(Gatineau) Dominique Anglade tient la Coalition avenir Québec (CAQ) responsable d’un « recul pour les femmes » au cours des quatre dernières années en raison du manque de places dans les services de garde. La cheffe libérale s’engage à enchâsser dans une loi le droit pour tout enfant d’avoir une place à 8,70 $ par jour et promet de créer plus de places que la CAQ.

Ce droit serait effectif d’ici cinq ans, le temps de concrétiser les 52 000 places nécessaires et de convertir les garderies privées non subventionnées, selon ses explications. Elle accuse la CAQ de dire n’importe quoi sur le nombre de places manquantes et de sous-estimer les besoins.

« Ce n’est pas aux parents de chercher une place en service de garde, c’est à nous de la leur fournir », a affirmé Dominique Anglade en conférence de presse jeudi. « Ce qu’on veut, c’est que ce qui se produit dans nos écoles, un accès pour tout le monde parce que c’est un droit d’être à l’école, soit la même chose dans nos services de garde. »

Elle a fait son annonce à Gatineau, dans la région de l’Outaouais dont le ministre de la Famille Mathieu Lacombe est responsable. La CAQ a ravi aux libéraux trois des cinq circonscriptions de l’Outaouais en 2018.

Le gouvernement Legault a lancé un chantier pour « compléter le réseau » et créer 37 000 places d’ici 2025.

Pour Dominique Anglade, « il faut faire plus ». « Il faut ajouter 15 000 places additionnelles pour compléter le tout », a-t-elle dit. Elle a signalé que 52 000 enfants se trouvent sur la liste d’attente. La cheffe libérale a répondu par l’affirmative quand on lui a demandé si la CAQ dit n’importe quoi sur le nombre de places manquantes.

Elle a d’ailleurs observé que le ministère de la Famille vient de changer le dénombrement des enfants sur la liste d’attente. « Pendant l’élection, la liste change », passant de 52 000 à 34 000 enfants, « parce qu’on a enlevé ceux qui ont moins de neuf mois », a-t-elle déploré, soulignant qu’un poupon de sept mois, comme celui qu’elle a croisé lors de la visite du CPE, a aussi besoin d’une place.

Il y avait 42 000 enfants sur la liste d’attente en 2018. Le gouvernement Legault n’est pas arrivé à créer toutes les nouvelles places qu’il avait promises en début de mandat. Il y a même moins de places dans le réseau aujourd’hui qu’il y a quatre ans, selon les plus récentes données du ministère de la Famille. C’est notamment en raison de la pénurie de main-d’œuvre, des délais pour ouvrir de nouvelles places, de la fermeture de services de garde en milieu familial et des effets de la pandémie.

Au cours des quatre dernières années, « il y a eu un recul complet sur la question des services de garde. Et plus que ça, je vous dirais aussi un recul pour les femmes. Parce qu’il y a eu nombre de femmes qui ont voulu retourner sur le marché du travail qui n’étaient pas capables de le faire » en raison du manque de places, a soutenu Dominique Anglade.

Pour trouver des éducatrices, un gouvernement libéral augmenterait les salaires et créerait une échelle salariale distincte pour celles qui ont une formation technique ou universitaire.

Elle tient d’ailleurs François Legault responsable, plus largement, de « la pénurie de main-d’œuvre telle qu’on la connaît et qui s’est accentuée » parce qu’il n’a « rien fait pendant quatre ans ». « Que la pénurie de main-d’œuvre existe depuis un certain temps, il n’y a aucun doute, Qu’un premier ministre ne soit pas capable de la reconnaître et de la nommer, c’est ce qui fait qu’on empirer la situation jour après jour. »

Dominique Anglade veut également convertir en places à 8,70 $ par jour les 68 000 places existantes dans les garderies privées non subventionnées. Il y aurait des négociations avec ces services de garde pour réaliser l’opération.

Le tarif quotidien imposé aux parents serait indexé comme c’est le cas en ce moment sous un gouvernement libéral.

Dominique Anglade chiffre sa promesse à 1,3 milliard de dollars par année-sans compter des coûts de construction de 420 millions. Elle utiliserait le transfert de six milliards en cinq ans en provenance d’Ottawa, selon l’entente conclue avec Québec l’an dernier.

Quant à la maternelle 4 ans, Dominique Anglade ne va « pas remettre en question ce qui existe actuellement », laissant entendre que le nombre de classes resterait le même qu’en ce moment soit environ 1600.

Dominique Anglade n’a tenu aucun rassemblement militant lors de son passage à Gatineau jeudi et vendredi. Le Parti libéral a pour tradition d’en organiser un dans la région de l’Outaouais – comme on l’avait vu en 2018 au Moulin de Wakefield, par exemple, où il y avait eu une centaine de personnes. Questionné à ce propos, la cheffe libérale a expliqué qu’elle a fait le choix d’avoir un « souper d’équipe » jeudi soir et qu’elle reviendra en Outaouais au cours de la campagne. Les rassemblements militants ont été très modestes jusqu’ici.

Si on ne faisait que des rassemblements et qu’on n’allait pas à la rencontre d’autres personnes, on ne ferait pas notre travail.

Dominique Anglade, cheffe du PLQ

Pour la députée sortante et candidate dans Hull, Maryse Gaudreault, « le militantisme a changé au cours des années. Il fut une époque où rassembler 250 personnes, on pouvait le faire comme ça, et il n’y avait même pas de réseaux sociaux, on le faisait par téléphone. Aujourd’hui, les gens nous font des « j’aime », les gens nos envoient des messages par Facebook, nous appuient et tout, et ne sont pas nécessairement prêts à venir se déplacer pour venir le démontrer ».

Le député sortant et candidat dans Pontiac, André Fortin, croit que le parti doit « élargir (sa) base ». « Si on parle juste aux militants libéraux, on a un problème », a-t-il dit. « On veut attirer plus de gens à notre formation politique » et concentrer les efforts à cette fin. Il se dit « certain » qu’il y aura un rassemblement militant lors du prochain passage de Dominique Anglade en Outaouais.

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