Les politiciens québécois sont divisés à savoir s’ils poursuivent ou non leurs campagnes jeudi, à la suite du décès de la reine Élisabeth II. « Par respect » pour elle, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a déjà annoncé qu’il prendrait une pause pour le restant de la journée tandis que tous les autres partis poursuivront les leurs, le Parti québécois s’opposant même à la mise en berne du drapeau.

« Ce qu’elle a fait depuis 70 ans, c’est quand même exceptionnel dans des moments qui étaient parfois durs et je pense qu’on lui doit, comme respect au moins, de marquer le reste de la journée », a déclaré le chef de la Coalition avenir Québec à Tadoussac, sur la Côte-Nord.

François Legault y avait prévu une annonce cet après-midi qui a donc été annulée. Il n’ira pas non plus à un rassemblement militant dans une microbrasserie de la municipalité de Côte-de-Beaupré. Sa tournée reprendra toutefois demain, a-t-il précisé.

« C’était une femme qui avait le sens du devoir public, elle a soutenu, son peuple, dans des moments qui étaient durs. La reine Élisabeth II a marqué les esprits par sa force, par son calme aussi. Elle était aux premières loges des grands évènements du 20siècle », avait-il dit auparavant, en précisant que le drapeau du Québec serait mis en berne sur tous les édifices publics.

Peu après, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a lancé un pavé dans la marre en s’opposant à la mise en berne du drapeau tout juste annoncé par François Legault.

« Bien que j’offre aussi mes condoléances à la famille, je m’oppose à ce que la nation québécoise mette son drapeau en berne. François Legault ne devrait pas traiter la reine d’Angleterre en chef de l’état québécois ni donner de crédibilité à un régime colonial britannique illégitime au Québec », a-t-il affirmé, dans un gazouillis.

« Une connaissance minimale de notre histoire et un respect de base pour notre devise “Je me souviens” devraient nous amener à nous abstenir de mettre notre drapeau québécois en berne, tout en étant très respectueux pour la famille et le peuple anglais qui vit un deuil », a-t-il poursuivi.

Anglade offre ses sympathies

De son côté, la cheffe libérale Dominique Anglade a offert « toutes (ses) sympathies et toutes (ses) condoléances » à la famille de la reine et au peuple britannique au cours d’une brève mêlée de presse jeudi après-midi, lors de son passage dans sa circonscription de Saint-Henri-Sainte-Annne.

« Avec le décès de la reine Élisabeth II, c’est toute une page d’histoire qui se tourne. Élisabeth II aura dédié sa vie au service public. Elle aura traversé plusieurs moments charnières de toute notre époque. Elle l’aura fait toujours avec une très grande dignité », a-t-elle affirmé. Mme Anglade a ajouté que la reine aura été « une figure marquante », « une femme qui a précédé son temps ».

Questionnée pour savoir si le Québec doit souligner son décès d’une manière particulière, elle s’est contentée de répondre que « l’on doit souligner sa contribution, le fait que c’est une vie dédiée au service public ».

Dominique Anglade ne met pas sur pause sa campagne. Elle avait déjà prévu terminer la journée plus tôt en raison de l’anniversaire de sa fille Clara. « Nous terminons aujourd’hui à 15 h 30 et nous reprendrons (la campagne) demain », vendredi, a-t-elle dit. Après la mêlée de presse de deux minutes, elle a ainsi pris un bain de foule au Marché Atwater.

QS ne prendra pas de pause

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a aussi réagi en après-midi.

« C’est une page d’histoire qui se tourne. Je vais offrir mes condoléances à la famille royale britannique, au peuple d’Angleterre. C’est un moment important du XX et du XXIe siècle. Je souhaite que le deuil des gens endeuillés soit le plus paisible possible », a-t-il dit.

« On a décidé que notre campagne continue. C’est un moment qui est historiquement important, et en tout respect le quotidien des Québécois et des Québécoises peut néanmoins continuer et que nos débats politiques au Québec peuvent continuer », a toutefois nuancé M. Nadeau-Dubois, jugeant que l’influence de la reine d’Angleterre « est surtout symbolique ».

« Je pense qu’au Québec, on devrait avoir, le plus tôt possible, un système politique différent, plus démocratique où il n’y a pas de monarchie », a aussi évoqué le solidaire.

Malvenu de débattre, dit Duhaime

Le chef conservateur, Éric Duhaime, poursuit aussi sa campagne aujourd’hui. Il doit tenir une rencontre avec l’Union des producteurs agricoles (UPA) en après-midi, mais pas de rassemblement partisan en soirée. « C’est une journée très triste pour tout le monde, a toutefois offert M. Duhaime. C’est historique aussi, c’est le chef d’État qui a été le plus longtemps sur le trône. C’était une femme qui était posée, modérée. »

Rappelons que le Parti conservateur du Québec (PCQ) n’a pas de position officielle sur la monarchie. Éric Duhaime estime que de faire ce débat maintenant serait malvenu. « Quand quelqu’un vient de mourir, je pense que ce n’est pas le temps de commencer à penser de changer les structures. Je n’ai jamais été un grand monarchiste. Cela étant dit, j’ai quand même du respect pour les institutions », a-t-il dit.

Avec Hugo Pilon-Larose, Tommy Chouinard, Charles Lecavalier, Fanny Lévesque et Mylène Crête, La Presse