Les troupes de François Legault « pigent dans le petit livre de Stephen Harper » en distribuant depuis quelques jours des tracts électoraux s’attaquant directement à la « taxe orange », a dénoncé samedi Gabriel Nadeau-Dubois. Une source municipale déplore aussi que la CAQ enfreigne la réglementation municipale.

« Le plan de Québec solidaire vise à prendre toujours plus d’argent dans le portefeuille de la classe moyenne », peut-on lire dans un affichage de la CAQ vert et orange, aux couleurs du parti de Gabriel Nadeau-Dubois, que des citoyens ont vu apposé sur les parebrise de voitures ces derniers jours.

On y accuse notamment les solidaires de vouloir « pénaliser les gens qui ont travaillé dur et qui ont mis de l’argent de côté toute leur vie », en augmentant par exemple le taux d’imposition pour les Québécois gagnant plus de 90 080 $ par année.

À la CAQ, l’attachée de presse Nadia Talbot a affirmé samedi que le but du tract est simplement « d’informer les Québécois des taxes et des mesures que Québec solidaire leur propose réellement ». « On utilise donc la même méthode qu’eux, soit les feuillets, pour atteindre cet objectif », lâche-t-elle. Elle faisait ainsi référence à un dépliant nommé « le choix écologique », dans lequel les solidaires s’en sont déjà pris à la CAQ par le passé, en blâmant M. Legault d’avoir « fait reculer » le Québec en environnement, « en se pliant aux demandes d’entreprises multinationales polluantes ».

GND associe Legault et Harper

En point de presse samedi, Gabriel Nadeau-Dubois a estimé que la situation témoigne du fait que « François Legault est sur la défensive ». « Il a décidé de se tourner vers une stratégie popularisée par Stephen Harper : la publicité négative. François Legault a décidé de piger dans le petit livre de Stephen Harper, il utilise des stratégies que Stephen Harper a popularisées », a-t-il dit.

Ça ne convaincra pas les Québécois de voter pour François Legault. Je pense que cette manière de faire de la politique, ça ne marche pas au Québec.

Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire

Une source municipale a par ailleurs signalé samedi à La Presse qu’avec ses tracts, la CAQ enfreint la réglementation municipale. À l’article 47 du Règlement sur le civisme, le respect et la propreté, on peut en effet lire qu’il est « interdit de déposer tout papier sur un véhicule stationné sur le domaine public, sauf un constat d’infraction ». L’infraction est passible d’une amende de 1000 $ à 1500 $.

De passage à Lévis, François Legault a justifié la distribution de tracts. « Je pense que c’est important d’informer les Québécois », a-t-il plaidé. « Il reste deux semaines avant le vote, une semaine avant le BVA [vote par anticipation]. Donc c’est important que les Québécois sachent dans quoi il s’embarque avec M. Nadeau-Dubois. » Puis il a fait un peu d’ironie : « Quand M. Nadeau-Dubois dit que c’est négatif, il a raison : les taxes orange sont négatives et sont perçues comme négatives par les citoyens. »

Son parti cessera-t-il cette pratique qui ne respecterait pas la réglementation municipale ? « On va voir avec notre département d’affaires légales », a répondu M. Legault qui ne semblait pas au courant de cet enjeu.

Plus tôt, à Rimouski, François Legault avait attaqué M. Nadeau-Dubois sur sa « nouvelle taxe de 7500 $ sur les fourgonnettes familiales ». « On ne sait pas si ça va s’appliquer ici à Rimouski. Il nous dit que ça va être différent dans les régions. Est-ce qu’il va y avoir un comité de citoyens ou chaque citoyen va être obligé d’aller se justifier ? Écoutez, la priorité, c’est d’aider les Québécois à passer à travers l’inflation », a-t-il dit.

La porte-parole du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), Julie St-Arnaud, a confirmé samedi par courriel que ce type d’affichage est autorisé, pour autant qu’il s’agisse d’une dépense électorale en bonne et due forme. C’est bien le cas ici, le nom de l’agente officielle de la CAQ Roxanne Rinfret étant clairement identifiable. « Une dépense électorale peut viser à défavoriser l’élection d’un candidat ou celle des candidats d’un parti », énonce Mme St-Arnaud.

« Toute dépense électorale doit être autorisée par l’agent officiel d’une personne candidate ou d’un parti et comptabilisée dans les dépenses électorales de la personne ou du parti de façon à ce que l’ensemble des dépenses effectuées ne dépasse pas la limite imposée par la Loi électorale », rappelle-t-elle toutefois.

Avec Hugo Pilon-Larose et Tommy Chouinard, La Presse