(New Richmond, Gaspésie) En pleine campagne électorale, Québec solidaire baisse le ton face à la cimenterie McInnis lors de sa grande tournée gaspésienne et propose d’accompagner l’entreprise plutôt que de la menacer de fermeture.

« On va dévoiler dimanche notre plan climat, et il y aura des mesures d’une part pour stimuler les secteurs de l’économie qui sont des secteurs d’avenir dans le cadre de la transition écologique ; mais il y aura aussi des mesures pour accompagner les secteurs vulnérables de notre économie », a affirmé jeudi le chef parlementaire de Québec solidaire.

En pleine tournée de la péninsule gaspésienne, difficile d’éviter le sujet de la cimenterie McInnis, qui est devenue le plus gros pollueur industriel du Québec. Et M. Nadeau-Dubois place l’entreprise, qui a bénéficié de centaines de millions de dollars de soutien public, dans la deuxième catégorie.

La cimenterie McInnis fait partie des secteurs qui sont vulnérables dans un contexte de transition écologique. On va accompagner ces industries.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

En 2021, la députée de Mercier, Ruba Ghazal, était beaucoup plus dure à l’endroit de Ciment McInnis. « Je veux dire, on l’a vu avec la pandémie, [le gouvernement] fait toutes sortes de choses par décret. C’est quoi, les pouvoirs du gouvernement pour pouvoir arrêter ce massacre-là, cette pollution-là ? », demandait-elle en point de presse à l’Assemblée nationale.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La députée solidaire Ruba Ghazal

« Il faut qu’il y ait des incitatifs fiscaux financiers pour que ça coûte vraiment tellement cher que ça ne vaut pas la peine de faire des affaires et de continuer à opérer cette usine-là, puisqu’il va y avoir des frais pour la bourse du carbone », ajoutait-elle.

Accélérer les efforts

En après-midi, M. Nadeau-Dubois a rétorqué qu’au fond, Mme Ghazal disait un peu la même chose que lui.

On n’a jamais menacé McInnis de fermeture. Mais dans le cadre de la transition énergétique, il y a des secteurs qui sont plus vulnérables.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

« Nous, on ne va pas proposer de fermer des industries. Je pense que Ruba et moi, on dit la même chose dans des mots différents. On ne va pas proposer de mettre la clé dans la porte d’industries. Mais on va responsabiliser les grands pollueurs au Québec », a-t-il ajouté.

D’un côté, Québec solidaire compte demander à ces entreprises d’« accélérer leurs efforts pour réduire leurs émissions de GES », alors que le parti promet que le Québec pourra atteindre une cible de réduction de 55 % par rapport à 1990 d’ici 2030. Mais d’un autre côté, il souhaite les « accompagner sur le plan technologique ».

Le chef parlementaire de Québec solidaire a bien précisé qu’il n’est pas « question de refiler la facture aux travailleurs » et qu’il y aura des mesures « pour accompagner ces gens pour que la transition soit juste socialement et régionalement ». « Il n’est pas question que certaines régions paient plus cher », a dit M. Nadeau-Dubois. QS prévoira également un accompagnement « de requalification des travailleurs et travailleuses ».

Le plan climat du parti de gauche sera présenté dimanche, mais certains éléments sont déjà « publics », a dit M. Nadeau-Dubois, notamment un marché du carbone « plus exigeant », qui fera payer davantage les grands pollueurs. Reste à savoir si des entreprises fermeront boutique, incapables de faire des profits en raison du prix du carbone trop élevé, comme l’espérait Mme Ghazal.

S’il y a des turbulences économiques liées à la transition écologique, on n’abandonnera personne.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

M. Nadeau-Dubois a donné comme exemple les travailleurs des raffineries, dont les emplois seraient « vulnérables » dans une économie « sans pétrole et sans gaz ».

« Si la transition écologique occasionne des changements technologiques, il faut que les travailleurs et travailleuses touchés soient requalifiés pour garder leur emploi. Si jamais les gens perdent leur emploi, il faut qu’ils soient accompagnés pour se replacer dans un secteur d’avenir. Bref, c’est une vision générale sur ces enjeux-là, pas nécessairement un plan de match sur la cimenterie », a également précisé Simone Lirette, l’attachée de presse de M. Nadeau-Dubois, dans un échange écrit.

Abonnez-vous à l’infolettre Le bulletin électoral