(Québec) Les adversaires du chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, exigent unanimement mardi que le premier ministre sortant dévoile les études qu’il détient sur le projet de troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis, alors que le gouvernement aurait obtenu des données préliminaires en 2021 sur un lien de centre-ville à centre-ville. M. Legault affirmait pourtant le contraire il y a quelques jours.

Selon Radio-Canada, le gouvernement Legault a en main depuis 2021 des données préliminaires qui lui ont été fournies par le consortium Groupe Mobilité Inter-rives, responsable de mener une étude d’opportunité sur le troisième lien caquiste. Cette révélation contraste avec les propos du chef de la CAQ, qui affirmait encore récemment qu’il n’avait aucune étude sur son projet. M. Legault a promis de publier les données une fois les études complétées. La Presse avait révélé à la mi-septembre que le MTQ avait accordé au moins sept contrats d’études externes, dont le coût s’élève à 28 millions, dans le dossier du troisième lien.

« M. Legault a menti, a dénoncé Éric Duhaime. Il a menti à des millions de Québécois à plusieurs reprises, notamment lors des deux derniers débats et notamment lors de notre échange à Tout le monde en parle dimanche soir. »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Éric Duhaime

Le chef de la Coalition avenir Québec a reconnu il y a environ deux semaines qu’il n’existait aucune étude pour son projet de tunnel à quatre voies du centre-ville de la capitale nationale au centre-ville de Lévis. Cette nouvelle version de son projet avait été présentée à la mi-avril. Sa facture s’élèverait à 6,5 milliards.

« M. Legault a des études en main, a répété le chef conservateur. Aujourd’hui, il doit les livrer, il doit les montrer à la population. On va voter dans six jours. »

Éric Duhaime réclame depuis des semaines le dévoilement des études sur le troisième lien avant le scrutin du 3 octobre. Il croit qu’elles appuieraient plutôt son projet de pont avec une autoroute qui traverserait l’île d’Orléans.

PHOTO KAROLINE BOUCHER, LA PRESSE CANADIENNE

Gabriel Nadeau-Dubois

De passage à Québec mardi, où il tente de s’imposer comme la seule alternative « écologique » à la CAQ, le chef parlementaire sortant de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a levé le ton. « Ça suffit les cachotteries ! », a-t-il tonné.

« On a le droit d’être pour le troisième lien. On a le droit d’être contre le troisième lien. C’est un débat important dans la région de Québec. [Mais] qu’on soit pour ou qu’on soit contre, les gens ont le droit de savoir combien ça va coûter, les gens ont le droit de savoir c’est basé sur quelles données », a-t-il dit.

« Ça manque de sincérité »

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Paul St-Pierre Plamondon

Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part dénoncé mardi le « manque de sincérité et de transparence » de François Legault. Selon lui, le chef de la CAQ manque ni plus ni moins de respect « pour l’intelligence de la population ».

« On ne peut pas se fier aux déclarations de François Legault. […] Ce sont des fonds publics qui ont financé ces études. Elles appartiennent aux gens. Elles sont financées et payées par les gens. Ça appartient aux gens. Il n’y a aucune excuse. Ce qu’il nous dit, c’est : ah oui, c’était avant la pandémie. On a tout compris ça. Montrez-nous ce qui a été fait », a-t-il affirmé.

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Dominique Anglade

La cheffe libérale, Dominique Anglade, considère pour sa part que le refus répété de François Legault de rendre publiques les études sur le troisième lien montre qu’il n’est pas prêt à collaborer dans les faits.

« C’est clair qu’il cache les données. Des études, pas d’études, pas les bonnes études… On a tout entendu là-dessus. C’est inadmissible comme ce dossier-là est géré. Quand on me parle d’un François Legault qui veut collaborer, on voit là un bon exemple » où il ne collabore pas, a-t-elle lancé.

Mardi, François Legault a refusé de rendre publiques les données préliminaires. Il plaide que cette étude de 2021 ne porte pas sur la nouvelle mouture de son projet présentée en avril. « On a une étude qui est en cours sur un projet de tunnel à quatre voies Québec-Lévis qui tient compte des impacts de la pandémie, entre autres avec le télétravail. Et dès que cette étude sera complétée, elle sera rendue publique », au début de 2023, a-t-il réitéré.

Avec Tommy Chouinard, La Presse