À deux semaines du vote, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) prévient que toute autre option que le « 100 % public » dans le réseau de la santé aurait comme conséquence de « faire payer les contribuables » pour nourrir les profits d’entreprises.

« L’intérêt général de la population doit primer. […] Le financement, la gestion ainsi que l’offre de soins et services doivent être à 100 % public, afin de servir le bien commun », écrit le plus important regroupement syndical du milieu de la santé, comptant 140 000 membres, dans son cahier de revendications paru mardi.

On y rappelle que « les CLSC ont levé la main pour dire qu’ils peuvent en faire plus ». « Nous croyons qu’ils doivent reprendre leur place centrale en première ligne. C’est le meilleur moyen de donner accès à des services de qualité et de proximité ».

Toute autre option que le public aurait comme conséquence de créer un système à deux vitesses, ou encore de faire payer les contribuables pour les profits des entreprises privées.

La direction de la FSSS-CSN

Depuis le début de la campagne, les conservateurs d’Éric Duhaime ne cachent pas qu’ils veulent « permettre l’émergence d’un système privé qui va concurrencer le système public ». Concrètement, « on voudrait faire un projet pilote pour confier la gestion des hôpitaux à des compagnies privées chevronnées », avait évoqué au début du mois de septembre le DKarim Elayoubi, candidat dans Argenteuil, ajoutant que des assureurs privés devraient aussi venir « concurrencer » la Régie de l’assurance-maladie (RAMQ).

La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault veut aussi faire davantage de place au privé en santé en construisant deux centres médicaux, dans l’est de Montréal et à Québec, qui seraient entièrement supervisés par des entreprises. Ces « minihôpitaux » privés seraient entièrement couverts par la RAMQ en termes de soins, mais leur construction et la gestion relèveraient du privé.

Québec solidaire et le Parti québécois, eux, s’accordent : plus de privé en santé n’est pas souhaitable. Chez les libéraux, on seconde, avec une exception toutefois : le privé peut permettre d’accélérer certaines chirurgie, selon Dominique Anglade.

De l’importance des conditions de travail

Pour la FSSS-CSN, la réalité demeure toutefois que « les services offerts par le privé coûtent plus cher, car il doit y avoir une marge de profit pour que cela soit rentable ». « Même si c’est le gouvernement qui paye via la carte soleil, finalement c’est la société qui paye et ce n’est pas ce que nous voulons », avance le syndicat.

Son président, Réjean Leclerc, rappelle d’ailleurs qu’il faut d’abord s’attaquer aux conditions de travail dans le réseau public, que plusieurs professionnels ont quitté ces dernières années pour le privé, où les salaires sont souvent plus enviables.

« Les gens qui travaillent en santé le font avec cœur, mais s’ils doivent travailler comme sur une chaîne de montage, il y a une perte de sens. Les soins doivent impérativement être réhumanisés. Ça passe aussi par la collaboration entre les différents secteurs et la pleine utilisation des compétences de chacun », soutient-il.

M. Leclerc et ses troupes revendiquent également une « plus grande contribution de la population et du personnel » dans les décisions impliquant l’organisation et la gestion des soins. « Ce sont eux les mieux placés pour proposer les meilleures solutions, puisque c’est la réalité de leur milieu et qu’ils en vivent les impacts directs. Une décentralisation de l’organisation des soins et services est nécessaire afin de prendre en considération les réalités locales », évoque aussi le président.