Le prochain gouvernement devrait redoubler d’efforts pour offrir un meilleur accès aux soins en santé mentale au Québec. Entreprendre « des actions concrètes » pour « assurer un environnement sécuritaire pour tous », selon le Collège des médecins du Québec.

L’ordre professionnel qui encadre la profession médicale dans la province a établi une liste de sept enjeux qui devraient, selon lui, être prioritaires en santé pour le prochain gouvernement qui sera élu en octobre.

Le président du Collège des médecins du Québec, le DMauril Gaudreault, explique que la population demandait depuis longtemps à son organisation de se prononcer « plus souvent sur des enjeux sociétaux », ce qu’il fait depuis deux ans.

Pour le DGaudreault, il y a « des problèmes criants en santé mentale » au Québec. Durant la tournée qu’il effectue actuellement dans des hôpitaux de la province, le DGaudreault demande aux intervenants ce qui les préoccupe le plus en matière d’accès aux soins. « Et partout, c’est l’accès aux soins et services en santé mentale qui revient en premier », dit-il. Le DGaudreault reconnaît que le Québec s’est doté d’un Plan d’action en santé mentale. Mais sa mise en œuvre « doit s’accélérer à notre avis ». « Il faut vraiment agir là-dessus. Car les difficultés sont partout », dit-il.

Le DGaudreault souligne que l’une des priorités des dirigeants devrait aussi d’assurer « un environnement sécuritaire pour tous partout ». Une demande qui fait écho à ce qui se passe avec « le nickel à Québec et l’arsenic à Rouyn-Noranda », dit-il. « On souhaite que le gouvernement pose des actions concrètes. Ça ne fait pas l’ombre d’un doute que tout cela fait partie de la santé des citoyens », dit le DGaudreault.

Attention au privé

Le Collège souhaite que les citoyens aient accès rapidement à une équipe de professionnel de soins de première ligne. Il reconnaît que la pénurie de personnel reste l’enjeu central et que, s’il appuie les hausses du nombre de diplômés en santé, cela n’aura pas d’effet avant plusieurs années.

Un peu plus tôt cette semaine, le Conseil interprofessionnel du Québec a demandé au gouvernement d’élargir la capacité à poser des diagnostics, majoritairement réservée aux médecins, à d’autres professionnels de la santé. Le DGaudreault appuie cette demande, mais non sans réserve. Pour lui, il ne faut pas parler de « décloisonnement des pratiques professionnelles », mais plutôt d’« interprofesionnalisme ». Il se dit tout à fait prêt à discuter pour « voir comment élargir […] les compétences et les autonomies de chacun » pour que tous « fassent partie d’une équipe qui travaille ensemble ».

Par ailleurs, le DGaudreault se dit « inquiet et préoccupé » par la place du privé en santé que certains partis promettent d’élargir. « Il faut faire attention aux effets pervers », dit-il, notamment à l’exode des travailleurs. Le DGaudreault signale aussi qu’il y a un risque, si le privé ne traite que les cas légers, que le public, avec un personnel dégarni, se retrouve systématiquement avec les cas plus complexes.

Parmi ses autres demandes, le Collège souhaite reprendre la réflexion sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir au Québec, accélérer l’implantation de plateformes technologiques dans le réseau et faciliter le travail à temps partiel pour les médecins en fin de carrière.