(Vaudreuil-Dorion) Dominique Anglade se plaint qu’on lui a bloqué l’accès au site du futur hôpital de Vaudreuil-Dorion alors que la Coalition avenir Québec (CAQ) a pu se rendre sur place pour faire campagne. Christian Dubé l’accuse d’être « désespérée » pour « faire de telles insinuations ».

La cheffe libérale a tenu une conférence de presse à proximité du site vendredi, sur le thème de la santé.

Selon ses explications, le parti avait obtenu la veille l’autorisation de faire son annonce directement sur le site du futur hôpital à la suite d’échanges avec le CISSS de la Montérégie-Ouest et le bureau de projet. Des libéraux s’étaient d’ailleurs rendus sur place en prévision de l’annonce du lendemain.

Vendredi matin, les libéraux ont constaté que des blocs de béton avaient été ajoutés, empêchant la cheffe d’aller sur place. Un plan B a été trouvé, et la conférence de presse a eu lieu tout près.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La cheffe libérale a soutenu que « le contracteur a refusé l’accès » au site en ajoutant des blocs de béton.

La députée sortante de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, a relevé que quelques jours auparavant, « Marilyne Picard et Christian Dubé sont rentrés sur le site avec leurs minivans lettrées et ils ont tourné des vidéos et des photos » diffusés par la suite sur leurs réseaux sociaux.

« En gros, il y a eu un accès à un site pour la CAQ et il n’y en a pas eu pour le Parti libéral du Québec. On va le dire comme ça, OK, de manière très claire. Et ça, ça se fait en campagne électorale ! Mais l’hôpital, c’est pour l’ensemble des citoyens. »

La cheffe libérale a soutenu que « le contracteur a refusé l’accès ». Il s’agit de Pomerleau. On a pu apprendre sur place que l’entrepreneur a installé des blocs de béton après des échanges avec la Société québécoise des infrastructures (SQI), l’organisme responsable du projet.

« Pour des raisons de sécurité, le demandeur a été avisé qu’il n’est pas possible d’accéder à l’enceinte du chantier. La même consigne prévaut pour tous », a confirmé à La Presse le porte-parole de la SQI, Francis Martel.

Questionné pour savoir si la SQI était au courant de la présence de caquistes quelques jours auparavant, il a répondu que l’organisme n’a eu « aucune demande de la part de la CAQ » pour accéder au site.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Santé, Christian Dubé

Le ministre de la Santé et député sortant de La Prairie, Christian Dubé, a répliqué à Dominique Anglade sur les réseaux sociaux. « Faire de telles insinuations est déplorable et désespéré. Ma collègue et moi n’avons pas été sur le terrain délimité pour la construction du futur hôpital. Nous avons pris des photos en bordure, sans médias, lors d’une tournée habituelle du comté », a-t-il soutenu.

Marie-Claude Nichols accuse la CAQ de « s’approprier la réalisation de l’hôpital » alors qu’elle y travaille depuis de nombreuses années, d’abord comme mairesse puis comme députée. « C’est une réalisation libérale », a-t-elle insisté.

Cet hôpital de 400 lits, dont la construction débutera cet automne, coûte 2,5 milliards.

En conférence de presse, Dominique Anglade a promis d’ajouter à travers le Québec 2000 lits de plus au coût de 6 milliards de dollars. Cela s’ajouterait aux 2000 lits supplémentaires déjà prévus dans le Plan québécois des infrastructures. Son objectif : faire passer de 1,8 à 2,5 le nombre de lits par 1000 habitants. C’est la moyenne canadienne.

La cheffe libérale a soutenu qu’elle ne sous-estime pas la facture pour l’ajout de 2000 lits en disant que cela se ferait aussi par l’agrandissement d’hôpitaux existants et non seulement par la construction de nouvelles installations.

Elle a rappelé ses promesses en matière de santé : offrir un médecin de famille à tous les Québécois, recourir aux cliniques privées sans frais pour les patients pour réaliser plus de chirurgies, abolir le « temps supplémentaire obligatoire » (TSO) et adopter une loi sur les ratios personnel-patients afin d’alléger le fardeau des travailleurs tout en créant des conditions propices au recrutement.

Un gouvernement libéral rouvrirait l’entente avec la Fédération des médecins omnipraticiens pour arriver à en offrir un à tous les Québécois.

Dominique Anglade estime que ses promesses ne feraient pas gonfler les dépenses de l’État. Elles pourraient toutes se réaliser à partir de la croissance des dépenses du ministère de la Santé prévue dans le rapport préélectoral sur les finances publiques déposé par le gouvernement le mois dernier et validé par le Vérificateur général. « On estime qu’on est capable de rentrer dans l’enveloppe. On n’a pas besoin de montants supplémentaires », a-t-elle dit.

Elle a rappelé des promesses rompues de la CAQ : tous les Québécois n’ont pas accès à un médecin de famille, le délai maximal de 36 heures pour consulter un médecin n’a pas été respecté, le délai d’attente moyen avant de voir un médecin aux urgences n’a pas été abaissé à 90 minutes, le TSO existe toujours et le ratio de patients par infirmière n’a pas été revu. Le gouvernement Legault a déjà plaidé que la pandémie l’a empêché de réaliser ces engagements.