(Gaspé) S’il est reporté au pouvoir, François Legault entend « faire de la place » aux partis d’opposition qui veulent travailler « de bonne foi », en les consultant pour obtenir leurs « suggestions ». Son offre de collaboration n’est toutefois assortie d’aucune garantie, d’aucun engagement concret. Et il ferme la porte à une réforme du mode de scrutin, peu importe les distorsions que pourrait montrer le résultat du 3 octobre.

En conférence de presse à Gaspé mardi, le chef caquiste a affirmé qu’une lutte à deux oppose sa formation et le Parti québécois dans la région, un message qu’il a réitéré à Sept-Îles et à Baie-Comeau sur les terres péquistes de la Côte-Nord. « Je pense que l’économie est plus une priorité pour les Québécois qu’un référendum », a-t-il plaidé dans Gaspé, tout comme dans Duplessis et René-Lévesque.

François Legault a cependant reconnu qu’un Québec indépendant serait « viable », en raison de « notre niveau de richesse [qui] est relativement élevé si on se compare avec les autres pays dans le monde ». Ce serait toutefois « un gros défi financier » selon lui, en raison des 10 milliards de péréquation que le gouvernement québécois reçoit d’Ottawa.

À quelques jours du scrutin, et au moment où il caracole toujours en tête dans les sondages, François Legault a fait une offre de collaboration aux autres partis advenant sa victoire.

« Je me vois quand même un rôle, si je suis élu comme premier ministre le 3 octobre, de rassembler, de travailler avec les oppositions. Il y a des bonnes idées, entre autres sur l’environnement, sur la protection du français. Je veux travailler avec les oppositions, et c’est ça que les Québécois souhaitent », a-t-il affirmé.

Il n’a pas précisé quelles sont ces bonnes idées. Il a décrié les plans verts des autres partis depuis le début de la campagne, mais il se dit ouvert à des mesures qui seraient susceptibles de réduire plus rapidement les émissions de gaz à effet de serre.

La forme que prendrait cette collaboration, « c’est à déterminer ». « Ce que je veux, c’est les consulter. Donc, travailler avec eux autres, et s’ils sont ouverts, les rencontrer régulièrement pour avoir leurs suggestions. »

M. Legault militait, avant son arrivée au pouvoir, pour que des projets de loi de l’opposition soient étudiés à l’Assemblée nationale. « Je n’exclus pas ça », s’est-il contenté de répondre mardi.

« Il y aura des chefs parlementaires, et on va travailler avec eux autres pour leur faire de place. Je vais travailler avec tout le monde qui est de bonne foi pour faire avancer le Québec. »

Au cours de son mandat, ses adversaires sont loin d’avoir salué sa collaboration : ils l’ont plutôt accusé de faire preuve d’arrogance. « Je ne pense pas que les Québécois me voient comme étant arrogant, a répondu M. Legault. Dans faits, je suis quelqu’un qui est à l’écoute. »

Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, est loin d’être de cet avis. Dans un point de presse à Québec, dans la circonscription de Jean-Talon, le chef parlementaire du parti a prévenu son vis-à-vis caquiste qu’il s’opposerait à ses nombreux engagements autoroutiers, entre autres, qui nuisent selon lui à la lutte contre les changements climatiques.

« Cette élection est cruciale pour l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, mais ce n’est pas la fin des haricots. Le 4 octobre au matin, peu importe où on est au Salon bleu, il va falloir qu’on travaille ensemble pour régler la crise climatique », a-t-il dit.

« François Legault n’a pas démontré, dans son premier mandat, de volonté de travailler avec les autres partis politiques sur la question de l’environnement, et je trouve ça dommage. Aujourd’hui, en campagne électorale, il nous promet qu’il va le faire. J’accepte sa main tendue », a-t-il ajouté.

La cheffe libérale Dominique Anglade considère que le refus répété de François Legault de rendre publiques les études sur le troisième lien montre qu’il n’est pas prêt à collaborer dans les faits. « Quand on me parle d’un François Legault qui veut collaborer, on voit là un bon exemple » où il ne collabore pas, a-t-elle lancé.

« S’il y a une chose que François Legault nous a démontrée, c’est sa non-volonté de collaborer, avec le fédéral, les villes, les partis d’opposition… Ce n’est pas son style de leadership celui de la collaboration, il veut nous imposer ses idées, il ne veut pas collaborer », a-t-elle ajouté.

Non à une réforme du mode de scrutin

S’il est réélu, François Legault rejette l’idée de faire une réforme du mode de scrutin, peu importe les résultats du 3 octobre. « Ce n’est pas une priorité pour les Québécois », il y a bien du travail à faire en économie, en santé et en éducation, a-t-il répondu, reprenant les mêmes arguments qu’il avait utilisés pour briser sa promesse de 2018.

François Legault a profité de son passage à Gaspé pour s’engager à investir 26 millions dans le secteur de la chasse et de la pêche. Il réduirait de 50 % le coût du permis pour les 65 ans et plus, par exemple.

Avec Fanny Lévesque et Hugo Pilon-Larose, La Presse