(Joliette et Rimouski) Le chef caquiste, François Legault, est paternaliste et divise les Québécois en affirmant qu’il est « malheureux » que les jeunes se soucient autant de l’environnement, dénoncent Gabriel Nadeau-Dubois et Paul St-Pierre Plamondon.

Gabriel Nadeau-Dubois accuse le premier ministre sortant, François Legault, de faire comme s’il connaissait mieux les priorités des jeunes qu’eux-mêmes. Le co-porte-parole de Québec solidaire (QS) a sursauté dimanche en lisant dans les médias de Québecor la déclaration de François Legault. « Ce que je trouve malheureux, c’est que pour les jeunes, la priorité, ça ne devrait pas juste être l’environnement, ça devrait être l’éducation », a affirmé le chef caquiste.

« Quel paternalisme », a tonné M. Nadeau-Dubois, de passage à Rimouski.

« Les jeunes n’ont pas besoin de se faire dire quoi penser par François Legault. Ils ont besoin d’un premier ministre qui les écoute. François Legault trouve ça malheureux que la priorité des jeunes soit l’environnement. Savez-vous ce qui est malheureux ? [C’est] que le Québec a été gouverné pendant quatre ans par quelqu’un qui pense mieux connaître que les jeunes [leurs] priorités », a-t-il dit. M. Nadeau-Dubois estime que la « principale menace à notre avenir collectif », ce sont les « changements climatiques ».

Selon le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, il est évident que François Legault tente de diviser sur la question de l’environnement avec cette déclaration.

« Comme si on ne pouvait pas se préoccuper de l’éducation en même temps que de s’occuper de l’environnement », a rétorqué M. St-Pierre Plamondon. « Je m’éloigne vraiment de toutes les tentatives de diviser, de monter Montréal contre Québec, ceux qui se préoccupent de l’environnement et ceux qui se préoccupent de l’éducation, ce n’est pas comme ça qu’on fait de la politique », a-t-il dénoncé.

Il reproche également à François Legault de fermer complètement la porte à donner 2 milliards par année aux villes du Québec pour se préparer aux changements climatiques, au moment même que les Îles-de-la-Madeleine sont ravagées par la tempête Fiona.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, à Longueuil, samedi

« À un moment donné, il va falloir le ramener sur Terre », a lancé le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, de passage à La Tuque, en Mauricie. Il a reproché au chef caquiste d’avoir pris l’habitude de gérer « par décrets ». « Les gens ont le droit de penser ce qu’ils veulent et les jeunes ont le droit de penser ce qu’ils veulent. Et leurs priorités, c’est leurs priorités à eux, définies par eux. »

Il a noté que la Coalition avenir Québec était justement moins populaire auprès des 18-34 ans.

Immigration

Une autre déclaration de François Legault dans son entrevue a fait sursauter Paul St-Pierre Plamondon. « C’est délicat, l’immigration, c’est délicat de parler d’immigration, il y en a qui s’amusent rapidement à faire des amalgames », a dit le chef caquiste.

« Je suis renversé par cette déclaration. Il y a quelques mois à peine, c’était une question de survie de la nation québécoise que de rapatrier les pouvoirs en immigration. Quelques mois plus tard, c’est un sujet trop délicat pour qu’on en parle », a déploré le chef péquiste.

Il faut lire entre les lignes, c’est un sujet trop délicat parce qu’il sait très bien qu’il n’obtiendra rien [d’Ottawa]. Le problème, c’est qu’on ne peut pas se fier aux déclarations de François Legault. Il est capable de dire ‟c’est une question de survie de la nation”, et après de dire ‟je ne touche plus à ça, on n’en parle plus”.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Il croit que le sujet de l’immigration n’est pas trop sensible pour en parler en campagne électorale, mais que c’est plutôt François Legault qui n’est pas capable d’en parler correctement.

Même son de cloche pour la cheffe libérale, Dominique Anglade. « C’est [François Legault] qui fait en sorte qu’il n’est pas capable d’aborder ces enjeux-là, a-t-elle déploré. S’il abordait le sujet de l’immigration, le sujet des femmes avec ouverture, il n’aurait pas ces enjeux-là. Quand on parle d’une économie qui est moderne, quand on parle d’avenir, d’une vision, il faut qu’on soit capable d’aller parler de lutte aux changements climatiques, des femmes dans notre économie, de l’immigration, il faut qu’on soit capable d’aborder ces dossiers-là. Jamais je ne fais l’économie de ne pas aborder ces enjeux-là de front. »

Avec Fanny Lévesque et de Mylène Crête, La Presse