(Sept-Îles) Le Parti québécois (PQ) veut taxer les surprofits des sociétés pétrolières, mais assure que ces dernières n’enverraient pas la facture aux automobilistes grâce à la création d’un bureau de la concurrence québécois.

« Non. Aucunement. On ajoute un bureau de la concurrence avec des dents. Vous allez voir les prix chuter. […] Aussitôt que le bureau de la concurrence commence à faire son travail, vous allez voir une chute des prix, et ça veut dire qu’il y a de l’argent qui reste dans les poches des Québécois », a expliqué le chef Paul St-Pierre Plamondon lors d’un point de presse à Sept-Îles, avec comme toile de fond les réservoirs d’hydrocarbures de l’Imperial Oil.

Le Parti québécois veut taxer de 25 % les surprofits des sociétés pétrolières et estime qu’il engrangera ainsi 1 milliard dès l’an prochain. Il s’appuie sur la définition du groupe de pression Canadiens pour une fiscalité équitable, qui veut notamment « transformer les profits records du pétrole et du gaz en réductions des coûts pour les familles canadiennes ».

Le calcul est le suivant : il compare sur 10 ans les profits de la meilleure demi-année par rapport à la deuxième. La marge entre les deux désigne le surprofit, considéré comme étant exagéré par rapport à la moyenne historique de l’industrie. Cette année, ce surprofit causé par l’avidité des pétrolières serait de 22 milliards au Canada. Le Parti québécois divise cette somme par cinq, puisque le Québec consomme 20 % des hydrocarbures au pays. Puis, il frappe ce magot d’une surtaxe de 25 %.

Multinationales sans scrupules

Pour justifier cette mesure fiscale, M. St-Pierre Plamondon plaide l’urgence. « Une des sources les plus importantes de l’inflation se situe dans notre inaction gouvernementale vis-à-vis de ces pétrolières », a-t-il expliqué.

Face à ces « multinationales sans scrupules » qui « pompent » notre argent « dans les paradis fiscaux », M. St-Pierre Plamondon oppose son « courage » et son « honnêteté intellectuelle ». « Ça nous tient en otage », a lancé le chef péquiste.

Au débat des chefs de la semaine passée, le chef caquiste François Legault a accusé M. St-Pierre Plamondon de proposer une taxe sur l’essence, et l’a questionné sur l’effet de cette mesure sur le prix à la pompe. Il estime que les pétrolières refileront directement ce prélèvement de l’État aux automobilistes.

Pas d’effet sur le prix

« Il me parlait d’une taxe sur l’essence. On n’ajoute pas de taxe sur l’essence. Il n’en a jamais été question. J’ai répondu de manière très transparente. Il y aura une imposition sur les surprofits des pétrolières. Je lui ai répondu trois ou quatre fois. Il me parlait d’une taxe dont j’ignore l’existence », a rétorqué M. St-Pierre Plamondon. Il a expliqué que la création d’un « bureau de la concurrence du Québec avec des lois qui ont des dents » permettra d’empêcher ce réflexe. Rappelons par exemple que les distributeurs de carburant refilent directement le prix du carbone exigé par le gouvernement du Québec aux consommateurs.

« Le bureau fédéral de la concurrence est mou, incompétent et complètement désintéressé de la question de la concurrence en matière d’énergie au Québec », a-t-il dit, en affirmant que le bureau québécois casserait cette « dynamique de surprofit et de vol à la pompe ».

L’argent récupéré par cette mesure financerait une bonification du crédit d’impôt solidarité, et le versement d’un chèque de 1200 $ pour les contribuables qui gagnent moins de 50 000 $, et de 750 $ pour ceux qui ont un revenu entre 50 000 $ et 80 000 $. Il s’agit de « justice fiscale », a-t-il dit.

Un « pit stop »

Le chef péquiste a fait ce point de presse lors d’un arrêt très court à Sept-Îles, dans la circonscription de Duplessis, que la Coalition avenir Québec veut ravir au parti indépendantiste grâce à la femme d’affaires innue Kateri Champagne Jourdain.

Il n’y tient aucune activité publique ni aucun bain de foule. Il n’y avait pas de militants non plus pour l’accompagner dans ce point de presse. La candidate Marilou Vanier a qualifié ce passage de « pit stop », mais dit comprendre la difficulté pour une campagne nationale de se rendre dans des régions éloignées et d’y rester longtemps. Elle souligne également que c’est le premier chef à faire circuler son autocar à Baie-Comeau et à Sept-Îles.

M. St-Pierre Plamondon se défend d’éviter les rassemblements dans une circonscription qui a toujours voté Parti québécois depuis 1976, mais qui pourrait lui échapper le 3 octobre : « Il n’y a rien qui nous empêche de revenir. Il y a un deuxième débat qui s’en vient. Je voulais absolument venir à Sept-Îles une première fois pour signifier que Sept-Îles, c’est important, de parler de [la promesse de construire un pont entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine] ».