(Montréal) Le maire de Québec Bruno Marchand croit que François Legault a été « trop vite sur la gâchette » en refusant net l’instauration d’un « pacte vert » afin de combler des besoins évalués à 2 milliards pour l’adaptation des municipalités aux changements climatiques. La mairesse de Longueuil Catherine Fournier croit également que « Mère Nature » a rappelé le chef caquiste à l’ordre avec les pluies diluviennes qui ont frappé la région de Montréal.

« J’aurais souhaité et je souhaite toujours plus d’ouverture », a déploré le maire de Québec, en marge du Sommet électoral de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) qui se tient vendredi à Montréal. Bruno Marchand réagissait à la déclaration du chef de la Coalition avenir Québec qui a refusé il y a quelques jours de créer un « pacte vert » à la demande des grandes villes pour les aider à affronter les changements climatiques.

« Si on en a fait la demande, c’est parce que c’est un besoin, il y a urgence », a-t-il ajouté en mêlée de presse. « On ne peut pas dire non à ça. On peut dire, et je l’espère de la part du premier ministre et des chefs de partis, de prendre le temps de l’examiner, de voir comment on peut faire pour soutenir une municipalité, parce que c’est nous qui sommes aux premières loges des effets des changements climatiques sur les citoyens », a-t-il dit.

Les villes demandent à obtenir des fonds afin de réaliser des projets pour se préparer aux désastres naturels liés aux changements climatiques, plutôt que de toujours y réagir en catastrophe. Quelques heures après cette sortie, François Legault a rapidement fermé la porte à la demande des grandes villes, citant la « capacité de payer des Québécois », alors qu’il s’efforce déjà de réduire le fardeau fiscal en cette période d’inflation.

Bruno Marchand n’hésite pas à le dire : François Legault a été « trop vite sur la gâchette » alors que la demande des villes nécessitait à tout le moins une réflexion. Il y a trois jours, Valérie Plante, Bruno Marchand, Catherine Fournier et Stéphane Boyer, de Montréal, Québec, Longueuil et Laval, étaient réunis avec d’autres élus pour lancer un appel à tous les partis politiques.

Après le refus, le déluge

PHOTO SARKA VANCUROVA, ARCHIVES LA PRESSE

Catherine Fournier

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a également regretté le refus rapide de François Legault. Elle lui a rappelé que quelques heures après la sortie du premier ministre sortant, l’équivalent d’un mois de pluie est tombé sur la ville de Longueuil.

« Je crois que Mère Nature a aussitôt fait de lui répondre. Il s’est avancé trop vite et j’ose croire qu’il va peut-être cheminer avec les évènements qui sont survenus dans les heures suivantes », a lancé Mme Fournier.

« J’ose croire qu’avec l’évènement de mardi, sa position peut évoluer. J’espère le plus rapidement possible. […] On est très déterminés à faire comprendre le message, et on sent que les citoyens sont derrière nous. Il y a une cohésion. Il y a un changement de cap dans le monde municipal », a-t-elle ajouté.

Mme Fournier reconnaît qu’il y a déjà des sommes disponibles, notamment pour le verdissement. Mais la mise à jour et le rehaussement des infrastructures requièrent des sommes beaucoup plus importantes. Et c’est sans compter le coût des évènements climatiques extrêmes. « Même si on a amélioré nos infrastructures, il y a tellement eu de pluie en peu de temps qu’il y a une limite à ce qu’on va être capable de faire. Ça vient avec une facture énorme pour une ville », a-t-elle expliqué.

Elle rappelle que les municipalités ont la responsabilité de 58 % des infrastructures publiques, mais seulement 8 % de l’assiette fiscale. « Il y a un déséquilibre fiscal entre le gouvernement et les villes. C’est pourquoi on réclame le pacte vert sans contrepartie », a-t-elle dit.

Le maire Marchand, lui, a salué l’effort de troupes caquistes de vouloir réduire l’émission des gaz à effets de serre (GES) — la CAQ veut les réduire de 37,5 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030 —, mais estime qu’il s’agit là d’un enjeu complètement différent. « Ce dont on parle ici, on n’est pas en réduction de GES, on est en adaptation aux changements climatiques, dont construire un réseau d’égouts qui est capable de supporter les charges d’une nouvelle météo », a-t-il expliqué.

Les chefs de toutes les formations politiques défileront vendredi devant les membres de l’UMQ.