(Gatineau) Le Parti québécois promet 3 milliards par année pour augmenter l’offre de soins à domicile au Québec. La façon pour y arriver en pleine pénurie de personnel demeure vague. Mais, le plan péquiste ne relève pas de la pensée magique, s’est défendu Paul St-Pierre Plamondon.

Le chef Paul St-Pierre Plamondon a présenté vendredi un premier engagement en matière d’aînés en promettant de « tripler l’offre » actuelle de soins à domicile. Un gouvernement du Parti québécois investirait 3 milliards par année pour soigner les aînés à la maison, de sorte que d’ici cinq ans, la moitié des sommes allouées aux soins de longue durée serait injectée dans les soins à domicile.

« L’idée ici, c’est de dépenser pour inverser un modèle qui n’est pas viable financièrement, celui du béton », a expliqué M. St-Pierre Plamondon devant le chantier de construction de la maison des aînés de Gatineau. Le Parti québécois abandonnerait d’ailleurs ce modèle en freinant les projets de maisons des aînés encore dans les cartons. Seules celles dont la construction est amorcée seraient complétées.

Québec doit livrer 33 des 46 maisons des aînés et alternatives promises en 2018 d’ici la fin de l’année. Les autres constructions doivent l’être au cours de l’année 2023. Le Parti québécois renoncerait à la conversion des CHSLD en maisons des aînés. Les sommes éventuellement prévues dans ces projets (à l’étape de planification dans le Plan québécois des infrastructures) pourraient être plutôt réinvesties dans les CHSLD.

Paul St-Pierre Plamondon estime que ce virage vers les soins à domicile « donnerait de l’air » aux hôpitaux et même permettrait d’améliorer les conditions de travail des soignantes.

Mais à ce sujet, où trouvera-t-on le personnel pour tripler l’offre de soins à domicile ? À cette question, le chef péquiste a eu du mal à clarifier sa pensée. Il s’est défendu de rêver en couleurs dans le contexte grave de pénurie de main-d’œuvre qui affecte le secteur de la santé et des services sociaux.

Pourquoi on me dirait ça, s’il y a bon nombre de pays européens qui, non seulement réussissent, mais qui ont considéré que c’était absolument obligatoire comme virage ?

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Il estime que son approche ne se traduirait pas par l’ajout de personnel. « [L’approche des soins à domicile] permet de prodiguer plus de soins avec le même nombre de personnes »

« Il y a d’autres professionnels de la santé qui peuvent contribuer à prodiguer des soins, mais en ce moment, on ne les fait pas participer donc en élargissant le nombre de personnes à qui on donne le droit d’aider nos aînés, de prodiguer des soins, on n’a plus de personnes qui contribuent », a-t-il résumé se référant à quelques reprises à sa candidate dans Hull, Camille Pellerin Forget, une physiothérapeute du CISSS de l’Outaouais.

Celle-ci a contribué à l’élaboration du plan santé du Parti québécois, présenté en juin. En mai dernier, le PQ avait par ailleurs présenté ses visées de tripler l’offre de soins à domicile.

Mme Camille Pellerin Forget a expliqué en conférence de presse que la clé pour augmenter les soins réside dans le décloisonnement des professions. Elle a donné l’exemple d’un physiothérapeute qui pourrait prescrire une radiographie à un aîné qui a chuté, ce qui éviterait au médecin de poser l’acte. Le PQ veut aussi maximiser l’apport des Entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EESAD).

Hausse du financement

Le Parti québécois promet d’investir 3 milliards par année dans les soins à domicile. Il s’agit « d’un choix budgétaire » qui sera détaillé dans le cadre financier de la formation.

Les dépenses en santé et services sociaux en soins à domicile atteindront 2 milliards en 2022-2023, selon les chiffres du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le budget alloué aux soins à domicile est en hausse de 16,8 % comparé à 2018-2019. Le gouvernement Legault se targue d’avoir amorcé un réel virage vers les soins à domicile en investissant des « sommes historiques ».

Quelque 17 521 Québécois sont en attente d’un premier service en matière de soins à domicile, selon le MSSS.

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