(Gatineau) Dominique Anglade désigne son adversaire en Outaouais : la Coalition avenir Québec (CAQ). Les troupes de François Legault ont bien failli rayer le Parti libéral du Québec (PLQ) de la région en 2018. Et à huit jours du scrutin, les voyants sont au jaune dans les deux derniers bastions libéraux.

« La CAQ », répond du tac au tac la leader libérale quand on lui demande qui est son adversaire en Outaouais. « L’adversaire, c’est François Legault. Pour nous, la volonté, c’est de véritablement bien représenter l’Outaouais à l’Assemblée nationale. L’Outaouais a été délaissé dans les quatre dernières années, les résultats en santé et en économie le démontrent », a fait valoir Mme Anglade.

Après dix jours passés dans la métropole, où plusieurs châteaux forts sont menacés, la cheffe du PLQ a mis le cap vendredi vers les derniers bastions libéraux hors du Grand Montréal. Elle a participé vendredi soir à un rassemblement militant – qui a réuni une cinquantaine de personnes – dans un bar de Gatineau (Chapleau). Samedi matin, elle a profité d’un bain de foule dans la circonscription de Hull.

C’est la deuxième fois que Mme Anglade se rendait en Outaouais depuis le début de la campagne.

La lutte est particulièrement corsée dans Hull où la députée sortante, Maryse Gaudreault, élue une première fois en 2008, cherche à obtenir un nouveau mandat. Selon le site Qc125, ce fief libéral pourrait bien passer aux mains de la CAQ le 3 octobre. Le site de projections donne 32 % des intentions de vote à la formation de François Legault et 23 % aux libéraux, en date du 23 septembre.

Autre château fort libéral, Pontiac clignote aussi sur le radar des libéraux. La CAQ chaufferait les troupes libérales dans cette circonscription, selon Qc125. Les projections donnent 39 % au PLQ, tandis que la CAQ est derrière à 30 % dans les intentions de vote, selon l’agrégateur de sondages.

En 2018, la CAQ avait réussi une percée historique en Outaouais en remportant trois des cinq circonscriptions de la région (Chapleau, Papineau et Gatineau), tandis que Pontiac et Hull ont résisté.

« On a eu quasiment [un raz-de-marée caquiste] lors de la dernière élection », admet Mme Gaudreault. « Je pense que ça s’est stabilisé depuis, les gens avaient le goût de changer, d’essayer une autre formation politique. Ces temps-ci, j’entends des gens qui sont incertains [de leur choix] », a-t-elle ajouté en mêlée de presse. Selon elle, les propos de François Legault n’ont pas passé dans sa circonscription.

« Les commentaires de M. Legault par rapport à la cohésion sociale, c’est vraiment venu les déranger. Il y a beaucoup de personnes issues des communautés culturelles, elles sont bien intégrées, elles parlent français, elles contribuent à notre économie et ce n’est pas du tout la réalité que M. Legault voudrait bien faire croire », a décoché Mme Gaudreault.

« La planète Ottawa »

Selon elle, les résidants de l’Outaouais « vibrent un peu plus au rythme d’Ottawa et la valeur fédéraliste est encore très présente » dans la région frontalière avec l’Ontario.

On a une région particulière ici avec notre proximité d’Ottawa. Je dis toujours à la blague : chez nous, c’est la planète Ottawa, c’est pas la planète Québec.

Maryse Gaudreault, députée sortante et candidate libérale dans Hull

Le député sortant de Pontiac, André Fortin, demande d’ailleurs à François Legault de préciser le fond de sa pensée sur la question du fédéralisme. Lors du débat télévisé de Radio-Canada, le chef de la CAQ a refusé de répondre s’il voterait « Oui » lors d’un éventuel référendum sur l’indépendance du Québec.

« Ça démontre qui il est politiquement, ça démontre son évolution politique, ça démontre aux gens s’il a encore cette fibre péquiste qu’il a toujours traînée avec lui. Le fait qu’il n’a pas été capable de répondre, qu’il n’ait pas voulu répondre sur la place publique, ça démontre très clairement qu’il y a encore quelque chose qu’il n’ose pas dire aux Québécois », a soutenu M. Fortin.

Pendant le premier affrontement des chefs à TVA, il avait affirmé que le PLQ n’avait plus le « monopole d’être contre la souveraineté ».

Déficit de popularité

La députée sortante, Maryse Gaudreault, admet que sa cheffe souffre encore d’un déficit de popularité attribuable en partie à la place occupée par la pandémie depuis deux ans. « Les gens qui sont dans le métro-boulot-dodo, eux, ils ne connaissent peut-être pas Mme Anglade comme ils l’ont découverte au cours des derniers jours. Une campagne électorale, c’est aussi ça », a-t-elle dit. « Trente-six jours, ce n’est pas long » pour se faire connaître du grand public, a souligné Mme Gaudreault.