Des associations patronales et syndicales de pompiers québécois réclament que les chefs politiques s’engagent à augmenter le nombre de cancers reconnus comme maladies professionnelles. Trois larges associations déplorent que le Québec « tire actuellement largement de l’arrière » sur ce plan.

« L’Ontario a déjà reconnu pas moins de 19 cancers comme maladies directement liées au travail de pompier, et continue à en reconnaître d’autres ponctuellement », affirme le président du Regroupement des associations de pompiers du Québec (RAPQ) et de l’Association des pompiers de Montréal, Chris Ross.

Pendant ce temps, le Québec n’en a reconnu que neuf, déplore le porte-parole, pour qui le Québec est en « retard » par rapport aux autres provinces canadiennes, mais aussi plusieurs États américains.

D’après M. Ross, « il est grand temps […] que le système suive le principe de la justice réparatrice, selon lequel un préjudice doit être réparé », surtout que les pompiers sont parmi les professions les plus à risque de développer des cancers, dit-il.

Deux coprésidents de l’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec (AGSICQ), Jean Bartolo et Jean Melançon, ont aussi réclamé mardi des engagements électoraux en ce sens. « Le travail des pompiers les amène à affronter plus que jamais des risques de contracter toutes sortes de cancers, compte tenu de la présence de plus en plus généralisée d’éléments chimiques et synthétiques nocifs dans les matériaux de construction d’immeubles et grands complexes immobiliers », ont-ils expliqué.

En plus grand nombre que jamais

Mi-septembre, 24 pompiers montréalais décédés de cancers qui l’auraient vraisemblablement contracté dans l’exercice de leurs fonctions ont été inscrits sur le monument de la Fondation canadienne des pompiers morts en service (FCPMS), à Ottawa. M. Ross affirme que les pompiers québécois et canadiens « meurent en plus grand nombre que jamais auparavant de cancers ».

Sylvain Côté, le président du Syndicat des pompiers et pompières du Québec (SPPQ-FTQ), soutient quant à lui que ses membres ne peuvent tout simplement « plus tolérer que tant de cancers ne soient pas reconnus par la Loi sur la santé et la sécurité du travail ».

Un site web a d’ailleurs été mis en ligne mardi afin « d’interpeller les candidats aux élections provinciales sur les besoins et enjeux réels du métier de pompiers ». « Le Québec doit se doter d’un registre provincial des cancers afin de documenter l’étendue du problème chez les pompiers », y demandent aussi les trois groupes.

Depuis octobre 2017, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) impose à ses pompiers des « procédures opérationnelles » de décontamination des équipements de protection : douches portables à la sortie des immeubles en flammes, brossage immédiat des habits de combat pour en retirer les toxines et procédure méticuleuse de retrait du casque. Une première étude menée auprès de 30 000 pompiers américains avait établi, dès 2013, un lien direct entre le métier et certains types de cancer.

Avec Tristan Péloquin, La Presse