(Rouyn-Noranda) Le Parti québécois prend l’engagement de sevrer le réseau de la santé des agences privées de placement d’ici quatre ans. C’est la première fois que la formation précise l’échéancier de ses visées. Le PQ promet aussi d’augmenter le financement des CLSC de 500 millions par an.

C’est en marge d’une annonce sur le rehaussement du financement des CLSC que le chef Paul St-Pierre Plamondon a dévoilé qu’il se donne un premier mandat, donc quatre ans, pour abolir le recours aux agences privées de main-d’œuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux. Jusqu’à présent, le PQ affirmait vouloir s’en sevrer sans jamais préciser selon quel échéancier.

« La certitude, c’est dans le mandat », a fait valoir le chef péquiste devant le CLSC de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue. Le CISSS régional est d’ailleurs l’un des établissements québécois qui a le plus recours à la main-d’œuvre indépendante en raison de la grave pénurie de main-d’œuvre. En 2020-2021, le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue a dépensé 60,7 millions pour le recours aux agences.

« Pour le principe, c’est application immédiate, mais il va y avoir une période de transition parce qu’on ne veut pas évidemment de rupture au niveau des ressources humaines », explique M. St-Pierre Plamondon. Cette période serait négociée avec les syndicats et les agences, dit-il. Chaque région aura donc son propre plan de transition pour en venir à ne plus avoir recours aux agences privées.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a déjà confié en entrevue à La Presse vouloir se sevrer des agences d’ici trois ans en établissement également des cibles par région.

Le recours aux agences privées de placement a explosé pendant la pandémie. Les établissements de santé ont dépensé 443 millions en 2019-2020 pour de la main-d’œuvre indépendante, cette somme a atteint 1 milliard en 2020-2021, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Vers un statut particulier

Dans les régions éloignées comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord, la main-d’œuvre indépendante provient majoritairement de l’extérieur. Les avions se remplissent d’infirmières et de préposés pour aller soigner, un phénomène appelé fly-in, fly-out ou navettage en français. Pour attirer de la main-d’œuvre en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec, le PQ promet d’octroyer à la région un statut particulier.

Ce statut particulier pourrait offrir des conditions particulières pour les travailleurs de la santé, comme des salaires plus élevés et de diverses primes. Le PQ voudrait d’ailleurs pérenniser la prime temps double pour le temps supplémentaire. Cette prime a été autorisée par Québec dans le contexte de la septième vague de la pandémie, en juillet. Elle est en vigueur jusqu’à la fin septembre.

Québec solidaire revendique aussi un statut particulier pour l’Abitibi-Témiscamingue.

Pour être plus attractif, le Parti québécois abolirait le recours au temps supplémentaire obligatoire, instaurerait des ratios professionnels en soin/patients et implanterait l’autogestion des horaires.

Le Parti québécois s’est engagé dimanche à augmenter le financement des CLSC de 500 millions par année pour accroître l’accès à la première ligne. « Sous la CAQ, le modèle de CLSC a été mis à mal », a affirmé M. St-Pierre Plamondon. La Coalition avenir Québec a été « incapable de maintenir les services » dans plusieurs CLSC de l’Abitibi-Témiscamingue, a accusé chef péquiste.