(Lévis) Le Parti conservateur du Québec augmenterait la limite de vitesse sur les autoroutes du Québec à 120 km/h s’il formait un gouvernement. Son chef, Éric Duhaime, en a fait l’annonce dans le stationnement d’une halte routière de Lévis samedi matin. Il amorce ainsi quelques jours de campagne dans la région de Québec et sur la Rive-Sud, où il espère faire des gains.

« Ça s’inscrit dans un mouvement d’idées plus large que chérissent les conservateurs du Québec, qui cherche à faire davantage confiance aux Québécois, à responsabiliser les individus plutôt qu’à se fier au “gouvernemaman” qui leur dit quoi faire », a-t-il déclaré.

Éric Duhaime estime que cette augmentation de la limite de vitesse ne causerait pas davantage d’accidents puisque la technologie et la sécurité des véhicules se sont améliorées. Il a cité l’exemple de l’autoroute Coquihalla en Colombie-Britannique, où la limite de vitesse avait été haussée à 120 km/h sur certains tronçons en 2014.

« Il n’y a pas nécessairement de lien entre les accidents et les limites de vitesse », a-t-il avancé en citant diverses études et l’exemple de l’Allemagne, où il n’y a pas de limite de vitesse sur les autoroutes.

Des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique avaient pourtant recommandé au gouvernement provincial de faire volte-face en octobre 2018. Ils avaient découvert que le nombre d’accidents mortels avait plus que doublé avec la hausse de la limite de vitesse de 110 km/h à 120 km/h appliquée à 1300 km d’autoroutes en milieu rural.

Un an plus tard, le gouvernement néo-démocrate de John Horgan avait immédiatement abaissé cette limite sur la moitié de ces artères. Celle de l’autoroute Coquihalla était alors demeurée à 120 km/h, mais elle a été abaissée à 100 km/h après les inondations qui ont touché la région en 2021.

« Je pense qu’il y a des enjeux de sécurité qu’il ne faut pas sous-estimer », a réagi le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en s’appuyant sur l’expérience de la Colombie-Britannique.

Au Québec, le ministère des Transports (MTQ) n’avait pas envisagé de hausser de la limite de vitesse sur les autoroutes lorsque l’Ontario avait choisi d’aller de l’avant en mars. La limite est passée de 100 km/h à 110 km/h sur six autoroutes, dont la 417 entre Ottawa et la frontière avec le Québec. Le MTQ jugeait alors qu’une telle hausse « aurait des effets négatifs sur la sécurité, qui augmenteraient la gravité des accidents et leur poids sur le système de santé ».

« Le temps, c’est de l’argent »

Éric Duhaime a fait valoir que de nombreux automobilistes dépassent déjà la limite de vitesse et que les policiers font preuve d’une certaine tolérance. « C’est très rare que les gens aient des contraventions sur l’autoroute en bas de 120 km/h », a-t-il dit.

Et concernant la consommation d’essence accrue lorsqu’un automobiliste roule plus rapidement, le chef conservateur estime qu’il vaut mieux laisser les gens décider s’ils veulent aller plus vite pour récupérer cinq ou dix minutes sur un trajet Québec-Montréal. « Le temps, c’est de l’argent aussi », a-t-il rappelé.

Éric Duhaime est de retour dans la région de Québec où il espère remporter quelques circonscriptions. Il prévoit faire du porte-à-porte dimanche dans la circonscription de Chauveau où il tente de se faire élire. Environ 3000 partisans l’ont accueilli en héros au Centre Videotron vendredi soir lors d’un rassemblement de mi-campagne.