Il est « anormal » que l’éducation ne soit pas en avant-plan de la présente campagne électorale, déplorent les directions d’écoles de la province, qui appellent les partis politiques à dire rapidement ce qu’ils comptent faire pour régler les problèmes qui plombent les écoles.

Système d’éducation à trois vitesses, pénurie de personnel, décrochage scolaire, écoles vétustes : où logent les partis politiques sur ces questions ? Dans un point de presse commun tenu vendredi, les trois associations de directions d’école de la province ont plaidé pour qu’il soit question d’éducation dans la présente campagne, et vite.

« Pensons au discours sur l’école à trois vitesses : derrière ça, il y a des valeurs et des choix de société. On a besoin d’entendre les candidats. Est-ce que c’est une école pour tous, où tout le monde a une égalité des chances réelles ? », demande Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

Jusqu’à maintenant, les partis ont proposé des mesures économiques ciblées qui ont « un impact sur le portefeuille des familles québécoises », mais on ne s’attaque pas « aux problèmes de fond », déplore Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE).

Le système d’éducation québécois est aux prises avec les mêmes problèmes depuis des années et tout porte à croire qu’on pourrait « rejouer dans le même film » pour encore quatre ans, ajoute Sylvain Martel, porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec (RCPAQ).

Quand la CAQ formait l’opposition officielle à Québec, le parti « trouvait que les retards dans les chantiers de construction n’avaient aucun sens », illustre Kathleen Legault, mais depuis, « on n’a pas tant avancé au Québec », déplore la présidente de l’AMDES.

« En plus, les problèmes qu’on avait se sont aggravés, entre autres la pénurie de personnel », poursuit-elle. Le plus récent bilan de Québec publié cette semaine indique qu’il reste encore 160 enseignants à temps plein à trouver dans les écoles, deux semaines après la rentrée.

Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge « a été un ministre à l’écoute », observe Nicolas Prévost, qui lui reproche néanmoins un « côté jovialiste ».

Quoiqu’il en soit, il est impossible que les électeurs québécois ne s’intéressent pas à l’éducation, disent les directions. C’est donc aux partis politiques de mettre le sujet de l’avant. Car en n’en faisant pas un enjeu électoral, « on passe à côté de l’essentiel » a estimé Carl Ouellet, président de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE).