Le député caquiste de Chauveau, Sylvain Lévesque, dont l’affiche électorale couverte de sang a été publiée en ligne jeudi, dit n’avoir eu d’autre choix que de porter plainte à la police. Il affirme l’avoir fait pour sa sécurité, celle de ses proches, mais aussi pour « venir en aide » à l’auteur de ces images menaçantes.

« Je suis criminologue de formation, donc les signes de violence, je les connais bien. Et je sais que c’est une spirale qui peut commencer de façon banale, mais qui peut s’accélérer rapidement. C’est un signe avant-coureur que je ne pouvais pas accepter », a expliqué M. Lévesque en entrevue avec La Presse.

Plus tôt jeudi, sur Twitter, il avait annoncé avoir porté plainte au poste de police. « Ce genre de publication est inacceptable. On peut être contre des idées, mais la violence et l’intimidation ne seront jamais tolérées. Malgré ça, rien ne m’empêchera d’aller à la rencontre des citoyens de Chauveau », a-t-il écrit.

CAPTURE D’ÉCRAN DE TWITTER

Une affiche électorale du député caquiste Sylvain Lévesque couverte de sang a été publiée en ligne jeudi par un internaute.

L’élu jure qu’il ne souhaite pas que l’individu l’ayant menacé, qui se fait appeler Klodo Paquette, soit « criminalisé », mais plutôt « qu’on lui envoie le message que ce n’est pas acceptable, et qu’on lui envoie de l’aide ». L’auteur de cette image a d’ailleurs reproduit des affiches électorales pleines de sang de plusieurs autres élus et candidats caquistes, dont le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

Au moins trois autres candidats caquistes, soit Youri Chassin, Mario Asselin et Isabelle Lecours, ont été visés par l’internaute, qui dit habiter la région de Lanaudière. Toutes les images ont été diffusées le 31 août. L’utilisateur a créé son compte en avril, mais multiplie les publications depuis quelques semaines. Il en a diffusé 500 depuis la mi-juillet.

Le jour où j’aurai peur pour ma vie, j’arrêterai de faire de la politique.

Sylvain Lévesque, député caquiste sortant de Chauveau

« Je ne suis pas venu en politique pour me faire descendre », a poursuivi M. Lévesque.

Avant le début de la campagne électorale, M. Lévesque avait été la cible de menaces de mort deux fois, au cours de la pandémie. Il avait là aussi déposé des plaintes à la police, a-t-il révélé en conférence de presse jeudi.

Tous ses employés en télétravail

Parce qu’il ne « souhaite pas prendre la chance que quelqu’un s’en prenne physiquement à l’un de [s]es collègues », M. Lévesque affirme avoir demandé à tous les employés de son bureau de circonscription de télétravailler jusqu’à la fin de la campagne électorale, minimalement.

« Je ne prendrai pas de risque. Du sang, c’est pour moi une incitation directe à la haine », a-t-il lancé d’un trait en entrevue, en appelant à son tour les élus à « tout faire pour conserver un climat sain ».

Derrière son alias, Klodo Paquette est probablement « quelqu’un de malheureux, de triste », regrette le candidat à sa réélection. « Je souhaite sincèrement qu’il s’en sorte. En attendant, le climat, on doit le changer. En politique, nous sommes des adversaires, mais nous ne sommes pas en guerre. Nous avons tous un but commun : représenter les Québécois, point final », conclut M. Lévesque.

La veille, mercredi, la députée libérale Marwah Rizqy avait révélé avoir été menacée de mort au cours des derniers jours. Enrico Ciccone, un autre libéral, a par ailleurs vu son bureau de circonscription cambriolé et vandalisé dans la nuit de mardi à mercredi. Le premier ministre François Legault a lancé jeudi un appel au calme, implorant les citoyens à ne pas « attiser la colère ».