Le projet de troisième lien Québec-Lévis, pour lequel François Legault refuse toujours de dévoiler les études réalisées, « est incompatible avec les objectifs de lutte contre la crise climatique », selon un nouveau rapport paru mercredi.

C’est ce que conclut le Pôle intégré de recherche en environnement, santé et société (PIRESS) – un regroupement de professeurs spécialisés sur la question environnementale – dans son étude réalisée conjointement avec l’organisme Équiterre.

« En l’absence de données fournies par [le gouvernement], cette analyse qualitative du troisième lien a été menée à l’aide de grands principes faisant consensus en matière de transition écologique. Pour le milieu scientifique, les études et les analyses du gouvernement doivent être rendues publiques le plus rapidement possible », martèle la professeure de l’Université de Sherbrooke et directrice du PIRESS, Annie Chaloux.

Son groupe a donc basé son analyse sur quatre critères : l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’empreinte environnementale, l’adaptation et la résilience face aux dangers climatiques, les bénéfices socioéconomiques et la saine gouvernance.

Les experts attribuent la note de 33 % au premier critère, celui des GES, parce que le troisième lien « permettrait difficilement de placer le Québec sur la voie de la carboneutralité, non seulement en raison des émissions liées à la construction, mais également parce que les véhicules qui y circuleraient ne seraient pas exclusivement zéro émission avant plusieurs décennies ».

Sur la résilience climatique, la note est encore pire : 17 %. La raison : le projet « entraînerait l’intensification de l’étalement urbain, particulièrement à Lévis », lit-on dans le rapport. « Autrement dit, on verrait une perte d’habitats naturels et de territoires agricoles accrue, menaçant la résilience du Québec dans le contexte de crise climatique », écrivent ses auteurs.

Zoom sur les « bénéfices socioéconomiques »

D’après eux, même les bénéfices socioéconomiques du troisième lien laisseraient à désirer, avec une note de 39 %, car rien ne permet de croire que le projet « entraînerait des retombées économiques importantes, compte tenu de son coût estimé à 6,5 milliards de dollars », surtout que les tunnels voient généralement leur coût « augmenter de 35 % en moyenne ».

En matière de saine gouvernance, on attribue enfin 22 % au projet, vu « l’absence d’études d’opportunité et de faisabilité, et d’analyses sur les besoins et les projections de circulation », ce qui illustre « un manque de rigueur et de transparence dans la gestion de ce dossier ».

Ainsi, la note moyenne attribuée au projet est ainsi de 24 sur 75, soit 32 %.

L’analyse est claire : le troisième lien ne passe pas le test de la transition écologique. Il ne devrait pas aller de l’avant si l’on souhaite agir en bon gestionnaire et avec cohérence dans la lutte contre la crise climatique.

Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales pour Équiterre

La semaine dernière, François Legault avait à nouveau refusé de dévoiler les études sur le projet d’un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis, répétant à chaque occasion qu’elles doivent d’abord être mises à jour. « On n’a pas de commentaires. Notre position est claire. M. Legault a déjà réitéré à maintes reprises la nécessité d’un troisième lien », a brièvement réagi mercredi son attaché de presse, Ewan Sauves.

Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse

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