concernant cet évènement » pour l’instant.

Au moins deux articles du Code criminel couvrent en théorie l’acte commis par Marie-Eve Rancourt : l’article 356,1. A sur le vol de courrier, ou encore l’article 334. B, qui encadre le vol de biens valant moins de 5000 $.

« De façon générale, le DPCP ne peut émettre publiquement un avis juridique pour une situation donnée. En l’espèce, un tel avis nécessiterait une analyse approfondie de toutes les circonstances entourant la commission présumée d’une infraction », ajoute encore Mme Johnson à ce sujet.

Au SPVM, on se refuse pour l’instant à confirmer ou infirmer qu’une plainte a été déposée, ou si une enquête a été ouverte, le tout « pour des raisons de confidentialité ».

Pas de directive, dit Nadeau-Dubois

« C’est malheureux, je pense que c’est le moins qu’on puisse dire. On ne donnera pas de directive de vote pour les électeurs […]. Je fais confiance à l’intelligence des électeurs et je les laisse faire leur choix », a par ailleurs expliqué mardi le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

M. Nadeau-Dubois ne considère pas que cet évènement, qui a monopolisé sa journée de lundi, aura des répercussions sur ses derniers jours de campagne.

Le chef parlementaire sortant du parti rencontre mardi le maire de Québec, Bruno Marchand. Il participera ensuite à une activité militante dans la circonscription de Saint-François, à Sherbrooke, où son parti fait tout ce qu’il peut pour faire élire sa candidate vedette, la médecin spécialiste en santé publique Mélissa Généreux.

Au cours des prochains jours, Québec solidaire se rendra également dans la circonscription de Hull, en Outaouais, où le parti de gauche estime avoir des chances d’obtenir le siège dans une lutte à trois avec la CAQ et le Parti libéral.