(Montréal) Le ministre fédéral du Patrimoine, Pablo Rodriguez, a fait irruption dans la campagne électorale au Québec, lundi matin, en déclarant que François Legault devrait arrêter de diviser les Québécois entre « nous et eux ».

M. Rodriguez répondait aux déclarations de M. Legault, dimanche à Drummondville. Lors d’une mêlée de presse, le chef de la Coalition avenir Québec a suggéré que l’immigration non francophone constituait une menace à la « cohésion nationale ».

En marge de la réunion du caucus libéral fédéral à St. Andrews, au Nouveau-Brunswick, lundi, M. Rodriguez s’est demandé si M. Legault aurait considéré lui et ses parents comme des menaces parce qu’ils ne parlaient pas français lorsqu’ils ont immigré au Québec depuis l’Argentine.

« C’est la première fois que je suis considéré comme une menace, a indiqué le député montréalais. Je ne parlais pas français quand je suis venu au Canada. J’avais huit ans. Je ne parlais pas un mot de français ni d’anglais », a déclaré le ministre.

M. Rodriguez, qui est le lieutenant du premier ministre Justin Trudeau au Québec, a souligné que sa famille avait appris le français et que ses parents étaient devenus ensuite professeurs à l’Université de Sherbrooke.

« Je pense qu’il faut arrêter de parler de’’nous’’et d’’’eux’’. Dès qu’une personne vient au Québec, consacre sa vie au Québec, élève ses enfants au Québec, cette personne est québécoise », a estimé M. Rodriguez.

La cheffe libérale du Québec, Dominique Anglade, dont les parents étaient des immigrants haïtiens, a estimé lundi matin que M. Legault tenait des propos « minables », qui appellent aux plus bas instincts.

La veille, à Drummondville, M. Legault expliquait aux journalistes : « C’est comme mathématique : si on veut arrêter le déclin, pendant un certain temps, il faut mieux intégrer les nouveaux arrivants au français ».

De passage à Saint-Lazare lundi matin, il a tenté de préciser sa pensée. « L’immigration, c’est une richesse pour le Québec, a-t-il dit, mais on a une capacité d’accueil qui est limitée pour l’intégration au français.

« Pour qu’il y ait une cohésion nationale, il faut qu’il y ait une nation, une nation forte. Et la nation québécoise, pour être forte, il faut protéger le français, sinon il y a des inquiétudes », a soutenu le chef caquiste.