(Val-d’Or ) Paul St-Pierre Plamondon en appelle « au sens des responsabilités » de ses adversaires et les presse « d’élever le niveau des débats » sur l’immigration. Cette sortie musclée du chef péquiste survient après que Dominique Anglade eut qualifié de « minables » les propos de François Legault, qui a affirmé dimanche que l’immigration non francophone menace « la cohésion nationale ».

« Je veux réagir aux mots utilisés par Dominique Anglade à savoir “mesquin” et “minable” et également réagir aux mots utilisés par François Legault lorsqu’il parlait de craindre la menace à la cohésion sociale », a déclaré le chef du Parti québécois avant une mêlée de presse prévue à Val-d’Or, lundi. « J’appelle tous les chefs de parti ; Mme Anglade, M. Legault, M. Nadeau-Dubois à élever le niveau des débats », a-t-il dit.

Paul St-Pierre Plamondon veut lancer un appel au calme pendant que ses adversaires politiques multiplient les attaques partisanes sur l’immigration : « Les Québécois ne doivent pas se faire confisquer un débat qui est fondamental, très important, sur l’avenir du français, sur l’immigration, par des déclarations qui sont exagérées et outrancières », a-t-il martelé.

C’est facile de faire le buzz, c’est facile de faire la une en traitant ses adversaires de minables, de retenir toute l’attention médiatique en parlant de menace, de peur ou en associant la violence à l’immigration, c’est trop facile.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Dimanche, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a affirmé que l’immigration allophone peut devenir une menace à la cohésion nationale si elle n’est pas limitée en nombre. Quelques jours avant, il avait fait un rapprochement entre la violence et l’immigration. Il s’était ensuite excusé. Deux déclarations qui ont provoqué de vives réactions chez ses adversaires politiques.

Lundi, la cheffe libérale Dominique Anglade a accusé François Legault de tenir des propos « minables », « mesquins » et de « faire de la petite politique ».

« On ne peut pas, comme société, s’empêcher de débattre de l’avenir du français et du modèle d’immigration parce que Dominique Anglade et François Legault ont décidé qu’ils n’avaient pas la hauteur pour mener ces débats-là avec le sens des responsabilités que ça implique », a soutenu le chef du PQ. Il estime que ce genre de partisanerie nuit au taux de participation aux élections.

« Si on veut intéresser les gens, adressons-nous à leur intelligence. L’immigration et la langue française sont des sujets beaucoup trop importants pour notre avenir linguistique pour qu’ils soient confisqués par des déclarations à l’emporte-pièce, qui sont purement émotives dans le registre des émotions négatives », a poursuivi M. St-Pierre Plamondon devant les journalistes.

Depuis le début de la campagne, le chef du Parti québécois ne saute pas facilement dans l’arène pour critiquer les déclarations de ses adversaires. Il a notamment refusé de condamner les propos de François Legault sur l’immigration et la violence, se limitant à les qualifier d’inappropriés. Il disait alors que c’étaient les mots du chef de la CAQ et qu’il ne contrôlait pas ce que M. Legault dit, l’invitant à mener une campagne positive.

Lundi, il a déploré « un concours de superlatifs et de qui retient l’attention avec les déclarations les plus irresponsables et négatives ».

Le Parti québécois propose de faire passer les seuils d’immigration de 50 000 à 35 000 et d’imposer une immigration économique 100 % francophone. La formation politique a aussi présenté une nouvelle mouture de la loi 101 pour inverser le déclin du français au Québec, ce que ne permettra la loi 96 du gouvernement Legault, croit le Parti québécois.

Paul St-Pierre Plamondon s’attend à ce que les chefs critiquent ses propositions. « C’est correct d’avoir un débat, on aura un argumentaire chacun, mais là on ne parle plus de politiques publiques, c’est à qui va s’insulter le plus fort, c’est à qui va faire peur le plus », a-t-il ajouté.