(La Pêche) François Legault concède que le poids démographique du Québec au Canada pourrait diminuer au cours des prochaines années dans le contexte où la Coalition avenir Québec (CAQ) promet de limiter à 50 000 le nombre annuel d’immigrants que la province accueille.

Selon le chef caquiste, augmenter le seuil d’immigration à plus de 50 000 dépasserait la « capacité d’accueil » du Québec. Il n’existe à ce jour aucune étude qui a mesuré ce seuil. M. Legault estime également que la position libérale, qui est d’établir ce seuil à 70 000 immigrants, ou celle de Québec solidaire, qui souhaiterait en accueillir entre 60 000 et 80 000, pourraient accélérer le déclin du français.

« J’aurais une question pour [Gabriel Nadeau-Dubois] : comment va-t-il arrêter le déclin du français avec 80 000 immigrants par année ? Je serais bien curieux d’entendre sa réponse, à moins qu’il nous dise que ce n’est pas important pour lui le déclin du français », a déclaré M. Legault lundi.

Le chef parlementaire de Québec solidaire a rapidement répliqué. « La différence entre M. Legault et moi c’est que lui il pointe du doigt et moi j’ouvre les bras », a-t-il dit.

« Moi, je pense que l’immigration peut fonctionner au Québec si on fait ça comme du monde. Si on accueille les gens, si on a des ressources pour que les gens s’installent dans toutes les belles régions du Québec. Si on fait le travail pour qu’il y ait de la francisation en milieu de travail. L’immigration c’est une richesse, et vous ne m’entendrez jamais casser du sucre sur le dos des immigrants », a-t-il ajouté.

Pénurie de main-d’œuvre 

François Legault balaie également du revers de la main les demandes répétées des groupes économiques pour que le Québec augmente le nombre d’immigrants qu’il accueille afin de répondre aux enjeux de pénurie de main-d’œuvre. La CAQ préfère à ce sujet miser sur la requalification des employés qui travaillent dans des secteurs en perte de vitesse plutôt que de hausser le seuil d’immigration.

« On est capable de régler une grande partie du problème avec les Québécois qui sont ici aujourd’hui. […] « Il va falloir voir un arrêt du déclin du français avant de se reposer la question », a-t-il dit. Selon le chef caquiste, le seuil proposé par le Parti québécois, à 35 000, est cependant trop bas et il nuirait à la croissance économique.

M. Legault a par la suite cité des pays qui l’inspirent et qui montrent selon lui qu’il est possible de créer de la richesse sans augmenter l’immigration, contrairement à ce que souhaite faire le gouvernement canadien au cours des prochaines années.

« La Suisse, petit pays extraordinairement riche, extraordinairement dynamique. Prenez les pays scandinaves, petits pays extrêmement riches, extrêmement dynamiques. Être gros, ça peut effectivement être beau, mais ce qui est important, c’est d’avoir une qualité de vie pour les personnes qui habitent au Québec », a plaidé le chef de la CAQ.

« Ce n’est pas un objectif en soi de monter à 10 millions, 20 millions, 30 millions de personnes au Québec. On est 8,6 millions d’habitants, je pense que c’est une taille quand même qui permet d’offrir des services de qualité », a-t-il ajouté.

Poids du Québec au Canada 

Malgré tout, si Ottawa choisit d’aller de l’avant en accélérant comme il entend le faire le nombre d’immigrants qui viennent s’établir chaque année au pays, le poids démographique du Québec diminuera dans la fédération canadienne au profit des autres provinces qui accueilleront ces nouvelles familles.

François Legault a affirmé lundi qu’il acceptait ce fait au nom de la protection du français. Pourquoi le gouvernement fédéral accorderait-il alors une attention particulière aux demandes du Québec, si son poids au sein de la Chambre des communes diminue ?

« Parce que le Québec, c’est une nation. On a parlé longtemps d’être une société distincte, on est un des peuples fondateurs et je pense que oui, on doit garder un certain poids à la Chambre des communes et on doit respecter le fait que le Québec est une nation qui a besoin de certains pouvoirs, par exemple en immigration, par exemple en matière de langue », a répondu François Legault.

Avec Charles Lecavalier, La Presse

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