« Moi, je suis une menace ? » C’est en ces mots que la fille du député sortant et candidat libéral de Viau, Frantz Benjamin, a demandé à son père des explications à propos des déclarations récentes de François Legault sur l’immigration.

Frantz Benjamin a abordé la question en discutant avec les journalistes au sortir d’une visite de la cheffe libérale Dominique Anglade dans son local électoral, dans le quartier Saint-Michel (Viau). « Quand je suis à table avec mes enfants et que ma fille me parle de ces questions-là parce qu’elle s’est sentie heurtée, moi, ça me préoccupe », a expliqué M. Benjamin, qui est d’origine haïtienne.

« Ces questions-là » sont les déclarations du chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui a fait un amalgame entre la violence et l’immigration la semaine dernière. François Legault s’est depuis excusé. Il a plus tard également affirmé, dans un autre évènement, que l’immigration non francophone est une menace à la « cohésion nationale » si elle n’est pas limitée.

Elle m’a dit : “Écoute, c’est quoi cette déclaration de François Legault, papa ? Ça veut dire quoi ça ? Ça veut dire que moi, je suis une menace ? Que moi, je suis violente ? Ça veut dire quoi ?”

Frantz Benjamin, député sortant et candidat dans Viau

Le candidat libéral a expliqué avoir réconforté sa fille, qui vient d’avoir 18 ans, en lui assurant que ses grands-parents avaient choisi de s’établir au Québec « avec seule obsession » que leurs enfants puissent aspirer à une vie meilleure. « Je lui ai rappelé que son chez-soi, c’est ici, n’en déplaise à celles et ceux qui pourraient voir en elle une menace », a-t-il ajouté avec calme.

Un appel au sens des responsabilités

Frantz Benjamin a appelé l’ensemble de la classe politique à « manier » des sujets sensibles comme l’immigration de façon à ce que « l’autre ne se sente pas exclu », ni dans l’optique de « diviser » les gens. La cheffe libérale, Dominique Anglade, accuse François Legault de diviser les gens sur la question de la langue française et sur l’enjeu de l’immigration, notamment.

« Notre responsabilité, lorsqu’on est chef de parti, c’est de mesurer nos propos, c’est de ne pas venir attaquer le sentiment d’appartenance des gens dans la société québécoise. Mon Québec à moi, ce n’est pas le Québec que présente aujourd’hui François Legault », a ajouté le député sortant, qui affirme que les citoyens du quartier Saint-Michel ont été nombreux à l’avoir interpellé sur cette question depuis.

La circonscription de Viau est composée d’une population avec un fort taux d’immigrants. Selon Élections Québec, 55,7 % des ménages privés de Viau font partie d’une minorité visible.