(Carleton-sur-Mer, Saint-Fabien) Le Parti québécois n’a pas tenu de grands rassemblements militants lors de sa tournée en Gaspésie, pourtant l’un de ses derniers bastions. Paul St-Pierre Plamondon se défend de ne pas attirer les foules. Il dit avoir choisi de s’arrêter dans « des villes moins grandes » en assumant que les évènements seraient plus modestes.

Ils étaient une soixantaine de militants, selon le décompte de La Presse, réunis dans une grande salle de la maison des jeunes de Grande-Rivière pour venir entendre le chef péquiste de passage dans la région, mardi soir. « Ça me fait tellement chaud au cœur de vous voir aussi nombreux », a lancé émue la députée sortante de Gaspé, Méganne Perry Melançon.

Il s’agissait du seul évènement militant au programme de la tournée en Gaspésie, qui s’est amorcée dans les faits mardi matin avec une annonce à Sainte-Anne-des-Monts, dans la circonscription de Gaspé. Mercredi, la journée se termine à Québec, après un arrêt à Saint-Fabien dans Rimouski.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

La députée péquiste Méganne Perry Melançon

Paul St-Pierre Plamondon ne s’est adonné à aucun bain de foule pendant son passage en terres péquistes. Le chef a bien visité une entreprise de conception navale à New Port, en compagnie de son candidat dans Bonaventure, Alexis Deschênes et de Méganne Perry Mélançon, mais y est resté moins d’une demi-heure.

« On a maximisé le temps qu’on avait, on ne pouvait pas rentrer plus d’activités dans l’horaire qu’on avait », a-t-il soutenu, mardi à Saint-Fabien.

Pourquoi ne pas avoir misé sur une démonstration de force dans une région où les forces péquistes sont encore vives ? « Avoir une soirée où on est dans une plus petite ville pour reprendre avec de grandes villes […] c’est un choix qu’on fait et qu’on assume complètement », a expliqué en matinée le chef péquiste en marge d’une annonce, à Carleton-sur-Mer (Bonaventure).

« Il y avait 80 [personnes] et on était à Grande-Rivière, qui n’est pas un grand centre. Donc, quand on fait ce choix et on a fait ce choix-là aussi à Sainte-Anne-des-Monts, on fait une campagne qui est à l’écoute des besoins spécifiques des villes moins grandes. […] C’est très bien accueilli, je crois », a-t-il ajouté.

L’entourage de M. St-Pierre Plamondon a par la suite tenu à préciser que l’évènement de Grande-Rivière était « une rencontre avec les militants » comme indiqué selon l’horaire et non un rassemblement militant.

À Sainte-Anne-des-Monts, Paul St-Pierre Plamondon a promis de se désigner ministre responsable de la Gaspésie – Les-Îles-de-la-Madeleine s’il devient premier ministre. Un signal clair de sa grande séduction dans la région qui a vu naître René Lévesque et où les racines péquistes sont profondes.

Encore là, aucun arrêt officiel dans des lieux fréquentés.

Coup de départ à Rimouski

Le coup d’envoi de cette tournée dans l’Est a été donné dans la convoitée Rimouski laissée vacante par Harold LeBel, élu sous la bannière péquiste et qui a terminé son mandat comme indépendant. C’est son ancien attaché politique qui croise le fer pour garder le comté dans le giron du PQ, Samuel Ouellet.

À la Taverne 666, sur Saint-Germain, le député sortant de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a chauffé les militants — au moins 160 — qui s’étaient déplacés pour soutenir la recrue Ouellet. M. Bérubé y est allé d’un hommage senti à l’endroit de son chef, qui lui a d’ailleurs tiré quelques larmes.

L’ambiance était bonne et les militants énergiques : la caravane du Parti québécois débarquait en terrain connu. L’organisation péquiste n’a pas permis de retrouver cette énergie en Gaspésie.

Paul St-Pierre-Plamondon ne s’en inquiète pas : « Quand même, un 80 personnes dans une ville de 3000, 4000 personnes, c’est excellent », a-t-il justifié en faisant référence à l’évènement de Grande-Rivière. « C’est le type de campagne qu’on veut mener. C’est-à-dire, des fois on est dans de grands centres, il y a des foules de 200, 300 personnes et des fois, on choisit des villages, des villes plus petites. »

Depuis le début de la campagne, les rassemblements de Sainte-Julie et Saint-Jérôme ont attiré au moins 200 personnes.

Pas de campagne défensive

Toute la péninsule gaspésienne, incluant les Îles-de-la-Madeleine, ainsi que la circonscription de Rimouski ont été peints en bleu en 2018. C’est l’un des derniers bastions du Parti québécois et les efforts pour le conserver sont considérables. Pascal Bérubé, un ténor de la formation, fait campagne aux côtés de l’équipe de candidats depuis plusieurs semaines déjà.

Par ailleurs, aucun évènement n’a été organisé dans Matane-Matapédia où Pascal Bérubé règne en maître depuis 2007. Un sondage Léger commandé par le PQ en mai a révélé que 92 % de ses concitoyens étaient satisfaits de son travail. Selon le site de projection Qc125, la Coalition avenir Québec chauffe le Parti québécois partout dans l’Est, sauf dans Matane-Matapédia.

Paul St-Pierre Plamondon, qui aura donc fait des arrêts dans Gaspé, Bonaventure et Rimouski (deux fois en trois jours) se défend de mener une campagne défensive dans l’Est. Il a rappelé mercredi qu’il y a encore quelques jours, il était en Outaouais, une région loin d’être traditionnellement acquise au Parti québécois.

Il n’exclut pas de revenir en Gaspésie d’ici la fin de la campagne. Il doit aussi se rendre sur la Côte-Nord où les deux députés péquistes sortants, Martin Ouellet (René-Lévesque) et Lorraine Richard (Duplessis), ne sont pas sur les rangs.